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Pour un 8 mars de lutte !

Première rencontre nationale pour un féminisme contre toutes les oppressions et l’exploitation !

Près de 300 militant.es, représentant une centaine d’organisations féministes, se sont réunies à Rennes pour la première rencontre de la Coordination Féministe, marquant le renouveau d’un féminisme anti-capitaliste, anti-raciste et contre les LGBTI-phobies.

Anna Ky

25 janvier 2022

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Les 22 et 23 janvier 2022 se réunissaient à Rennes près d’une centaine d’organisations, associations et collectifs de luttes pour le droit des femmes et des personnes LGBTI, à l’initiative de la Coordination Féministe.

Cette coordination est née durant le premier confinement, et son premier fait d’arme a été de réunir un ensemble d’organisations féministes dans un appel à se mobiliser le 8 septembre 2020 contre le « remaniement de honte », plaçant Darmanin et Dupond-Moretti au gouvernement, « un violeur à l’intérieur et un complice à la justice ». Ce premier texte de la Coordination Féministe se terminait par un appel à « construire une société juste : féministe, anticapitaliste et antiraciste ! »

Par la suite, le nombre d’organisations participant aux différentes réunions de la Coordination – réunions en visio-conférence en raison des restrictions sanitaires et de l’éloignement géographique – a varié en fonction des périodes, mais les différents appels issus de la Coordination Féministe à se mobiliser le 8 mars et le 25 novembre notamment ont rencontré un succès croissant.

Le renouveau d’un féminisme de lutte en France

Les rencontres de ce week-end de janvier 2022 ont donc marqué une concrétisation importante de cette Coordination, après plus de deux ans d’existence essentiellement virtuelle, permettant aux membres des différentes organisations qui la composent de se rencontrer pour la première fois et de déterminer les premiers jalons d’un féminisme résolument anticapitaliste, anti-raciste et contre les LGBTI-phobies. Un féminisme de combat, qui refuse la cooptation et l’instrumentalisation de nos luttes et notre colère par l’État et ses institutions, qui refuse de déléguer à qui que ce soit le combat pour notre émancipation, contre un système capitaliste patriarcal et raciste. Un féminisme inclusif, qui se délimite clairement des courants niant le droit à l’auto-organisation de toutes les femmes opprimées et exploitées.

Un féminisme aux antipodes des courants TERF qui refusent de se solidariser avec les personnes trans, qui s’oppose aux « féministes » identitaires qui refusent de penser le racisme et l’islamophobie comme des oppressions à combattre, ou encore aux courants qui prétendent émanciper les travailleur.ses du sexe en refusant de lutter à leurs côtés et qui les poussent dans une précarité toujours croissante.

En effet, parmi les organisations présentes à Rennes, on comptait plusieurs organisations transféministes (T-Time, Clar-T et Transat, ainsi que des membres de XY Média venu couvrir l’évènement), des associations membres de la Fédération Parapluie Rouge qui lutte pour et avec les travailleur.ses du sexe, ainsi que des militantes féministes mobilisées contre l’islamophobie à l’instar de l’équipe de foot des Dégommeuses, menant campagne avec les Hijabeuses pour le droit pour toutes de jouer au foot, contre l’interdiction du port du voile par les fédérations sportives. À leurs côtés, de nombreux collectifs féministes révolutionnaires et lutte de classe, dont Du Pain et des Roses, impulsé par des militantes de Révolution Permanente, des Assemblées féministes comme celle de Montreuil et Toutes en grève à Toulouse, des groupes de colleur.ses, de la Confédération Paysanne, des sections de Nous Toutes qui ne se reconnaissent pas dans la ligne dictée par Caroline de Haas et refusent de se cantonner à une sorte de « lobby féministe » pour faire pression sur le gouvernement, et bien d’autres organisations encore.

Pour un 8 mars de lutte, qui mette à l’honneur les « premières de corvées »

« Il y avait des camarades d’un peu partout, certaines beaucoup plus formées que moi sur certains sujets, explique une militante de Nous Toutes 35, qui hébergeait la rencontre. Ça m’a beaucoup apporté, ça m’ouvre des perspectives. Tout le monde avait envie de travailler ensemble ! »

La première matinée a été consacrée à des discussions en petits groupes sur des sujets divers, allant du féminisme antiraciste à la lutte contre la transphobie, passant par des débats sur la dimension révolutionnaire des combats féministes ou encore le lien entre syndicalisme et féminisme.

Le reste des échanges s’est plus centralement articulé autour des deux grandes questions qui animaient la rencontre : la lutte contre l’extrême-droite et ses idées, et l’organisation d’un 8 mars de combat qui mette à l’honneur les femmes et minorités de genre qui se sont retrouvées en première ligne face à la crise sanitaire, économique et sociale de ces dernières années.

Ces discussions se sont concrétisées par une conférence de presse organisée à la fin du week-end, à l’occasion de laquelle la Coordination Féministe a pu désigner neuf porte-paroles qui ont clôturé ce week-end en lisant l’appel rédigé collectivement et qui se conclue ainsi :

« Nous débordons tou·tes d’enthousiasme, émues de l’ampleur de ces rencontres. Nous nous engageons à œuvrer dans les mois et l’année à venir pour développer les mouvements féministes, renforcer les alliances et solidarités entre les organisations et militant·e·s féministes aux luttes diverses. Nous appelons tous les collectifs et organisations féministes qui adhèrent à nos convictions à rejoindre la coordination féministe. Uni·es et fort·es, nous saurons avancer vers une société débarrassée du patriarcat et de toutes les formes d’oppression et d’exploitation. »

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Alors que ce type de rencontre existe dans certaines régions du monde depuis de nombreuses années, à l’instar de l’Amérique Latine et notamment l’Argentine où la première rencontre de femmes et minorités de genre date de mai 1986, il s’agit pour la France d’un évènement inédit au cours de ces dernières décennies, dans un contexte où le mouvement féministe y est historiquement très divisé, et peine à émerger et se consolider comme force politique indépendante depuis la deuxième vague datant des années 1970.

« Ce qui est vraiment cool, c’est toutes les alliances qui peuvent se mettre en place, témoignent des militantes de la Confédération Paysanne. Il y a un vrai regain du militantisme, à la fois en milieu agricole mais aussi dans le féminisme qui pour le moment reste assez cantonné au milieu urbain, et on voit qu’il y a des ponts qui commencent à se mettre en place, c’est très précieux et ça donne beaucoup d’espoir ! »

C’est pourquoi, malgré des discussions encore initiales, nous ne pouvons que nous réjouir de la renaissance d’un mouvement féministe en France, sur des bases d’indépendance vis-à-vis de l’État et ses institutions, ouvertement anti-capitaliste et anti-raciste, et qui prenne en compte l’ensemble des oppressions qui traversent notre classe !


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