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Préavis de grève au CHU de Bordeaux : les primes c’est insuffisant, il faut des moyens pour l’hôpital public !

SUD Santé Sociaux a déposé un préavis de grève “illimité” à partir du 22 mai au CHU de Pellegrin car la prime annoncée par le gouvernement ne suffira pas à cacher sa politique criminelle de gestion de la crise sanitaire qui a laissé les hospitaliers en première ligne sans matériel ni moyens.

Jahan Lutz

15 mai 2020

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Le gouvernement n’a jamais pris les mesures nécessaires pour résoudre la crise sanitaire, ni matériel suffisant pour les soignants ni campagne de tests massifs. Il a tant bien que mal tenté de constituer une « Union Nationale » qui s’est rapidement effritée quand les secteurs de la santé en première ligne ont refusé le titre de « héros de la nation » que la Porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a annoncé vouloir glorifier d’une « médaille d’engagement ».

Mais voilà la réalité : Macron avait annoncé donner 1,3 milliards d’euros aux personnels mobilisés face à la crise pendant qu’il donnait des cadeaux en centaines de milliards aux grands patrons. Ce 15 mai le décret pour les primes aux soignants est passé, de 500 à 1500€, elles seront accordées aux personnels ayant « exercé leurs fonctions de manière effective » dans les établissements publics de santé entre le 1er mars et le 30 avril 2020, précise le décret. Les hospitaliers des 40 départements les plus touchés par l’épidémie pourront bénéficier de la prime à 1500€ et les autres de 500€. D’autre part, les directions d’hôpitaux ont fermé de nombreux services durant la crise, des personnels n’ont donc pas été « effectifs » parce qu’on ne leur a pas accordé d’arrêt maladie quand ils étaient contaminés, mais encore les primes ne seront pas accordées à tous les contrats précaires qui ne sont pas directement employés par l’hôpital. Parmi ces départements figure également Mayotte à qui l’Etat français lâche quelques miettes alors que c’est directement à cause de sa domination impérialiste que la situation des DOM-TOM est plus que catastrophique.

La politique du gouvernement sera de plus en plus criminelle et c’est précisément pour cela que SUD Santé Sociaux a déposé un préavis de grève au CHU de Bordeaux.

Une des premières revendications est de rapidement avoir suffisamment de matériel sanitaire et de mettre en place une campagne de tests massifs pour tous les soignants, tous les travailleurs de l’hôpital et toute la population. Il est en ce sens inacceptable que des milliers d’hospitaliers et de travailleurs n’aient pas pu se mettre en arrêt travail quand ils étaient contaminés, il faut que ça leur soit reconnu.

Le décret note aussi que « le chef d’établissement peut relever le montant de la prime exceptionnelle à mille cinq cents euros pour les services ou agents impliqués dans la prise en charge de patients contaminés par le virus covid-19 ou mobilisés par les circonstances exceptionnelles d’exercice, induites par la gestion sanitaire de la pandémie dans les établissements situés dans les départements du second groupe  ». Ainsi SUD Santé exige que tous les travailleurs effectivement mobilisés en première ligne bénéficient de la prime à hauteur de 1500€. Mais en plus tous les travailleurs doivent intégralement être rémunérés de la période de crise et puisque les miettes sous forme de prime ne suffisent pas, le SMIC doit être augmenté à 1800€ net. Le préavis déclare fermement que tous les contractuels doivent être internalisés au régime de l’hôpital public.

La direction du CHU de Bordeaux, Yann Bubien à sa tête, répondra sûrement qu’elle n’a pas les fonds nécessaires pour satisfaire ces demandes et pourtant elle a récolté plus de 170 000€ par la cagnotte en ligne qu’elle a créé et c’est plus d’un million qui a été collecté de la même manière par les Directions des CHU de France. De surcroît le CHU de Bordeaux est le premier de France, en 2018 il était excédentaire de 400 000€ à la fin de l’année ! Les travailleurs doivent avoir un droit de regard absolument transparent et un contrôle sur l’ensemble des comptes de l’hôpital, sur ses commandes, ses stocks, sur les embauches, les créations de postes : les soignants, les hospitaliers en première ligne, connaissent mieux que quiconque l’hôpital et ses besoins, alors c’est à eux de l’organiser !

Gagner toutes ces revendications ne se fera pas dans les négociations des directions syndicales avec le gouvernement à Matignon, mais c’est par l’auto-organisation des bases autour d’une stratégie gagnante et par la grève que les hospitaliers établiront un rapport de force pour la lutte de tous les travailleurs.

On se donne rendez-vous dans les jours qui suivent pour soutenir les soignants en grève, à Bordeaux et ailleurs !


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