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Enquête sociologique au cœur de la haute fonction publique

Pour qui travaillent les hauts fonctionnaires de l’Etat ?

L’inspecteur des finances Emmanuel Macron, ancien banquier d’affaires chez Rothschild devenu ministre puis élu Président de la République : un cas qui ne fait pas exception à la règle à l'Inspection Generale des Finances (IGF), ce corps d'Etat qui a lourdement façonné la politique économique de la France ces 40 dernières années.

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L’inspection générale des finances (IGF) est un corps interministériel de l’Etat qui « exerce une mission générale de contrôle, d’audit, d’étude, de conseil et d’évaluation en matière administrative, économique et financière ». Les inspecteurs des finances sont donc au premier plan pour la conception, les réformes et le contrôle des politiques économiques de l’Etat.

C’est pourquoi l’enquête sociologique publiée par Bastamag nous intéresse. En retraçant le parcours des 333 inspecteurs des finances issus des quarante dernières promotions, Bastamag montre le plan de carrière typique d’un inspecteur des finances : des allers-retours entre Bercy et le secteur financier, en passant par les cabinets ministériels.

L’Inspection Générale des Finances recrute les énarques les mieux classés à leur sortie de l’école – comme Emmanuel Macron qui a rejoint le corps des inspecteurs de la finance à la sortie de l’ENA (Ecole nationale d’administration).
De 1976 à 2016, il y a eu 333 inspecteurs des finances. Sur les 333 inspecteurs recensés, plus de 55% travaillent ou ont travaillé dans le secteur privé. Et 34% (soit 115 d’entre eux) sont passés par le secteur bancaire à un moment donné de leur carrière. Autre chiffre révélateur : pour beaucoup d’entre eux, le départ vers le privé n’est pas définitif, puisque près de la moitié reviennent dans le secteur public après avoir travaillé dans le privé, multipliant les allers-retours. Ils sont également plus de 130 à avoir fait un passage dans un cabinet ministériel ou à exercer un mandat politique.

Dans ce corps qui a la conscience d’appartenir à une « élite » particulièrement restreinte, les attentes du milieu les poussent à ne pas rester dans le service de l’IGF au terme de leurs quatre années obligatoires, mais à occuper des postes à la hauteur des attentes du corps, notamment des postes d’influence et des postes hautement rémunérés dans le secteur privé. Un inspecteur évoque ainsi une pression « gentille, mais ferme » du corps de l’IGF, qui les « pousse dehors », sans leur laisser vraiment le choix. Avec une exigence : « ne pas déchoir ». C’est-à-dire ne pas occuper un poste en-dessous de son rang.

Dans la promotion de 2004 par exemple, celle d’Emmanuel Macron, ils sont quatre à quitter l’IGF pour le secteur bancaire : Sébastien Proto (Rothschild), Jean-Baptiste Nicolas (BNP-Paribas), Emmanuel Macron (Rothschild), Pierre-Alain Miche de Malleray (réassureur MutRé).

L’infographie publiée par Bastamag permet de visualiser les tendances collectives et même les parcours individuels et nominatifs des 333 derniers inspecteurs financiers.

Ces collisions d’intérêts entre public-privé est une preuve de plus du caractère profondément anti-démocratique de nos institutions. Car ce sont les même qui élaborent les réformes de notre politique économique, qui doivent contrôler le fonctionnement de nos institutions économiques et qui vendent leur service aux banques, sociétés d’assurance et autres grandes entreprises.

« On ne mord pas la main qui nous donnera à manger demain ! Est-il possible de participer sereinement, au sein de la direction du Budget ou du Trésor, à la rédaction des futures régulations du secteur financier, quand on sait que l’on ira ensuite travailler pour celui-ci ? Est-il possible de conseiller un ministre des Finances en toute impartialité quand on a travaillé juste avant pour le secteur bancaire ? Peut-on émettre un avis désintéressé sur un secteur où travaille une partie de ses anciens « camarades » ? La proximité – certains parlent de « consanguinité » ou de « capture intellectuelle » – engendrée par ces allers-retours entre secteurs public et privé, est source de conflits d’intérêts. Ces inspecteurs se retrouvent en situation de pouvoir abuser de leur position pour leur intérêt propre et pour l’intérêt d’un ancien ou futur employeur, » écrit Bastamag.

Le fonctionnement de cette haute institution qu’est l’Inspection Générale des Finances fait la démonstration que nos institutions ne sont en rien démocratiques mais sont bien tournées vers les intérêts des classes dominantes. Les conflits d’intérêts, autres scandales qui ont repris le devant de la scène ces dernières semaines, à l’image des magouilles de Richard Ferrand pour favoriser Mutuelles pendant son mandat de député, ne sont en rien des exceptions mais font bien la règle dans ce système qui encourage les politiques à se placer aux services des intérêts des grands patrons et des banquiers.


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