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Déclaration de l’Etat d’urgence

Portugal. Le gouvernement suspend le droit de grève

Mercredi 18 mars, l’Assemblée législative portugaise a approuvé le décret présidentiel déclarant l’Etat d’urgence face à la pandémie de Covid19 . Un dispositif qui permet de restreindre un certain nombre de libertés démocratiques comme les droits de grève, de réunion et de manifestation et qui a entraîné à sa suite une multiplication des licenciements

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Crédit photo : Sud Info Be

Une mesure historique

 
L’état d’urgence n’avait pas été adopté au Portugal depuis la crise révolutionnaire de 1975. Mercredi, le Président de la république Marcelo Rebelo de Sousa convoquait depuis le Palais de Belém le conseil d’Etat, pour discuter de l’application de l’état d’urgence. Après la publication du décret présidentiel, l’état d’urgence a été approuvé par l’Assemblée législative sans opposition. Les députés du Bloc de Gauche ont voté en faveur de la mesure, et le Parti Communiste ainsi que les Verts se sont abstenus, donnant ainsi le feu vert à l’un des dispositifs les plus anti-démocratiques de la Constitution portugaise.

En effet, le décret présidentiel prévoit la suspension de plusieurs libertés démocratiques comme le droit de réunion, de manifestation et de grève, ainsi que la réquisition de salariés. C’est dans ce sens, que le premier ministre Antonio Costa a d’ailleurs déclaré à la chaîne de télévision SIC que L’Etat d’urgence permettait « d’avoir les moyens légaux d’obliger les entreprises à fonctionner ».

Faire payer la crise sanitaire aux travailleurs, empêcher toutes formes de résistances

 
Ces mesures permettent aux entreprises de licencier plus facilement et d’écraser tout mouvement de résistance de la part des travailleurs. Les employés de la compagnie aérienne TAP Air Portugal ont d’ores et déjà payé les frais de cette mesure, la direction ayant annoncé au lendemain du décret présidentiel ne pas renouveler les contrats d’une centaine de salariés. L’entreprise, détenue à 50% par l’Etat portugais, a justifié son geste par l’argument cynique que les licenciements faisaient partie des mesures « visant à lutter contre les effets de la pandémie du Covid-19 ». 300 salariés de la TAP ont également été renvoyés chez eux en congé sans solde, privés de rémunération en pleine crise sanitaire. Du côté de l’automobile, Continental a également profité de la situation pour annoncer la fermeture de son usine de Palmela employant 370 travailleurs fin 2021. Le site produit depuis plus de 25 ans des plaquettes de freins avant. La restauration et l’hôtellerie sont également parmi les secteurs les plus touchés par les licenciements en l’absence de tourisme, qui compte parmi les principaux revenus de l’économie portugaise.

Cette mesure arrive dans une période où de nombreux travailleurs dénoncent la mise en danger de leur vie et de celles de leur proche, par les choix de leur direction. C’est le cas notamment des travailleurs de l’entreprise Ground Force -en charge des différents services au sol dans les aéroports- qui ont convoqué une Commission des Travailleurs mercredi, un organisme qui permet aux syndiqués et non-syndiqués de se réunir sur leur lieu de travail. Ils dénoncent l’irresponsabilité de l’entreprise dans la protection des travailleurs et réclament « la fermeture des aéroports portugais à tous les vols non essentiels et la définition d’un nombre maximal de passagers par vol respectant les règles de distanciation sociale déterminées par la Direction générale de la Santé » ainsi que l’interdiction de licencier les travailleurs précaires. Ils exigent également que les dividendes payées aux actionnaires en 2018 soient restituées afin de garantir les salaires et le maintien des postes de travail face à la crise sanitaire.

Les dockers mènent une grève depuis le 9 mars pour réclamer leurs impayés. Ils ont rapidement dénoncé l’absence de protocole et de mesures de protection contre le coronavirus, alors qu’ils doivent prendre en charge des cargaisons provenant de différents foyers épidémiques. Le syndicat SEAL dénonce l’attitude des compagnies portuaires, qui face à la mobilisation des travailleurs, ont refusé l’accès au port de Lisbonne aux dockers, les obligeant à interrompre les services minimums prévus par la loi. Cette interruption du service minimum obligatoire a permis au premier ministre d’ordonner leur réquisition civile et de casser la grève. Les séries de débrayages qui ont eu lieu dans différents secteurs notamment les aéroports et les ports ont contribué à alerter sur les risques de propagation du virus.
 

PCP et le Bloc de Gauche se rangent derrière l’union sacrée

 
Alors que le patronat et le gouvernement prennent des mesures pour faire payer aux travailleurs la crise sanitaire et la récession, l’alignement des partis de la gauche derrière cette forme « d’union sacrée » constitue une trahison ouverte. Le Parti Communiste, et le Bloc de Gauche, conseillent directement la bourgeoisie à travers le Conseil d’Etat, siégeant aux côtés du Président de la République portugaise. Que font ceux qui se disent « anticapitalistes » dans l’une des instances les plus réactionnaires de l’Etat capitaliste ? Face à leur trahison, le PCP et le Bloc de Gauche tentent désormais de se repeindre en rouge en demandant au Premier ministre d’interdire les licenciements, après avoir liquidé le droit de grève et de manifestation ...
 


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