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Offensive de Trump : la police fédérale continue de réprimer les manifestants à Portland

Depuis la fin de la semaine dernière, une centaine d’agents fédéraux sont à Portland sur ordre de Trump pour étouffer les mouvements de protestation, qui durent depuis deux mois. En plus d’ouvrir une guerre ouverte avec les municipalités démocrates, Trump n’a fait que renforcer le mouvement sur place.

Violette Renée

22 juillet 2020

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Crédits photo : Nathan Howard/Zuma Press

Depuis la mort de George Floyd, il y a deux mois, un mouvement antiraciste international s’est déclenché et ce particulièrement aux États-Unis où les mobilisations ont été intenses et où elles continuent malgré les forces de répression de plus en plus grande que déploie Trump.

Trump joue la carte du maintien de l’ordre violent : affrontements à Portland

Dans ce contexte de lutte des classes, Trump choisit une fois de plus la répression violente qui s’attaque non seulement aux manifestants mais aussi plus indirectement aux municipalités démocrates. Effectivement, après avoir blâmé et menacé plusieurs maires démocrates pour ne pas avoir mis en place de couvre-feu dans leur ville (New York et Chigaco entre autres), Trump a la semaine dernière, sans avertissement, envoyé des agents de la police fédérale dans la ville de Portland où ils ont frappé, gazé et enlevé dans des fourgonnettes banalisées des manifestants. Selon des documents de la Cour fédérale déposés mardi, ce sont précisément 114 agents fédéraux qui ont été déployés à Portland, y compris des représentants du Service fédéral de protection, de l’application des douanes d’immigration, des douanes américaines et de la protection des frontières et du US Marshals Service.

La ville de Portland est un premier choix de la part de Trump pour tenter d’étouffer le mouvement BLM dans son pays. Joe Lowndes, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Oregon, analyse la situation selon ces termes : « J’ai l’impression qu’ils ont choisi Portland parce que s’ils l’avaient déployé à Minneapolis, cela signifierait entrer en confrontation directe avec beaucoup plus d’activistes noirs […] Avec Portland, c’est une ville plus blanche -avec 77 % de la population blanche contre 6 % noire- et ils peuvent diaboliser les Antifa ou les « pillards » anarchistes et en quelque sorte en retirer la race de manière directe, et la rendre plus sympathique  ». Trump tente de diviser la classe travailleuse sur la base des stratégie politiques et notamment sur les prétendus « dégâts » matériels opérés par les manifestants « anarchistes violents », comme aime à les appeler Trump.

Selon USAtoday, loin d’avoir participé à diviser le mouvement antiraciste Black Lives Matter (BLM), cette répression semble l’avoir renforcé, de nouveaux rangs de manifestants l’ayant rejoint, mais aussi de ceux qui l’avaient quitté après des semaines de lutte sont à nouveau derrière les barricades. Dans ce sens un événement Facebook a été lancé appelant à construire un « mur de mères ». L’organisatrice Bev Barnaum a déclaré à Buzzfeed News : « Nous voulions avoir l’air d’aller au supermarché, comme des gens normaux, dans l’espoir que cela nous servirait de protection contre les agents fédéraux. Cela n’a pas fonctionné ». En effet elles ont été tout aussi réprimée que le reste du mouvement à coup de bombes lacryogènes.

Au-delà de ces images impressionnantes, la détermination et la radicalité des manifestations se lit également dans les rapports officiels. Toujours selon USAtoday, dans un dossier judiciaire rapporté mardi, des responsables fédéraux ont déclaré avoir été victimes de jets de bouteilles d’eau en plastique, d’excréments, de tirs de lance-pierres et de feux d’artifice alors même que les agents sont vêtus d’uniformes paramilitaires, de masques à gaz et de gilets pare-balles. Selon ce même rapport, 28 agents fédéraux souffriraient de blessures allant de lésions auditives, des os fracturés à une luxation de l’épaule.

Du côté des manifestants, La Croix rapporte que « la radio télévision publique locale (OPB) a publié plusieurs témoignages de gens affirmant avoir vu, au moins depuis mardi 14 juillet, des agents fédéraux en tenue camouflage sortir de véhicules banalisés, attraper des manifestants sans explication et partir avec eux. Toujours selon l’OPB, au moins 13 personnes ont été inculpées par les agents fédéraux de crimes liés aux manifestations. ». Des arrestations qui ressemblent davantage à des rapts comme s’indigne Jann Carson, responsable de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU dans l’Oregon, État du nord-ouest du pays : «  Habituellement, lorsque vous voyez des gens dans des voitures non siglées prendre de force quelqu’un dans la rue, cela s’appelle un enlèvement ».Des manifestants ont rapporté des scènes de guerre. De nombreux blessés ont été recensé que ce soit par des tirs de balle en caoutchouc (le LBD français), des tirs de gaz lacrymogènes et de boules de poivres. De nombreuses personnes ont été violentées, arrêtées et jugées par les autorités fédérales

Lundi, Wheeler et les maires de cinq autres grandes villes américaines ont exhorté les autorités fédérales à retirer les officiers de Portland et d’autres villes, notant que de nombreuses manifestations ont été pacifiques et « même dans des circonstances où ce n’est pas le cas, c’est toujours une question de police locale ». Ces accusations revêtent un caractère électoraliste, à 4 mois des élections présidentielles, le Parti démocrate de Portland souhaite profiter des décisions violentes de Trump pour se laver les mains de la brutalité de la police fédérale sous les ordres de Trump. Pourtant. Comme le souligne nos camarades d’Izquierda diaro, la police de Portland n’a guère des pratiques plus reluisantes, étant elle-même connue pour sa collaboration avec les suprématistes blancs, ainsi que pour sa répression sur ordre d’élus du parti démocrate. Une illustration parlante de cette hypocrisie est l’épisode éclair de « rédemption » de policiers locaux de Portland qui ont posé un genou à terre pour finalement gazer et grenader les manifestants.
Trump, de son côté, a lui félicité ses agents fédéraux, s’exclamant : « Vous vous débrouillez très bien ». « En trois jours, ils ont mis pleins d’anarchistes en prison » se vante-t-il. Cette réaction offensive violente de Trump d’envoyer la police fédérale à Portland, montre son affaiblissement après des semaines de lutte anti-raciste, de rejet de ses politiques et de gestion catastrophiques de la crise sanitaire dans le pays, à l’approche des élections présidentielles, pour lesquelles les sondages le prédisent perdant.


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