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Pologne. « Fuck le PiS ! », forte mobilisation contre l’entrée en vigueur de l’interdiction de l’IVG

Trois mois après le vote du Tribunal constitutionnel qui réduisait à une quasi-interdiction totale le droit à l’avortement en Pologne, la contestation éclate de nouveau dans la rue au moment où le gouvernement la fait entrer en vigueur.

Olive Ruton

2 février 2021

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Ce mercredi 27 janvier, le gouvernement du PiS (parti Droit et Justice) a, après trois mois, rendue effective la nouvelle restriction de l’accès à l’IVG en Pologne. Votée par le Tribunal Constitutionnel le 22 octobre dernier, sa publication dans le Journal Officiel (qui équivaut à son entrée en vigueur) avait été suspendue par le gouvernement, menacé par l’immense mouvement social qui s’était alors élevé partout dans le pays, sous forme d’action quotidiennes et de manifestations comme le pays n’en avait pas connu depuis la chute du communisme en 1989. Une situation très délicate pour le pouvoir polonais, mis sous pression du mouvement social d’un côté, et de l’autre des conservateurs criant à la « trahison » et dénonçant l’illégalité de ce report (dont la date limite était le 2 novembre).

Les expressions dans la rue de la contestation contre le PiS et le nouveau décret avaient diminué en nombre et en taille, mais c’est le jour même de son entrée en vigueur que des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans la rue, et ce pendant plusieurs soirs jusqu’à aujourd’hui. Plusieurs milliers de jeunes, de femmes et de militants LGBTI se sont retrouvés à fouler le pavé. Dès le mercredi soir, qui a vu éclater des manifestations dans 51 villes polonaises, à Varsovie, les manifestants se sont rassemblés en masse devant le siège du Tribunal constitutionnel avant de marcher jusqu’à celui du PiS. Un journaliste polonais d’OKO.press a même déclaré « Je n’ai pas vu une foule aussi dense depuis la plus grande manifestation du 30 octobre 2020. »

C’est ainsi dans la rue, relancé par la nouvelle étape de cette attaque, que le mouvement a fêté son 100ème jour de contestation. Comme à ses débuts, la violence et la vulgarité marquent les pancartes et les slogans contre les conservateurs et le gouvernement. « Fuck le PiS  » et « c’est la guerre » sont parmi les plus présents, le dernier renouvelant particulièrement la promesse de milliers de manifestants de ne pas se laisser faire et d’arracher le retrait de cette nouvelle restriction de l’IVG. Une déclaration de guerre au gouvernement qui, au-delà des pancartes, est un des éléments principaux du discours des portes paroles de l’organisation la Grève des Femmes, des leaders du mouvement, mais aussi de nombreux députés soutiens ou figues de la contestation.

A ce niveau de colère correspond un haut niveau de répression : à l’image de cet automne, la police est mobilisée en nombre depuis mercredi et encadre strictement chaque manifestation. Ont ainsi déjà eu lieu en quelques jours plusieurs arrestations, des prises d’identité presque systématiques, des gazages, et des violences contre les manifestants.

Dans un contexte social, économique et sanitaire tendu, le mouvement semble donner tort au pari du PiS qui consister à attendre que la contestation s’essouffle pour faire entrer la loi en vigueur sans encombre.


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