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Enquête Mediapart

Pécresse recrute des millitants d’assocations financées par la région pour gonfler un meeting de campagne

Une enquête de Mediapart du 7 juin révèle la présence de faux militants au meeting de Valérie Pécresse du 31 août 2019. Des promesses de subventions à de nombreuses associations et collectifs ont permis de remplir artificiellement les rangs de du meeting de Valérie Pécresse.

Prune Fabre

7 juin 2021

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Une enquête de Mediapart publiée lundi 7 juin a révélé la mise en scène d’un meeting de Valérie Pécresse organisé à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) pour son mouvement “Libres !”. Le 31 août 2019, Valérie Pécresse organise ce meeting avec un but précis : surpasser les Républicains, qui en tiennent le même jour à La Baule. En effet, ce rendez-vous inaugurait sa rentrée politique depuis son départ de LR pour fonder « Libres ! ».

En apparence, c’est un succès : « Nous sommes plus de 1 500 ! » se réjouit la présidente de la région Ile-de-France sur scène. Pourtant, l’enquête de Mediapart révèle qu’« une bonne partie des personnes réunies le 31 août 2019 à Brive n’étaient pas des militants, ni même des sympathisants de Valérie Pécresse, mais des habitants de la région Ile-de-France, membres ou issus des réseaux d’associations communautaires, invités tous frais payés à passer une journée en Corrèze ».

Le 31 août, ils se sont retrouvés à bord d’un train, trajet et repas payés, spécialement prévu pour l’occasion depuis la gare d’Austerlitz. Ces « faux » militants sont issus de différentes associations : Union des Serbes de France, la coordination des Berbères de France, parti panafricain, la fédération des associations de Wallis et Futuna en France et beaucoup sont financées par la Région Ile de France, présidée par Valérie Pécresse. L’opération s’est également déroulée sous l’égide de l’un des vice-présidents de Valérie Pécresse, Patrick Karam, chargé de la vie associative et du sport, qui, grâce à cette fonction, possède également une assise sur les subventions régionales.

Certaines personnes présentes au meeting ont affirmé avoir fait le trajet pour profiter d’une journée à la campagne, d’autres « ont confirmé qu’elles avaient participé à l’excursion, en rameutant leurs troupes, dans l’objectif de s’attirer les faveurs de la présidente de région", indique Mediapart.

Par exemple, plusieurs militants du CRI-Panafricain, un mouvement de « protestation contre la recolonisation de l’Afrique », qui prône la « révolution démocratique et pacifique » étaient présents. Selon un témoignage d’un des militants, les membres du mouvement ont été convaincus d’assister au meeting du fait du statut de présidente d’Ile-de-France de Valérie Pécresse. De plus, selon ce même militant cité par Mediapart : « Quand on sait que ces communautés ont très souvent des besoins dans leur vie quotidienne... Ça les intéresse aussi. [...] Ça peut être du logement, ça peut être des aides au niveau du transport, ça peut être dans l’activité salariale... Ça, ça peut les intéresser à suivre la personne. C’est ce que nous mettons très souvent en avant, c’est un élément qui se vend bien. »

Preuve encore plus flagrante du clientélisme omniprésent dans les invitations à ce meeting : sur son compte Facebook, l’Union des Serbes de France a évoqué leur présence du fait d’un « partenariat » entre l’association et la région Île-de- France, qui n’a pourtant selon les dires de Valérie Pécresse rien à voir avec le meeting de « Libres ! ». Cette association a reçu en 2017, 2018 et 2019 15 000 euros de subvention par an de la part de l’exécutif régional.

Malgré ces accusations, Jean-Didier Berger, délégué général de Libres ! a osé affirmer auprès de Mediapart : « Il y a une étanchéité totale entre la région et Libres !. Quant au clientélisme régional, pratique courante de la gauche, Valérie Pécresse y a mis fin à son arrivée. »

Ce meeting frauduleux est loin d’être la première démonstration des politiques de Pécresse. Le 27 mai 2020, la commission permanente de la région Ile-de-France, présidée par Valérie Pécresse, attribuait une subvention de plus de 130 000 € à un projet porté par Total pour l’École Polytechnique, permettant l’installation de panneaux photovoltaïques sur le campus de l’école. Le financement, initialement attribué à Total, avait finalement été accordé à la grande école, un moyen détourné de mieux défendre la politique de greenwashing du géant pétrolier et gazier qui prévoyait de supprimer dans le même temps 700 emplois à la raffinerie de Grandpuits (77) sous prétexte de transition écologique. Ou encore pendant la réforme des retraites, quand Pécresse n’avait pas hésité à prôner l’ouverture à la concurrence et de la privatisation encourageant ainsi la répression des travailleurs et de la casse du droit de grève.


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