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Deux poids deux mesures

Pécresse accorde la gratuité des transports aux flics quand les cheminots sont accusés d’être des privilégiés

Alors que les médias et le gouvernement remettent en question les avantages de circulation pour les cheminots et leur famille, Valérie Pécresse a décidé d'offrir la gratuité des transports aux policiers en Île-de-France. Un renforcement du tournant sécuritaire et un cadeau pour les flics, tandis que les cheminots sont encore et toujours taxés d'être des « privilégiés ».

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Le syndicat Alliance doit être aux anges. La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a accordé la gratuité des transports publics aux policiers dans sa région, avantage réclamé par ce même syndicat. Les raisons avancées pour un tel avantage, alors même que l’on remet en cause la gratuité des transports pour les cheminots et leurs familles sur le réseaux SNCF, est d’offrir « plus de sécurité aux passagers ».

« Aujourd’hui, 30 000 policiers de Paris et de la petite couronne bénéficient de facilités de circulation dans les transports franciliens. […] Il y a 9 000 policiers en grande couronne qui ne sont pour le moment pas concernés » explique Pécresse. Elle met en avant le fait que le coût, 7 millions d’euros, sera financé par le Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif), dont elle est la présidente. Une manière détournée d’expliquer que ce seront les usagers qui vont passer à la caisse. Une partie du budget du syndicat vient de l’État, de la région, de la Ville de Paris ; une autre parti vient des amendes et des billets vendus.

Il ne faut donc pas s’étonner de l’augmentation des tarifs en Île-de-France. D’ailleurs, le plan prévoit une augmentation des contrôles dans les transports. Pour financer le pouvoir répressif, quoi de mieux que de faire de la répression ? Ainsi, 200 nouveaux agents de sûreté seront recrutés, en plus de déploiements « d’équipages opérationnels de cyno-détection » et de la généralisation de la "vidéo-protection" dans les bus et les trains. Plus qu’une pseudo-lutte contre la menace terroriste, il est question de faire la chasse aux resquilleurs, aux jeunes et aux personnes de type « suspects » (entendez : jeunes racisés et jeunes des quartiers populaires).

D’autres régions avaient déjà mis en place ce genre de dispositif

En octobre dernier, c’est le chef de file des Républicains et président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, qui annonçait la gratuité des TER aux policiers. Il avait déclaré : « Nous avons intérêt à ce qu’un maximum de policiers et de gendarmes empruntent nos TER. Cela offrira plus de sécurité aux voyageurs par une présence accrue ».

En 2016, Estrosi, alors président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, avait fait de même : une gratuité étendue aux personnels de l’administration pénitentiaire. Sans doute pour une question de sécurité…

En mars 2017, ce sont les Hauts-de-France de Xavier Bertrand qui ont offert cet avantage aux policiers pour leur trajet domicile/travail.

Le cas le plus ahurissant est sans aucun doute pour les Pays de la Loire. Pour bénéficier de la gratuité des TER, les policiers doivent être obligatoirement armés. Les Echos citent une partie du communiqué de la Région : « Les forces de l’ordre armées dans le cadre de leur service (c’est-à-dire également les agents de la douane et les militaires), qui ont le droit d’emporter cette arme hors service, et qui s’engagent à emporter cette arme hors service sur leurs trajets domicile-travail à bord d’un train TER ». Il faudrait expliquer en quoi des hommes en civils armés apporteraient une sécurité dans un train bondé à 7h du matin. Depuis que l’État a autorisé les policiers à porter leurs armes en dehors de leurs heures de services, le nombre de victimes des violences policières n’a fait qu’augmenter.

Et pendant ce temps, les médias tapent sur les cheminots

A l’image du chien de garde du patronat qu’est Eric Brunet de RMC, les médias ne cessent de faire du cheminot bashing. Jeudi sur les ondes de Radio Monté Carlo, lors de l’émission « Radio Brunet » on a ainsi eu droit à sa diatribe réactionnaire. Brunet expliquait qu’il était honteux que les familles de cheminots puissent bénéficier d’avantage dû au statut de cheminot. A aucun moment, il n’a parlé des « avantages » des policiers. Il ne faut évidemment pas douter qu’il aurait largement approuvé cette décision réactionnaire.

Pendant qu’on s’évertue à nous prouver par a+b que les travailleurs du rail sont des privilégiés (car ils ont la gratuité des transports qu’ils font fonctionner pour eux et leur famille), les flics, eux, bénéficient de la gratuité des transports pour réprimer sans frais, cadeau de la région.


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