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A quand un plan de bataille ?

Pas dupe des promesses de Macron, l’Éducation nationale mobilisée le 29 septembre

Avec un taux de grévistes d’environ 30 % chez les enseignant-e-s, le secteur de l’Éducation nationale s’est distingué par une participation plus élevée à la mobilisation interprofessionnelle ce 29 septembre en comparaison à mars dernier. Un regain de mobilisation qui montre que les enseignant-e-s ne sont pas dupes des promesses fumeuses de Macron. Mais pour que cette colère se généralise, il faut un vrai plan de bataille !

Tristane Chalaise

30 septembre 2022

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Appelée par la CGT, Solidaires et FSU, la grève interprofessionnelle pour une augmentation générale des salaires du 29 septembre a particulièrement mobilisé les personnels de l’Éducation nationale, que ce soit au travers des taux de grévistes ou de la présence dans les différents cortèges. D’après le SNUipp-FSU, c’est 20 % des enseignant-e-s des écoles maternelles et primaires qui étaient en grève ce jeudi, tandis que le SNES-FSU annonce un taux de 30 % de grévistes dans le second degré. À Paris, à Toulouse, à Bordeaux, à Montpellier, à Nantes, les personnels de l’Éducation nationale étaient ainsi nombreux dans la rue.

De fait, les revendications sur les salaires sont devenues centrales depuis plusieurs décennies. Le gel du point d’indice entre 2010 et 2022 – en dépit d’augmentations isolées sous le gouvernement Hollande – a fortement entamé les salaires des personnels de l’Éducation nationale. Le salaire des enseignant-e-s est ainsi passé, selon les estimations, d’environ 2,3 SMIC en 1980 à seulement 1,1 SMIC aujourd’hui. Le dégel du point d’indice, augmenté de 3,5 % en juillet 2022, est très loin de compenser le « retard » accumulé par les salaires. Dans un contexte où l’inflation devrait dépasser les 6% d’ici la fin de l’année, la mesure du gouvernement d’Emmanuel Macron ne fait même pas office de miette accordée aux fonctionnaires, qui vont encore voir baisser leur salaire réel.

A quelques jours de la mobilisation, le gouvernement d’Emmanuel Macron a toutefois tenté, une fois de plus, d’amadouer les enseignant-e-s en agitant la promesse d’une augmentation de salaire. Présenté ce lundi, le projet de loi de finances 2023 prévoit en effet une enveloppe de 935 millions d’euros pour financer la revalorisation des enseignant-e-s, qui, promet le président de la République, devrait se situer entre 10 % et « jusqu’à 25 % ». Un effet d’annonce qui se veut une faveur d’Emmanuel Macron envers les personnels de l’Éducation nationale, mais qui ne résiste pas longtemps à l’analyse.

Non seulement tous les personnels ne sont pas concernés par cette annonce (quid des AESH ? des AED ? des ATSEM ? des agent-e-s ? des infirmières ?), mais cette augmentation, si elle a vraiment lieu, ne constituera qu’une bien relative revalorisation, au regard du gel du point d’indice qui touche l’ensemble des fonctionnaires depuis des années. Quant aux 25 % promis par le gouvernement, ils s’accompagnent de l’obligation pour les enseignant-e-s d’accepter de nouvelles missions, dans le cadre du nouveau « pacte » que souhaite mettre en place Emmanuel Macron. A nouveau, une augmentation de salaire conditionnée au fait de travailler plus n’est pas une augmentation de salaire, juste une rémunération supplémentaire pour du travail supplémentaire !

Une manœuvre visiblement bien comprise par les enseignant-e-s aujourd’hui en grève, habitué-e-s à subir la précarisation imposée par les politiques austéritaires du gouvernement et le mépris de l’institution. Diane, enseignante dans l’académie de Toulouse et militante à Révolution Permanente, résume : « Même avec 25 %, on est loin du salaire que l’on devrait avoir dans le secteur public […] le gouvernement fait des choix sur là où il met son argent. Les budgets qui sont augmentés actuellement, ce sont les budgets de l’armée, les budgets de la police (qui se voient proportionnellement accorder la plus grosse augmentation, ndlr), mais pas du tout les budgets de l’Éducation ou les budgets de la santé ».

Il nous faut un plan de bataille !

Un état d’esprit qui explique, malgré une date de rentrée sociale très tardive, une remobilisation de l’Éducation nationale lors de cette journée. Une mobilisation qui doit cependant se massifier et se coordonner avec d’autres secteurs en lutte en s’appuyant sur des revendications claires sur la question des salaires, des moyens et, plus généralement, contre la réforme des retraites, et l’offensive du gouvernement.

Pour cela, la journée de mobilisation du 29 septembre appelée par les directions syndicales est loin d’être à la hauteur de la crise en cours. Les dates de journées « carrées » et isolées restent malheureusement la règle. Pourtant, il nous faut au contraire un plan de bataille claire et offensif qui s’appuie sur la dynamique de grève ouverte par d’autres secteurs comme les raffineurs et les travailleurs de PSA.

Il nous faut un véritable plan de bataille qui coordonne nos luttes et ouvre la voie à une véritable journée de grève unitaire qui bloque l’économie et permette de frapper tous ensemble. C’est pourquoi, à Révolution Permanente, nous revendiquons aussi un programme à la hauteur de la crise pour unifier le monde du travail avec une augmentation de tous les salaires, pensions et minima sociaux de minimum 400 € et leur indexation sur l’inflation, chaque mois. Car crise, guerre ou inflation, ce n’est pas aux salarié-e-s, aux chômeurs, aux rétraité-e-s, aux étudiant-e-s et aux chômeurs.euses de payer, mais aux grands patrons et aux gouvernements qui les provoquent et en profitent !


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