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Tribune libre

Paroles d’un prof endeuillé et révolté

De la souffrance à l'incompréhension, du dégoût à la conviction qu'il ne faut en aucun cas baisser les bras. Nous avons tous ressenti ça il y a deux semaines et dans les jours qui suivirent. Et quand ça touche un collègue pour la raison d'être de notre métier - transmettre, partager des valeurs fondamentales, éveiller la curiosité socle de la tolérance, cultiver l'intelligence partagée -, c'est d'autant plus déchirant.

2 novembre 2020

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Nous relayons en tribune libre cet article de Marc F., enseignant, qui nous l’a transmis.

Mais à cette déchirure on a voulu surenchérir - l’occasion était trop belle... - et voilà l’enchaînement ignoble des faits et réactions auxquels nous avons été confrontés :

1. La décapitation d’un collègue pour avoir voulu affirmer, dans un cours d’Éducation Morale et Civique, le principe de liberté d’expression à travers les caricatures du prophète Mahomet dans Charlie Hebdo.

2. Dès que la nouvelle a été relayée, ça n’a pas tardé : certains ont bondi sur l’occasion pour faire exploser leur discours. Une parole de division, très ciblée contre les mêmes boucs- émissaires habituels, assimilant l’Islam à l’Islam politique et radical, voyant un criminel en puissance dans chaque sans-pap, insultant le travail des associations qui veillent justement, à leur mesure, à préserver un minimum de cohésion sociale dans un monde où les migrations sont une réalité et une nécessité pour des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Surtout, ils s’intéressent soudainement à la condition enseignante, sous un seul et unique prisme, celui de la violence issue des quartiers. Si ils parlaient de la condition enseignante auparavant, c’était avant tout pour dénoncer et se moquer de la supposée naïveté des professeurs, apôtres du vivre-ensemble et du multiculturalisme, complices du « grand remplacement »[1]. Soudainement, le professeur doit servir d’exemple et de symbole pour incarner et porter leurs valeurs. Joli revirement, celui de faire supplanter leur cause ambiguë à la dignité et à la retenue à avoir dans ce genre de situation.

3. Et puis, on a eu le défilé des gouvernants – le président, le ministre de l’éduc’ nat et de l’intérieur... -, jusqu’à cette séquence touchante et en même temps sidérante : l’enterrement de Samuel Paty. Certes, ils devaient parler, ils ont toutefois choisi de dire et de faire ce qui leur convenait le mieux. Ils ne semblent pas vraiment soucieux de la condition enseignante puisqu’ils ont réduit les seuls problèmes connus dans les établissements scolaires et les équipes pédagogiques à l’unique question du séparatisme et des soucis d’intégration d’une catégorie de la population. Alors, je me demande très franchement si on ne se fiche pas de nous en beauté : est-ce le premier mort de l’éducation nationale ? La violence des jeunes, des parents, toutes ces relations conflictuelles qui apparaissent dans le cadre de notre métier pour une multitude de raisons différentes dont la grande majorité n’ont rien à voir ou si peu avec des questions religieuses : est-ce là notre seule et unique difficulté ? Non, car il y a bien plus d’enjeux à enseigner.

Et où étaient-ils ceux-là l’an dernier lorsque Christine Renon s’est suicidée à Pantin à cause de son travail qui lui était rendu impossible par des réformes successives et déconnectées de nos préoccupations réelles ? Et quand d’autres collègues se sont fait mourir en silence parce que la réalisation de leur mission leur était rendue infernale par ce que l’on décide de faire aujourd’hui de l’École publique ? Et plus l’École publique s’effondre plus des jeunes radicalisés n’auront plus rien pour émerger et pour les empêcher de commettre les pires barbaries.

Je souhaite reprendre point par point, estimant qu’aujourd’hui en tant qu’enseignant il m’est impossible de me taire, au-delà du devoir de réserve dont je devrais être tenu (et dont j’ai parfaitement confiance que l’on pourra chercher à me nuire avec ça – d’où mon choix de garder l’anonymat pour me protéger - : mais eux sont-ils dans la réserve ? Ils sabordent les principes qu’ils mettent en avant : quelle gêne aurais-je dans ce cas ?). Il est inenvisageable de se taire quand on a la sensation que les représentants de la République abusent et corrompent les principes qu’ils brandissent, quand on voit que sous prétexte de liberté d’expression contre la bien-pensance on fait régner l’intolérance, on déchire la fraternité et on sème une vision étriquée et fausse du monde et des hommes. Nous les enseignants, nous ne devons pas nous taire dans ce moment où nous avons été au centre des préoccupations – au moins le gouvernement reconnaît et souligne notre rôle important, maintenant qu’il le prouve - : nous devons prendre autant qu’il nous est possible et offert la parole face au murs sourds du pouvoir et d’une partie de notre hiérarchie.

Non, il n’y a aucune raison de se faire décapiter pour avoir montré des caricatures du prophète de la religion musulmane. Oui, le collègue a eu raison de dénoncer ce qu’il se passait lorsqu’il se sentait menacé. Ça n’est pas du courage, c’est ce qu’un fonctionnaire digne de ce nom se doit de faire. Il a agi en personne intègre et soucieuse d’apporter des solutions à un problème réel : l’intolérance et la difficulté à pouvoir enseigner dans des conditions sereines. Une question se pose ensuite : pourquoi la direction d’établissement et l’institution n’ont pas réagi plus vite ? Pourquoi se sont-elles visiblement mises à douter de la parole de Samuel Paty au point qu’il devait se justifier ? [2] C’est cela qui a laissé l’enseignant dans une spirale dangereuse où il était devenu une proie pour quelques fanatiques qui allaient sauter sur l’occasion pour exprimer leur folie terroriste.

La remise en cause de l’autorité du professeur était déjà l’objet de la polémique #PasdeVague à laquelle les rectorats, une portion des directions d’établissements et les représentants académiques ont fait la sourde oreille [3]. Qui a envie des respecter des profs mal-formés dans des établissements mal dotés où les jeunes peuvent très bien inconsciemment se rendre compte qu’il n’y a pas vraiment le souci de leur destinée ? Or, ce dédain ou cette absence de confiance des directions et des supérieurs ne sont pas nouveaux : puisqu’on veut casser le statut trop « privilégié » de fonctionnaire d’État, on montre bien que leur rôle n’est pas si important et qu’ils peuvent très bien valser ou être mutés si nécessaire. Heureusement, ce climat tendu n’est pas général mais il existe tout de même et est symptomatique d’une « école de la confiance »[4], formule chère au ministre de l’Éducation nationale, qui ne marche que dans un sens : le professeur doit montrer son dévouement à l’institution qu’il sert mais l’institution ne fait rien pour lui rendre son implication de tous les jours (la question des salaires gelés depuis trop longtemps est bien sûr une des illustrations les plus consternante de ce mépris). L’école de la confiance c’est aussi le mensonge d’une école inclusive capable de former des jeunes citoyens tandis que l’école est de moins en moins bien dotée, trahissant l’objectif mis en avant initialement.

Les caricatures de Charlie Hebdo, pour les montrer moi-même en classe, sont devenues « un classique » en Éducation Morale et Civique afin d’aborder la question des libertés et plus exactement celles de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Si il n’est pas obligatoire de les aborder ça reste une porte d’entrée très directe, qui évidemment ne peut se suffire à elle-même, pour aborder la loi de 1881. Tout comme il est crucial d’aborder les limites de la liberté d’expression dans le cadre du racisme et de toutes les formes de discriminations ou tout comme il est pertinent d’autres caricatures où Charlie Hebdo se moque d’autres religions.

Est-ce un sujet simple à aborder ? Absolument pas. Car bien naïf et non-pédagogue serait celui qui prétendrait que si on peut dire et tout montrer et qu’il le faut au nom de la liberté d’expression, on peut se contenter de le faire frontalement en se disant que dans tous les cas ça doit bien se passer sinon on est face à des dangereux fanatisés. Conception simpliste car tout thème avec n’importe quel élève, de n’importe quelle confession et de n’importe quelle origine peut nécessiter des mises en garde. Comment je fais en tant qu’enseignant si des élèves refusent de prendre un cours qui traite de l’histoire de l’Islam ? Comment je fais s’ils ne jugent pas utile de lire des discours de Victor Hugo parce qu’on ne parle plus comme ça aujourd’hui ? Ces exemples sont réels et vécu par moi- même ou des collègues : l’enjeu est similaire, on y est confrontés tous les jours en tant qu’enseignant. Comment porte-t-on les élèves vers les connaissances que l’on souhaite transmettre et comment attise-t-on leur curiosité, leur soif d’apprendre et leur désir d’élargir leurs horizons ? Sur des sujets aussi complexes, cela ne se fait pas d’un claquement de doigt : Samuel Paty a bien eu conscience de cette difficulté, preuve d’un enseignant attaché à sa mission et lucide sur les obstacles à surmonter et à détourner. Si l’on juge qu’il a été maladroit (un tel jugement n’a pas sa place ici quant à sa démarche pédagogique) en demandant ou en proposant à des élèves de fermer les yeux ou de quitter la salle parce qu’il pensait que des élèves se sentiraient blasphémés et attaqués dans leurs croyances, sa seule maladresse a été celle, comme pour nous tous enseignants, d’avoir été envoyé en première ligne sans avoir les armes pédagogiques suffisantes pour aborder au mieux un pareil sujet. Samuel Paty est un enseignant républicain défenseur de la liberté d’expression envoyé seul au charbon et sans avoir été doté des moyens pédagogiques suffisants pour aborder une pareille question d’une des meilleures façons possibles. Autre échec institutionnel : celui de ne pas former correctement ou imparfaitement ses travailleurs.

On constate donc déjà que les contradictions s’éloignent d’une vue réductrice concentrant son discours sur l’Islam radical pour montrer que la mort de Samuel Paty révèle, en creux, les carences de l’École Républicaine en 2020. C’est bien pour cela que le gouvernement, comme suite aux attentats de Charlie Hebdo, appelle à l’unité, à l’union nationale, au #Jesuisprof, parle d’un seul et même ennemie commun : une mascarade médiatique et théâtrale qui sert à nous menotter les mains avec eux, à devoir approuver leurs mesures et leurs lectures des événements, sans quoi nous serions contre la République et donc contre la démocratie (le glissement sémantique entre République et Démocratie est tout à fait caricatural et trompeur mais passons). Déjà la Charte de la laïcité de 2013[5], utilisée dans les écoles, instrumentalise le principe de laïcité pour balayer toute conception critique de la doxa républicaine ou du discours gouvernemental, comme si nos représentants avaient tellement bien intégré les principes républicains que les contredire. Une conception pompeuse et élitiste, et de surcroît... profondément opposée au principe de liberté d’expression ! La critique, même sous motif religieux et politique a sa place dans la formation citoyenne et dans la construction de l’esprit critique : cela doit donner lieu non à de la sanction immédiate et aveugle mais à du débat et donc à des moyens plus élevés qu’une pauvre demi-heure d’EMC par semaine pour faire émerger les contradictions et tirer les réflexions vers le haut plutôt que de les écraser.

Comment accepter de s’associer à ce simulacre de conciliation ? A cela s’est ajouté le principe du « devoir d’exemplarité » [6] où l’enseignant, malgré le sabotage de son travail, se devrait d’être irréprochable, gardien républicain infaillible et non-critique : une déconnexion supplémentaire de notre direction ministérielle qui fait tout pour supprimer les conditions mêmes d’une telle exemplarité.

En tant que professeur, nous ne pouvons pas laisser les principes et les valeurs que nous sommes censés enseigner et transmettre être ainsi bafouées, nous ne pouvons pas leur laisser le monopole idéologique de ces fondamentaux.
J’ose affirmer que parmi les premiers à dévoyer la liberté d’expression il y a précisément cette classe politicienne qui n’a pas hésité à utiliser sa police pour éborgner des manifestants lors des manifestations des années précédentes[7] (à tel point que l’ONU ou Amnesty international ont dû tirer la sonnette d’alarme, pour se voir rire au nez par nos politiciens déconnectés), à gazer des enseignants devant un rectorat[8], ou à menacer, à travers leurs institutions, des fonctionnaires dans la possibilité d’exercer leur métier parce qu’ils ce sont opposés à une réforme : récemment les 4 de Melle[9] ou, il y a un an, une enseignante de SVT interpellée à cause d’une pancarte[10]. Et ils osent dire , comme l’a affirmé Jean Castex, que "L’Éducation nationale, notre majorité l’a particulièment choyée, et nous allons continuer de le faire"[11]. Vive la liberté d’expression : celle d’un état qui la circonscrit à tout ce qui ne la touche pas, ne la dénonce pas, quelque soit ses responsabilités ou les victimes indirectes qu’il provoque.

Finalement, plutôt que d’avouer sa responsabilité dans le scandale des masques DIM toxiques[12] - démonstration supplémentaire d’une crise sanitaire gérée de façon confuse et contradictoire-, au lieu d’agir en mettant des moyens humains dans les écoles, en embauchant face aux classes surchargées dans lesquelles il devient justement ardu de bien transmettre et pour les élèves de bien apprendre[13], à la place d’avoir instauré des protocoles sanitaires cohérents et réalisables dans les écoles plutôt que d’en avoir fait les premiers clusters du pays, on préfère réduire tous les problèmes rencontrés à dans les établissements au problème du communautarisme, du séparatisme pour, au bout du compte ne parler que d’une chose, l’Islam radical, sa violence et son intolérance.

Si Emmanuel Macron ne tue pas, est-il pour autant vraiment républicain, est-il vraiment tolérant et champion des valeurs françaises lorsqu’il dit qu’il n’est pas utile d’embaucher plus de profs parce qu’ils ne servent pas à « redresser le pays ? » [14]. Cela est d’ailleurs tout autant valable dans les autres secteurs publics : les hôpitaux et la police par exemples, où l’on constate avec effroi le désarroi de nombreux fonctionnaires qui n’ont plus les moyens de réaliser pleinement et effectivement leur fonction, et qui, dépassés par des contradictions éthiques et déontologiques, mettent fin à leur jour. En tout cas, sans réponse concrète et pragmatiques, les jeunes n’ont plus le moyen d’accéder aux repères les plus fondamentaux qui peuvent leur permettre de ne pas sombrer dans l’obscurantisme le plus crasse. Le livre-témoignage de Marion Armengod, Ils ont tué l’école (2018)[15], journaliste qui a passé une année en tant que contractuelle dans une école maternelle en région parisienne, révèle et confirme les incuries dont tout professeur peut aujourd’hui témoigner – une gestion chaotique, des enseignants dépassés, une polyvalence des tâches toujours plus grande où l’on se sent parfois plus secrétaire que professeur, des remplacements mal gérés... - : tout ce dont manque l’école pour former des jeunes et leur permettrait de ne pas tomber dans le pire. Car si l’école ne ferait pas de miracle, avec plus de moyens humains, elle aurait un peu plus de force et de vigueur pour permettre aux jeunes d’avoir la maturité politique de lutte contre les séparatismes sociaux et culturels de toute nature.

Au contraire, avec cette ligne idéologique, le pouvoir cède et ouvre un boulevard à l’extrême- droite : il évacue tout problème social et nie le caractère éminemment politique derrière l’émergence et la barbarie de l’intégrisme religieux. Il réfute la complexité et la diversité des situations conflictuelles auxquelles nous sommes confrontés, nous les enseignants, au quotidien : manque de moyens et de matériel, manque de considération des surveillants et des assistant.e.s d’élèves en situation de handicap... Tout autant de faits qui participent à la crispation et au développement des communautés et qui, si elles sont niées ou ne sont pas sanctionnées produisent un climat délétère sur lequel se nourrissent les fanatiques qui instrumentalisent l’ignorance et la colère de la jeunesse à leur propre fin de domination.

Mais non, au lieu de ça, on avait déjà voulu alimenter ces dernières semaines une polémique stérile, pas moins réactionnaire et conservatrice que les salafistes qui imposent le voile aux femmes : la tenue républicaine, ce qu’une jeune femme a le droit de porter ou pas. A ce compte là, je ne vois pas pourquoi on ne voit pas une forme profonde d’intolérance chez un ministre de l’Éducation Nationale qui tient de pareils propos [16] : il dicte aussi sa bonne morale à des gens sous des prétextes culturels et subjectifs, sous des prétextes clivants qui rejettent toute pédagogie. Au lieu de dénoncer la tenue des jeunes femmes, c’est le regard des hommes sur le corps de la femme qu’il faut changer. Sinon, toute palabre progressiste est vaine et on ne peut pas se permettre de représenter la tolérance et la liberté ni de dénoncer les potentielles dérives d’une religion. On ne peut se prétendre apte à diriger le « pays des droits de l’Homme ». Néanmoins, cela n’a rien d’étonnant de tels propos de la part de M. Blanquer : celui-ci a démontré le confusionnisme et les dérives de sa pensée en mettant en avant les thèses d’extrême-droite les plus séparatistes : l’ensauvagement et l’islamo-gauchisme[17]. En effet M. Blanquer, il est plus important d’inventer des complots électoralistes de certains à gauche pour appâter une partie de la population musulmane (ce qui dans les faits est indémontrable), il est plus important de lutter contre des personnes qui loin de soutenir le salafisme défendent simplement la tolérance et luttent contre le racisme, il est plus important de diffamer des syndicats enseignants dont la ligne vous déplaît, il est plus important d’adhérer à la ligne de votre parti politique qui se trouve actuellement dans une stratégie de séduction électorale, que de voir que ça n’est pas ces « islamo-gauchistes » qui tuent et trafiquent des armes.

Tout cela, l’extrême-droite se refuse également à le voir, trop contente de se servir de la mort d’un enseignant qu’ils peuvent ériger en martyr alors qu’ils méprisent généralement la condition enseignante. Comme le gouvernement, ils nient le poids des réalités sociales dans l’apparition de tels comportements abjects. Ils ne cherchent que des réponses sécuritaires à des contradictions beaucoup plus profondes au sein de la société. Toute violence, pour eux, découle du communautarisme et de l’Islam sans voir que les violences sont nombreuses au quotidien : misère économique, affective et sociale, ignorance cultivée par un état qui ne se donne pas les moyens de cultiver les savoirs et les compétences. Mais non, tout cela n’existe pas pour eux, ils parlent sans savoir et abusent par là de leur liberté d’expression pour diffuser le mensonge ou une conception parcellaire des rapports entre groupes sociaux. Pour eux, le seul problème est l’Islam, vecteur de tous les maux de notre pays, alors que l’intégrisme religieux est avant tout un symptôme de toutes les violences énoncées précédemment. A vouloir en faire la cause principale des problèmes nationaux, les violences perdureront toujours, les clivages s’exacerberont comme la rage chez un chien battu, et cela malgré leur volonté - calculée pour les meneurs, sincère et manipulée chez les suiveurs - toujours dupe et impuissante à combattre un mal réel.

Paradoxalement, et pour évacuer tous les autres problèmes auxquels le gouvernement doit aujourd’hui faire face – critique dans la gestion de la crise sanitaire, contestations sociales dans les hôpitaux, remise en cause des policiers dans l’exercice de leur mission... -, il choisit sciemment de braquer les projecteurs sur une seule notion, de nous aveugler par cette focale : il faut s’attaquer aux mosquées, aux associations complices qui sont fermées sans qu’on ai des preuves tangibles d’une affiliation réelle et générale au terrorisme[18] - ce qui déplaît semble être le fait que ces associations luttent contre l’islamophobie, qui dans un pays si parfait que le nôtre ne peut pas exister évidemment -, faire des démonstrations en faisant des interventions dont le but n’est pas d’avancer dans l’enquête mais « de faire passer un message »[19], il faut refuser les rayons hallal et il vaudrait mieux, pour lutter contre le communautarisme que les musulmans se fournissent dans leurs propres magasins spécialisés (sic)[20]. Je vous rassure M. Darmanin, les musulmans qui se fournissent leur jambon hallal, dans le même rayon charcuterie que tout autre consommateur, se mélangent et "s’assimilent" aussi très bien dans les autres étalages.

Voilà, la foire du contresens, des discours amalgamant et dangereux, où l’absence totale de retenue mène à une déchaînement incohérent où on s’attaque à des mosquées sans enquête préliminaire. Le fantasme et le rêve concrétisé et théorisé de Daesh : que nous cédions à la panique et à la répression aveugle, que nous dispersions des tonnes de fertilisant sur les mauvaises herbes de l’islamophobie, de la xénophobie et du racisme, et que cela permette à ceux qui mènent l’obscurantisme, au bout de la chaîne de la haine, de justifier auprès de jeunes déboussolé qu’ils ont raison de vouloir tuer.
On préfère tomber dans la panneau : fermer un lieu de culte et en menacer d’autres tandis qu’il ne s’y trouve pas sans doute plus que deux guignols dangereux qu’il suffirait de pêcher et d’enfermer. On rompt bien là par contre avec le principe de laïcité tel que définit par la loi de séparation de l’Eglise et de l’état de 1905 [21]. La séparation de l’église et de l’état et la garantie de la liberté de culte dans un cadre privé implique que les croyants aient des lieux pour exprimer leur foi [22]. A-t-on fermé les églises ayant connu des curés pédophiles ?? Réponse absurde dans tous les cas. Et on créé de la haine sur la haine que l’on est censé combattre. Plutôt que d’une laïcité inclusive qui accepte à égalité tous les cultes, c’est une laïcité exclusive, intolérante, contre les fondement posés par Aristide Briand : une laïcité instrumentalisée pour faire prévaloir des religions sur une autre, pour faire apparaître comme nuisible une religion face aux autres. Contre-productif et dangereux : pleine réalisation des objectifs terroristes. Logique d’opposition très séparatiste, en contradiction avec ce que déclarent nos gouvernants, une fois de plus. Pareil lorsque l’on veut interdire des associations qui posséderaient peut-être quelques brebis galeuses mais qui participent de la cohésion sociale et de l’ « assimilation » tant souhaitée par l’extrême-droite [23] : démonstration et preuve supplémentaire qu’ils laissent pourrir et cultivent le problème, puisque c’est la préservation de cette tension culturelle qui leur permet d’exister et de se maintenir. Nous avions déjà eu l’exemple lorsqu’un élu RN s’en était pris à une mère voilée qui accompagnait des sorties scolaires. Lui voit une invasion et une attaque au principes laïques : la loi laïque n’empêche pourtant pas cette femme de porter son voile dans ce cadre. Faux débat. Le seul vrai débat à avoir dans ce genre de situation c’est : pourquoi l’éducation nationale n’a pas suffisamment d’encadrants et doit faire appel à la bonne volonté des parents d’élèves pour combler ses carences ?

Raccourci sur raccourci jusqu’à se retrouver face à une impasse : ça n’est pas parce que des idiots fanatisés ont cité telle ou telle association qu’elle est liée au terrorisme. Dans ce cas, et il faut aussi le rappeler à l’extrême-droite, lorsqu’un blanc armé s’en prend à une mosquée en Nouvelle-Zélande et se réclame de Zemmour, faut-il d’emblée interdire Zemmour ? On défend la liberté d’expression et la liberté de pouvoir soutenir une cause (contre le racisme, contre l’islamophobie, pour les soutiens aux habitants des quartiers populaires et aux migrants) ou on la restreint pour tous ceux qui ont été assimilés contre leur gré à la barbarie. Il n’y a pas de préférence à avoir, autrement on cultive le communautarisme et on donne malgré nous raison à la haine et aux chefs terroristes qui savent très bien se servir de ces contradictions pour nous faire égorger par des jeunes égarés et nous empêcher d’utiliser ces mêmes libertés.

En faisant ces appels du pied à l’extrême-droite, le gouvernement affirme sa vision biaisée de la laïcité : la liberté de culte concerne toutes les religions mais une doit se « tenir » plus que les autres. Excluante et non inclusive. De là, même la fameuse assimilation prétendument voulue par les membres du Rassemblement national n’est plus pas possible : ils annulent les conditions élémentaires de ce qu’ils affirment souhaiter. L’islam est le prétexte tout trouvé à des politiques qui ciblent des gens dont le parcours n’a rien n’a voir avec la religion, qui ont fuit la misère et la guerre, souvent parce que des puissances occidentales ont exploité les richesses territoriales ou ont laissé derrière elles un climat politique et un chaos qui a précisément favorisé le développement des intégrismes religieux : il suffit de voir ce que sont devenus la Syrie, l’Iraq ou l’Afghanistan. Ça, évidemment, ils le nient ou le taisent : c’est plus simple de jeter la faute sur l’autre plutôt que de se regarder dans la glace. Ainsi on veut fermer les frontières ou expulser tous les sans-papiers : tous dangereux. On oublie toutefois trop facilement que la haine dépasse très bien les frontières, qu’elles soient fermées ou non, et qu’elle se développe parfaitement de l’intérieur face aux inaptitudes des l’État à assurer un cadre sein et une instruction décente.

Et si les arabes et les musulmans sont dans le collimateur des racistes, des ignorants et du pouvoir qui surfe sur la mort d’un fonctionnaire, c’est parce qu’il est trop content de faire les yeux doux à l’extrême-droite en vue des prochaines élections. Faut-il leur rappeler que l’extrême-droite dont ils reprennent le discours, sur l’ensauvagement par exemple, est aussi complice dans ses dérives de l’armement des terroristes islamistes ? Et que les obscurantismes se nourrissent et doivent être combattus conjointement, qu’ils se disent français ou non ?[24] Faut-il rappeler qu’un candidat RN a organisé le partenariat Daesh-Lafarge en Syrie ?[25] Faut-il rappeler le déchaînement d’obscurantisme national et le séparatisme intérieur qui s’est soudainement développé dans les deux dernières semaines : femmes musulmanes poignardées à Paris, personne affiliée au groupuscule Génération identitaire qui s’en est pris à un individu d’origine maghrébine puis à des policiers. Démonstration supplémentaire, si elle était nécessaire, du fait que les haines s’alimentent et qu’elles ont besoin l’une de l’autre pour continuer à exister et à nous diviser. Si l’on ne combat pas avec autant de fermeté toutes ces dérives, alors non, nous ne serons jamais en sécurité, que l’on soit entre « français de souche » ou non. Ce qui compte est-il de démontrer à tout prix que l’on a raison quitte à se servir de la mort d’un hussard de la République pour soutenir son combat douteux ou bien d’assurer véritablement et définitivement la sécurité de chacun ?

Finalement, le plus terrible, c’est bien que l’on ce soit servi de la mort de ce professeur pour mener une offensive brutale contre toutes les véritables réponses à apporter dans l’Éducation nationale face aux désordres et aux malaises sociaux actuels : plus de moyens humains, une école qui assure et se donne les moyens d’une formation citoyenne solide, une instruction respectée et non cassée par ceux qui sont censés la garantir, des profs formés qui ont les moyens de réaliser leur mission. Je me suis contenté ici de suggérer quelques pistes à explorer, le sujet étant si vaste et important que je ne peux prétendre.

Il ne faut absolument pas baisser les bras : plus que jamais il va nous falloir batailler et ne rien céder aux ayatollahs de la haine et de la diversion. Plus que jamais, nous professeurs et premiers concernés par l’événement qui s’est produit, nous devons parler, dénoncer l’inaction du pouvoir, montrer que l’on ne peut pas tout réduire à la violence d’une communauté. Il faut réaffirmer l’importance de notre rôle qui n’est pas inutile et qui contrairement aux propos insultants du président serait un moyen de redresser le pays.

A tous ceux qui ont à cœur le progrès social, à tous ceux qui savent que la paix ne s’obtiendra pas par des discours accusateurs et des actes spectaculaires, qui ciblent des catégories de gens et produisent l’amalgame ; à tous ceux qui savent que pour arracher l’horreur à la racine, ce ne sont pas des propositions obscurantistes et extrémistes qui régleront quoi que ce soit, soyons tenaces et dignes. Soyons-le car nous serons attaqués et nous le sommes déjà, depuis longtemps. N’oublions jamais que, si nous n’avons pas d’emblée toutes les réponses et les armes intellectuelles pour contrer les propositions et les paroles confusionnistes et extrémistes, nous n’aurons jamais tort de combattre ces apôtres de la division, de la séparation et des fausses solutions.
Ce combat, on doit le faire main dans la main avec tous ceux qui ont le souci de l’éducation de la jeunesse : nous les enseignants, mais aussi les élèves eux-mêmes, et leurs parents qui sont tout aussi indignés que nous par ce qu’il s’est passé. C’est à nous de parler de ce que nous vivons et de défendre notre conception d’une école apte à être présente pour faire avancer la jeunesse : cette parole n’a pas a être volée et spoliée par des politiciens et des représentants qui ce sont pressés pour récupérer un drame mais qui n’ont jamais vraiment fait la preuve qu’ils avaient à cœur de régler les problèmes que nous rencontrons quotidiennement et auxquels nous faisons face, chacun d’entre nous à notre mesure et avec nos convictions.

Actualisation au 30 octobre 2020 : Le gouvernement a écrasé au rouleau-compresseur les hommages faits à Samuel Paty, a démontré une fois encore tout ce qui est dénoncé dans ce texte concernant son dédain du système éducatif. En effet, malgré les annonces d’un reconfinement, les écoles resteront ouvertes. L’argument de la continuité pédagogique, mis en avant par le gouvernement, est juste... toutefois il ne tient pas dans leur bouche. Autrement comment expliquer que le seul aménagement supplémentaire concret soit le port du masque obligatoire à partir de 6 ans ? Quid de classes dédoublées ? Quid d’une alternance entre présentiel et distanciel ? Les écoles sont l’un des principaux clusters du pays. Or, on décide, selon un raisonnement qui consiste à faire des établissements des garderies pour permettre aux parents d’aller travailler (l’économie prime sur la santé, quoique M. Macron en dise et cherche à s’en dédouaner), de rester à un quasi statu quo. Les conséquences ne pourront qu’être dramatiques : le virus aura bien du mal à rester à sa place, les enseignants seront (comme depuis le début de l’année) surexposés, les parents d’élèves seront menacés ainsi que tous leur entourage. Est-ce cela la mission de l’école ? Ne plus pouvoir transmettre, élever l’esprit critique, lutter contre les idées fausses et être un lieu sanitairement dangereux ?
Tout cela démontre une fois encore l’impératif déontologique que le corps enseignant a aujourd’hui : ne pas se taire et utiliser tous les moyens à sa disposition pour refuser cette mascarade honteuse et anti-républicaine.

[1] https://fl24.net/2019/10/26/les-gauchistes-de-leduc-nat-sacharnent-sur-un-prof-innocent/ : un exemple parmi d’autre des caricatures que se permettent l’extrême-droite sans prendre le temps d’enquêter sérieusement.

[2] Le dispositif kafkaïen dans lequel Samuel Paty a été embarqué peu de temps avant sa mort : https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/samuel-paty-son-cours-avait-fait-l-objet-d-une-note-du-renseignement- territorial-7800906807

[3] Sur la polémique du #Pasdevague : https://www.franceinter.fr/societe/pasdevague-la-solitude-fait-partie-integrante- de-notre-metier

[4] https://www.education.gouv.fr/la-loi-pour-une-ecole-de-la-confiance-5474 : où l’on voit un série de mesures dont certaines furent exécutées avec toute la limite des moyens humains que l’on connaît, comme dans le cas du dédoublement des classes de CP.

[5] La Charte de la laïcité dans l’éducation nationale et ses dangers pour la liberté d’expression :
https://www.education.gouv.fr/bo/13/Hebdo33/MENE1322761C.htm#:~:text=La%20Charte%20de%20la%20laïcité
%20à%20l%27École%20a%20été,d%27en%20permettre%20la%20pédagogie.&text=La%20neutralité%20des %20personnels%20et,espaces%20des%20établissements%20scolaires%20publics.
Article 11 : « Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions.
Article 12. Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.
Cela semble évident, pourtant, on doit pouvoir avoir le droit de contester : alors la possibilité d’un débat doit être ouverte. Encore faudrait-il qu’on en ait la place et le temps.

[6] http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/06/14062019Article636960941482090128.aspx : « Il en ira par exemple ainsi lorsque des personnels de la communauté éducative chercheront à dénigrer auprès du public par des propos gravement mensongers. ou diffamatoires leurs collègues et de manière générale l’institution scolaire. » - Mais qui jugera du caractère diffamatoire de tel ou tel propos, lorsque l’institution n’accepte pas la critique, il est pratique pour elle de dénoncer tel ou telle posture comme étant de la diffamation. Là encore, la confiance règne.

[7] L’enquête d’Amnesty International sur la répression subie par les gilets jaunes : https://www.amnesty.fr/liberte-d- expression/actualites/gilets-jaunes-un-bilan-inquietant

[8] Un état qui utilise ses fonctionnaires policiers contre ses fonctionnaires enseignants :
http://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/enseignants-gazes-et-frappes-toulouse-des-violences-policieres-
denoncees-video

[9] Des enseignants menacés pour avoir osé exprimer leur opposition à la réforme Blanquer et aux changements de l’épreuve du bac : https://www.politis.fr/articles/2020/10/les-4-de-melle-enseignants-menaces-de-sanctions-pour- avoir-proteste-contre-la-reforme-blanquer-42389/

[10] Les enseignants attaqués dans leur liberté d’expression : https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets- jaunes/une-enseignante-a-t-elle-ete-arretee-a-cause-d-une-pancarte-lors-de-la-manifestation-des-gilets-jaunes-a -paris_3442565.html

[11] Les paroles toutes fraîches, mensongères et insultantes du 1er ministre Jean Castex :
https://www.leparisien.fr/societe/l-education-nationale-choyee-le-mot-de-trop-de-castex-qui-choque-les-profs-21-

[10]-2020-8404354.php

[12] Voila comment on protège les enseignants dans la 6ème puissance mondiale, « phare de la démocratie » :
https://reporterre.net/Masques-toxiques-Le-principe-de-precaution-impose-le-retrait

[13] https://www.humanite.fr/classes-surchargees-enseignement-en-danger-615979 : Une classe sur deux a un effectif de
plus de 25 élèves.

[14] M. le président justifie son mépris du corps enseignant : https://extraitdepresse.fr/macron-refuse-de-recruter-de-

[15] Un ouvrage d’utilité publique : https://www.seuil.com/ouvrage/ils-ont-tue-l-ecole-marion- armengod/9782021424614

[16] Une polémique stérile et une perte de temps face aux problématiques concrètes rencontrées par la majorité des enseignants : https://www.huffingtonpost.fr/entry/tenue-republicaine-vizille_fr_5f74a48cc5b66377b27c0c91

[17] https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/23/polemique-apres-les-propos-de-jean-michel-blanquer-sur-l- islamo-gauchisme-a-l-universite_6057164_3224.html – Suite à ces propos délirants, le ministre s’est fait recadré par un président d’université.

[18] https://www.lunion.fr/id199860/article/2020-10-19/collectif-contre-lislamophobie-en-france-barakacityce-quil-faut- savoir-sur-ces

[19] M. Darmanin, ou l’art de céder à toutes les dérives extrémistes : https://www.ouest-france.fr/politique/gerald- darmanin/lutte-contre-l-islamisme-gerald-darmanin-annonce-des-operations-de-police-en-cours-7020739

[20] Le ridicule ne tue pas M. Darmanin, sinon vous auriez déjà depuis longtemps cessé d’exister :
https://www.liberation.fr/france/2020/10/21/produits-halal-l-etrange-conception-de-la-lutte-contre-le-
communautarisme-de-darmanin_1803031

[21] Article 1 : La République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public. Article 2 : La République ne reconnait ni ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

[22] Ici, tout un tas de ressources précieuses fournies par l’éducation nationale concernant la question de la laïcité et les valeurs de la République : https://pedagogie.ac-nancy-metz.fr/laicite-valeurs.

[23] S’en prendre à de vrais coupables ? : https://www.france24.com/fr/france/20201021-dissolution-du-ccif-et-de- barakacity-un-bras-de-fer-juridique-risqué-pour-l-état

[24] Des complicités entre l’extrême-droite et l’intégrisme islamiste : https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2019/12/29/la- menace-en-2020-du-terrorisme-dextreme-droite/
https://www.lesinrocks.com/2015/05/news/claude-hermant-la-figure-de-lextreme-droite-qui-aurait-fourni-des-armes-a- coulibaly/

[25] Des connivences qui arrangent les acteurs de la haine et du chaos sciemment organisé entre eux :
https://www.20minutes.fr/politique/2061227-20170503-ancien-candidat-fn-municipales-supervise-collaboration- lafarge-daesh


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