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Congrès de fondation de RP

Paris. Les travailleurs de RP rencontrent Raúl Godoy, figure de l’usine sous contrôle ouvrier Zanón

Dans le cadre du congrès de fondation de Révolution Permanente, un échange a été organisé ce mercredi entre des militants révolutionnaires et ouvrier d’Argentine et du Brésil, des militants ouvriers de RP et des travailleurs de différents secteurs.

Noah Rapa

16 décembre 2022

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Ce mercredi 14 décembre, dans le cadre du congrès de fondation de Révolution Permanente qui se tiendra du 16 au 18 décembre, une rencontre internationaliste a été organisée entre des militants révolutionnaires d’Argentine et du Brésil et des militants et sympathisants ouvriers de RP. Étaient présents des cheminots de la SNCF, des travailleurs de Transdev, de la RATP, de Total Grandpuits, de Geodis qui ont récemment mené une grève victorieuse, de l’Aéroport de Roissy ainsi que des travailleurs de l’éducation, de la santé, et d’autres. Parmi eux se trouvaient Fredy Lizarrague et Raúl Godoy, dirigeants du PTS, organisation sœur de Révolution Permanente en Argentine, et Diana Assunçao, dirigeante du Mouvement Révolutionnaire des Travailleurs, organisation sœur au Brésil.

Durant cette rencontre Raul Godoy dirigeant ouvrier de l’usine Zanon, une entreprise de céramique argentine, est revenu sur l’expérience qu’il a mené avec ses collègues et camarades en occupant et en mettant l’usine à produire sous contrôle ouvrier, lorsque le patron a décidé de licencier les travailleurs et fermer l’usine dans les années 2000. L’occasion de raconter une bataille marquée par la lutte contre la bureaucratie syndicale, pour l’auto-organisation et pour forger une alliance avec l’ensemble des secteurs opprimés de la société.

A la fin des années 90, dans un contexte de crise économique en Argentine, Raul Godoy et ses camarades d’usine ont formé une liste syndicale pour les élections professionnelles, la « lista marron », en bataille contre la bureaucratie syndicale, qui contrôlait le syndicat d’ouvriers et employés du carrelage et de la céramique (SOECN). La « lista marron », composé en majorité de travailleurs de la base, a réussi à renverser les bureaucrates du syndicat, et Raul Godoy est élu secrétaire général du syndicat, portant ainsi une politique lutte de classes.

Après de nombreuses grèves victorieuses au cours desquelles les travailleurs de l’entreprise se sont affrontés au patronat, mais aussi à la police, au gouvernement argentin, les ouvriers de l’usine ont dû faire face à des licenciements massifs et la volonté du patron de fermer l’usine. Face à cette situation, et loin de tout fatalisme, les travailleurs de Zanon se sont organisés et ont décidé d’abord d’occuper l’usine, puis de la mettre à produire sous leur propre contrôle. Depuis 2002, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui décident de la manière dont les ressources sont produites, de la quantité, du temps de travail, etc... Une lutte syndicale et politique inédite, marquée par la bataille contre la bureaucratie, mais aussi par l’alliance formée avec de nombreux autres secteurs de travailleurs et collectifs, notamment le mouvement des Mères de la place de mai historiquement et mondialement connu pour avoir lutté contre la répression de la dictature militaire argentine.

Cette rencontre internationaliste riche d’échanges a aussi ouvert une discussion sur l’importance de la lutte politique au sein des grèves. Si les tâches syndicales sont importantes pour construire un rapport de force, la bataille politique est aussi intrinsèquement liée à la grève. Raúl Godoy est ainsi revenu sur la nécessité de rompre avec un syndicalisme corporatiste. Si les ouvriers de Zanon ont réussi à mener ce combat, c’est grâce à un discours politique d’unité de classe s’adressant à l’ensemble des autres secteurs de la classe ouvrière, comme ceux de l’éducation et de la santé, qui, par la suite, sont venus apporter un soutien physique, matériel et financier à la grève.

Un discours d’hégémonie ouvrière qui s’adresse à l’ensemble des secteurs opprimés de la société, des populations indigènes en Argentine aux populations en France. Ils ont pu ainsi rompre avec toute forme de division et ont démontré que l’ennemi, c’est le gouvernement et le patronat. Les étudiants ont joué aussi un rôle d’appui très important pour rendre hégémonique la grève.

Ce retour d’expérience, riche d’enseignements, a eu un sens tout particulier pour les travailleurs et militants syndicaux combatifs français présents dans la salle. Au-delà du récit d’une lutte victorieuse, cette rencontre a permis de socialiser les différentes expériences de lutte qu’on put et que peuvent connaître les travailleurs présents, à l’image d’un travailleur de Geodis qui sort d’une lutte exemplaire menée avec ses collègues pour les salaires. Cette expérience d’internationalisme ouvrier a ainsi montré que de l’Argentine et à la France, les défis de la lutte de classe n’ont pas de frontières et que les problèmes rencontrés par les travailleurs en lutte face au patronat et au gouvernement sont souvent les mêmes, bien qu’ils puissent prendre des configurations particulières suivant le contexte national.

Durant la réunion, de nombreux travailleurs ont reconnu le rôle important qu’a pu jouer Révolution Permanente dans de récentes grèves comme à Geodis en proposant par exemple aux grévistes la mise en place d’une caisse de grève. Cela a été aussi le cas du PTS, qui a été un formidable point d’appui en Argentine pour les ouvriers. La ligne politique défendue par l’organisation visant à impulser des cadres d’auto-organisations a permis la prise en main de la grève par les travailleurs à la base eux-mêmes. C’est aussi en s’appuyant sur le PTS que la lutte de Zanon a pu coordonner de nombreux secteurs, collectifs et organisations politique, et populariser la grève. C’est donc avec cette perspective que Révolution Permanente, dont le congrès débutera le 16 décembre, aspire à devenir un parti capable d’être un outil efficace au service de toutes et tous les exploité.e.s et opprimé.e.s pour se libérer des chaînes du capitalisme.


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