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Cadences infernales et précarité

PSA-Mulhouse veut supprimer une ligne de montage : les ouvriers répondent par la grève ce jeudi

En 2018, le site PSA de Mulhouse prévoit la mise en place d’une quatrième équipe pour produire les voitures, qui travaillera le week-end en “VSD” (vendredi-samedi-dimanche). On pourrait avoir de bons espoirs pour l’emploi si on ne connaissait pas les méthodes de PSA. En réalité, cette nouvelle équipe est là pour compenser le passage en mono-flux, à savoir que toute la production sera réalisée sur une seule ligne de montage qui tournera 7 jours sur 7, au lieu de deux lignes à l’heure actuelle. Autant dire que les salariés ont de quoi s’inquiéter pour leurs conditions de travail et ont toutes les raisons de répondre à l’appel à la grève de la CGT ce jeudi.

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Horaires rallongés, cadences infernales et week-ends sacrifiés

Si nous ne nous mobilisons pas massivement, nous allons assister à un recul majeur sur le site de PSA Mulhouse en termes d’horaires de travail et de précarité. Ainsi, l’ensemble des salariés passera en 5x4 : 5 jours de travail le matin et 4 l’après-midi, et tous les horaires seront modifiés.

Nous savons déjà qu’il faudra 800 recrutements pour cette nouvelle équipe et presque autant chez les sous-traitants, qui vont devoir également modifier leurs horaires s’ils veulent garder le marché avec PSA Mulhouse. Cela va avoir de vraies répercussions pour les salariés : des journées plus longues, avec des cadences toujours plus infernales et une précarité qui va atteindre des sommets : un ouvrier sur deux sera précaire.

Le mono-flux : plus de profits pour PSA, la souffrance au travail pour les ouvriers

Avec des commandes qui explosent pour la Peugeot 2008 et le lancement de la Citroën DS7 Crossback, la production est aujourd’hui très élevée à PSA Mulhouse. Sur la nouvelle ligne de Montage premium, le régime de travail consiste à venir tous les samedis au boulot pour les salariés, et les dimanches pour l’équipe de nuit. Et pourtant, la C4 est produite de nuit, sur la deuxième ligne de montage. Demain, avec le passage en mono-flux, PSA prévoit de produire tous ses véhicules sur une seule ligne de montage, avec 3 tournées et une équipe en VSD, qui ne durera que 6 mois à 1 an.

Le calcul est vite fait : les cadences, déjà infernales, ne seront tout simplement plus tenables pour les salariés. Aujourd’hui, sur la ligne de la 2008-DS7, on a déjà des cadences de 63 véhicules par heure, soit un temps de passage de moins d’une minute par voiture. Personne ne tient ces cadences. Dans le secteur qui se nomme le « kitting », là où des salariés mettent des pièces dans des chariots qui passent et suivent ces chariots pour que les pièces soient montées sur la ligne, les salariés marchent jusqu’à 18 kilomètres par jour. Certains salariés n’arrivent même plus à marcher en fin de journée. Demain avec l’équipe VSD, cela va encore s’aggraver avec des journées plus longues et des cadences toutes aussi infernales. Une petite bombe à retardement pour une explosion sociale à venir.

Il n’y a rien à négocier !

Une discussion est en cours avec les organisations syndicales à propos des horaires, du nombre de salariés que PSA s’apprête à recruter en intérim ou encore de la possibilité de nous imposer un samedi travaillé pour récupérer les heures que l’on n’aura pas réalisées, sans parler de la flexibilité qu’ils vont chercher à nous imposer à l’avenir… La direction a déjà clairement annoncé que lorsqu’elle mettra fin à l’équipe en VSD, elle maintiendra les mêmes horaires en ajoutant les vendredis après-midi et samedis obligatoires. En résumé, les syndicats de collaboration acceptent ces reculs et les accompagnent. Pourtant, il n’y a que des mauvais coups et rien à discuter.

La colère gronde dans les ateliers

La politique du groupe PSA vise à faire passer tous les sites de production en mono-flux : faire tourner une seule ligne de montage 7 jours sur 7, avec des horaires inhumains, un minimum de salariés et une précarité énorme. Aujourd’hui, il y a déjà 1300 précaires ; demain avec l’équipe VSD et les 800 intérimaires, nous aurons 2100 précaires et aucune embauche en CDI. Pourtant, si la ligne de montage de la C4 était maintenue, on pourrait fabriquer des voitures sur deux lignes de montage avec 1000 embauches, baisser les charges de travail avec la création de postes supplémentaires, sans avoir recours au travail du samedi ni à la flexibilité. D’autant plus que PSA vient d’annoncer la production d’un nouveau véhicule sur Mulhouse pour 2021, avec l’objectif de produire 400 000 véhicules à l’année sur une seule ligne, ce qui est juste impossible.

La raison de ces mauvais coups de la direction n’est que sa volonté de faire toujours plus de profits au détriment de nos vies. C’est pourquoi la colère gronde dans les ateliers. Les rallongements d’horaires ne passent pas. La direction va sans doute revoir ses ambitions à la baisse, tellement l’ambiance est tendue. Elle a déjà dû reculer et ne pourra pas imposer les mêmes horaires que sur le site voisin de Sochaux, avec une fin de journée à 21h52 pour l’équipe de l’après-midi et des pauses de 9 minutes.

Résister à ces changements d’horaires et à la précarité, c’est une lutte pour nos vies. C’est pourquoi la CGT appelle tous les salariés à se mettre en grève ce jeudi et a rencontré un très bon écho dans les ateliers. Tous ensemble, faisons-leur comprendre que nos vies valent plus que leurs profits !


    
  
    
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Vincent Duse

Ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse, militant CGT

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