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Patrons voyous

PSA Douvrin. Si on ne se bat pas, c’est la mort programmée de l’usine

En pleine crise économique dû à la pandémie, PSA a décidé de produire ses nouveaux moteurs en Hongrie plutôt qu’à Douvrin dans le Pas-de-Calais. Cela pourrait supprimer 315 emplois voire entrainer la fermeture du site.

Sadek Basnacki

26 février 2021

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Crédit photo : DR

Le moteur à essence est voué à disparaître. Les constructeurs se tournent vers des version hybrides, électriques ou moins polluantes. A l’usine PSA, ou plutôt Stellanis maintenant, de Douvrin dans le Pas-de-Calais, on pouvait espérer bénéficier de ce tournant dans cette période difficile pour le marché automobile. Mais c’était sans la direction qui souhaite avant tout conserver, voir augmenter, ses bénéfices.

C’est pourquoi, il a été décidé de fabriquer le moteur essence EP « Gen 3 » en Hongrois et non pas à Douvrin où pourtant les versions précédentes étaient construites. Comme l’explique La Voix du Nord, c’est « un coup dur pour l’usine, qui ne pourra plus compter que sur la production de deux familles de moteurs, dont une est également vouée à disparaître ». Il est question de la fin programmée de la production du moteur diesel DV-R en 2022. Les lignes de production auraient dû être transformées pour le moteur EP « Gen 3 », il n’en sera rien.

C’est donc une fermeture programmée pour le site. Sans moteur nouvelle génération et avec une production vouée à disparaître l’usine ne peut plus être rentable. C’est d’autant plus dur à accepter pour les salariés qu’on leur avait promis qu’ils produiraient le moteur nouvelle génération en échange de sacrifices.

« C’est une trahison de Carlos Tavares »

Fabrice Maciolek, secrétaire FO chez PSA Douvrin, explique à La Voix du Nord qu’ « Ici, on a fait le compactage, on nous a dit qu’on était les meilleurs, on a fait des efforts, on a signé les accords, les salariés n’ont pas d’augmentation pendant trois ans, et tout ça avec la promesse d’avoir le moteur EP Euro 7 grâce à ces efforts. C’est une trahison de Carlos Tavares ».

Un coup de massue pour les salariés d’autant plus qu’il y a quelques semaines on apprenait qu’ACC (une entreprise créée par Saft filiale de Total, PSA et Opel) allait construire une usine de batterie électrique juste à côté de l’usine de la Française de Mécanique (PSA). « J’étais heureux avec 2 000 emplois chez ACC et même 1 000 ici. Maintenant c’est 2 000 chez ACC et puis plus rien. Donc c’est une perte d’emploi dans la région. Le compte n’y est pas », explique Fabrice Maciolek à La voix du Nord.

Si PSA a choisit de produire son moteur en Hongrie, à Szentgotthard plus précisément, ce n’est pas pour rien. C’est d’un côté faire que Douvrin ne soit plus rentable pour le fermer mais surtout pour exploiter une main d’œuvre bon marché. A titre d’exemple, les ouvriers du site Hankook de Racalmas, se sont mis en grève en 2019 pour une augmentation salariale car ils ne touchaient que 500 euros mensuels, un revenu à peine supérieur au minimum légal. Les constructeurs automobiles, en plus des faibles salaires, se reposent sur Orban et ses réformes pour engranger toujours plus de bénéfice.

Les Hongrois avaient foulé le pavé contre une loi permettant à un employeur de demander à ses salariés jusqu’à 400 heures supplémentaires par an, soit deux mois de travail, payables trois ans plus tard, une véritable loi esclavagiste.

Une gestion criminel surtout lorsque l’on s’attarde sur les résultats de PSA malgré la pandémie. D’après la CGT, les actionnaires de Fiat et PSA vont toucher 2,2 milliards d’euros sous forme d’action plus un bonus de 300 millions d’euros. Les ventes ont été plutôt bonne en Europe (+40 % au second semestre). PSA ou plutôt Stellanis maintenant a fait le choix de produire en Hongrie pour augmenter encore plus leurs profits. Mais les ouvriers hongrois ont fait plusieurs grèves et ont même gagné contre des constructeurs automobiles ces dernières années, notamment à Audi. Que ce soit en Hongrie ou en France, PSA ne voit l’ouvrier que comme une variable d’ajustement. Il n’y a qu’à voir les intérimaires qui ont été purement et simplement viré à cause de la pandémie. Comme l’explique la CGT, « Le groupe va encaisser des millions d’euros d’argent public, pas question que ces subventions massives servent à massacrer les emplois et délocaliser vers des usines à bas coût ».

La CGT PSA Douvrin lance un appel à la mobilisation dès la semaine prochaine pour une journée d’action. Il faut lutter pour conserver l’emploi à Douvrin qui en 20 ans « a perdu l’équivalent de cinq usines Bridgestone Béthune » selon la CGT, non pas contre les ouvriers hongrois qui subissent tout autant l’oppression patronale avec des salaires de misères et des conditions de travail aggravé par le régime de Orban mais contre Tavares, la direction de Stellanis, et le gouvernement de Macron qui a gavé les grosses entreprises d’argent public et qui a facilité les licenciement avec ses lois travail.


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