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Paris 1

« On ne peut pas accueillir tous les réfugiés ». La Sorbonne trie les étudiants fuyant l’Ukraine

A l’université Paris 1, la présidence refuse d’inscrire tous les étudiants réfugiés d’Ukraine alors qu’elle communique sur sa solidarité avec les populations fuyant la guerre. En CFVU ce mardi, elle a rétorqué aux élus Le Poing Levé qui défendaient l’accueil inconditionnel de tous les étudiants réfugiés d’Ukraine qu’« on ne peut pas agir pour tous les pays du monde » et a tout fait pour empêcher le vote de cette motion.

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« On ne peut pas accueillir tous les réfugiés et agir pour tous les pays du monde », c’est ce qu’a déclaré la présidence de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne pour justifier son rejet d’une motion proposée par Le Poing Levé et défendant l’inscription inconditionnelle, sans droit de regard sur la nationalité ou l’origine, de tous les étudiants fuyant la Guerre en Ukraine.. Après le déploiement d’une banderole « contre la guerre et pour la régularisation de tous les réfugiés », il s’agissait de continuer le combat contre l’hypocrisie de la Présidence et du gouvernement.

Comme nous l’expliquions dans un communiqué « Alors que les déclarations d’intention se multiplient du côté du gouvernement et des candidats à la présidentielle, l’accueil en Europe des réfugiés fuyant l’invasion russe n’est pas satisfaisant. Les témoignages de femmes ukrainiennes obligées de rebrousser chemin, faute de prise en charge, le montrent. Par ailleurs ces derniers jours, le tri raciste qui s’opère entre les réfugiés est intolérable. Vidéo de gardes-frontières insultant de jeunes réfugiés contrôlés dans un train, étudiants refusés à la frontière pour leur origine ou encore contraint de quitter la France parce qu’ayant la nationalité algérienne, les exemples sont nombreux. Nous refusons d’accepter cette distinction de traitement, qui s’inscrit dans la droite lignée des sorties réactionnaires qui ont suivi le début de l’invasion ukrainienne, à l’image des déclarations du député MODEM Jean Louis Bourlanges qui qualifiait la vague d’immigration ukrainienne de « qualité », en opposition à une supposée immigration de « mauvaise qualité » »

Le Poing Levé a donc proposé la motion suivante : « La CFVU de l’Université Paris 1 assure que tous les étudiants fuyant la guerre et la misère et demandant à intégrer l’Université y seront inscrits pour la rentrée de septembre, si nécessaire par voie dérogatoire, sans condition de nationalité. Elle demande leur régularisation, sans conditions de nationalité non plus, ainsi que l’augmentation des budgets dans l’enseignement supérieur afin de pouvoir accueillir dans de bonnes conditions ces étudiants. La CFVU crée une commission dédiée au suivi de l’inscription des réfugié.es, à laquelle pourront participer les syndicats et associations étudiantes qui le souhaitent. »

Mais le Vice-Président a préféré bloquer le débat démocratique sur le sujet, car « la CFVU ne peut pas devenir un atelier d’écriture de motions » et que l’on ne doit pas y « faire de la politique ». L’expression de la gêne de la présidence, qui, si elle essaie de se donner un visage progressiste dans ses déclarations, n’a pas prévu d’ouvrir plus largement ses portes à ceux qui fuient les bombes. « Paris 1 apporte son total soutien aux collègues, étudiantes et étudiants russes et biélorusses qui protestent et subissent les conséquences de la politique de l’État russe » clame sans risque et vraisemblablement sans conséquences la motion votée par le Conseil d’administration du 10 mars. Derrières les effets d’annonces, ce n’est pour le moment qu’une dizaine de dossier de réfugiés qui seront étudiés par Paris 1.

Si le gouvernement a publié une circulaire pour faciliter l’inscription des réfugiés dans les Universités françaises, celle-ci met en place un tri raciste et social. La "protection temporaire" accordée par l’Etat aux réfugiés ukrainiens ne s’applique qu’aux possesseurs de la nationalité ukrainienne ou d’un titre de séjour. Par ailleurs, il ne s’agit que d’un statut précaire qui ne peut durer plus de deux ans, après lesquels les réfugiés devront retourner dans leurs pays. Lors de la CFVU, le Vice-Président International a assumé ce tri raciste appliqué pour l’inscription des étudiants, expliquant sans honte que : « le Maroc est prêt à accueillir ses ressortissants ». Ce matin encore, dans un mail au personnel, la Présidence déclarait : « notre université s’est mobilisée pour venir en aide aux victimes de cette guerre subie par une république démocratique européenne ». Des déclarations qui conditionnent l’accueil des réfugiés à la nature de l’état agressé et conflit, ici donc « une république démocratique européenne », et expriment clairement le racisme latent de la présidence et du gouvernement.

Par ailleurs, l’Université Paris 1, qui n’a pour l’instant reçu qu’une dizaine de dossiers d’étudiants, se réjouit de la petitesse de la « vague » de demandes d’inscription. Mais cette situation démontre au contraire l’inefficacité de la prise en charge par Paris 1, qui si elle publie des communiqués à rallonge pour exprimer son soutien au peuple ukrainien et russe, ne propose aucune mesure concrète pour aider les jeunes qui en auraient besoin à rejoindre la France pour étudier. Rien d’étonnant de la part d’une université qui applique la réforme raciste « Bienvenue en France » et ne propose pas de plan d’hébergement aux exilés.

Comme l’a indiqué la direction de l’Université elle-même, la politique de logement est insuffisante pour accueillir tous les réfugiés, seules 500 places ont été ouverte au CROUS par exemple. Certains étudiants russes et ukrainiens sont dans des situations économiques très précaires. Entre les sanctions appliquées contre la Russie, qui empêchent les ressortissants russes d’ouvrir un compte bancaire ou d’accéder au leur (selon les dires du Vice-Président International lui-même), et le fait d’avoir tout laissé derrière soi pour fuir la guerre ou la répression, les conditions de vie sont bien souvent dramatique.

Cette politique n’est pas cantonnée aux murs de la Sorbonne. A Paris 8, la situation est plus sensible encore, puisque 140 étudiants ont demandé l’accueil à l’Université et se retrouvent pour la plupart refusés car exclus de la "protection temporaire", étant originaires d’Afrique du Nord. L’université Paris 1 n’a évidemment pas proposé d’accueillir les étudiants ainsi refusés.

Pour être en mesure d’accueillir l’ensemble des étudiants réfugiés qui arrivent d’Ukraine, il est nécessaire d’exiger un plan global d’inscription dans les universités françaises ainsi que des moyens conséquents pour faire cela dans de bonnes conditions. Plus largement, ce tri raciste opéré de concert par la préfecture et la présidence de Paris 1 n’est pas spécifique à la guerre en Ukraine et nous rappelle le traitement de celles et ceux qui fuient les guerres en Syrie, Afghanistan ou au Yémen et se voient interdits de séjour en France. Aussi, pour une réelle université ouverte à toutes et tous, il est nécessaire de lutter pour la régularisation de tous les sans-papiers et l’abrogation du Plan « Bienvenue en France » qui a multiplié par 15 les frais d’inscriptions pour les étudiants extra-européens.


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