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Grève, blocage

« On lutte depuis 51 jours pour notre outil de travail » : ouvriers de la SAM et soutiens mobilisés à Bercy

Ce mercredi, plusieurs centaines de personnes se sont réunies avec les travailleurs de la SAM devant Bercy et le ministère de l’Économie avant d’être reçues par le ministre. Après 51 jours d’occupation de leur usine, et malgré les difficultés, les travailleurs de la fonderie aveyronnaise poursuivent leur combat.

Yann Causs

12 janvier 2022

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Voilà plus de 51 jours que les travailleurs de la fonderie SAM (Société Aveyronnaire de la Métallurgie) occupent leur usine. Une détermination sans failles qui s’est encore une fois illustrée ce mercredi au cours de la manifestation à Paris devant le ministère de l’Économie organisée par les travailleurs. Mobilisant quatre bus au départ de Decazeville (Aveyron), 160 ouvriers de la SAM ont fait le voyage de 8h accompagnés de soutiens.

Ainsi après avoir fêté les fêtes de fin d’année dans leur usine, plusieurs centaines de personnes se sont réunis devant Bercy aux côtés des travailleurs de la SAM. Pour rappel, ils luttent depuis plus de deux ans contre Renault - unique client - qui, dans le cadre de sa politique de liquidation industrielle, prévoit la fermeture de l’usine aveyronnaise, supprimant par le même coup près de 350 emplois. En novembre, le tribunal de commerce de Toulouse entérinait la liquidation judiciaire dans laquelle était plongée l’usine depuis 2019, ainsi que la cessation de l’activité suite au refus de Renault de soutenir le projet de reprise du site du groupe Alty.

Ce rassemblement fait suite au rendez-vous fixé la veille entre les salariés et le chargé de mission de la Région et de l’État travaillant sur un projet de réindustrialisation du site. Un entretien qui, comme le rapporte France Bleu a tourné au vinaigre et n’a pas duré plus de dix minutes : « nous nous sommes fâchés, on ne vient pas nous voir au bout de 50 jours sans proposition concrète ». Une nouvelle illustration du rôle des « pouvoirs publics » qui, derrière leurs promesses - en particulier de Bruno Le Maire qui s’était engagé à ne « pas laisser tomber les salariés » -, sont incapables de proposer des alternatives viables et ne mènent en réalité aucune bataille contre Renault.

La colère est facilement palpable lors du rassemblement, pour les travailleurs l’État et Renault « nous laissent complètement tomber, ils nous ignorent complètement jusqu’à présent, » témoigne à notre micro Martine, ouvrière à la SAM. « Quand on nous dit qu’on va nous faire un accompagnement exemplaire c’est de la fumisterie. On a la rage ! ». « On a toujours travaillé pour Renault, on s’est saignés pour Renault, on leur a tout donné. Résultat des courses, ils envoient notre boulot dans d’autres pays » enrage Thierry, lui aussi ouvrier à la SAM. 

Une chose est sûre, la détermination n’en démord pas, l’esprit de combativité dont ils font preuve est exemplaire. Thierry nous déclare ce mercredi : "ça fait 51 jours qu’on lutte pour obliger Renault, l’État, Bruno Le Maire à respecter leurs engagements. Les larmes nous viennent souvent, on a toujours travaillé, personnellement j’ai 34 ans de boîte et je me retrouve à presque 55 ans à la rue, aujourd’hui on protège notre outil de travail et on reste déterminés. » Dans la même tonalité, Jacques explique, « l’outil de travail est encore fonctionnel aujourd’hui, on serait toujours au travail si on ne nous avait pas lâchés. Donc oui on occupe l’usine pour protéger notre outil de travail »

Dans une région historique de l’industrie française, marqué par la récente fermeture de l’usine voisine Bosh, le spectre de la fermeture de la SAM inquiète, comme l’exprime Martine : « On protège notre outil de travail. Sans la SAM ce sont les écoles et les commerces qui fermeront. La détermination se maintient et même augmente ! ».

Les ouvriers nous démontrent une nouvelle fois la nécessité de conserver l’outil de production et de le gérer eux-mêmes. C’est dans ce sens que le secrétaire général de l’union départementale de la métallurgie de la région conclut le rassemblement avant le retour en Aveyron en disant : « c’est nous et nous seuls, hommes et femmes de cette usine, qui déciderons quand le combat sera terminé ». Il y a deux semaines nous affirmions déjà que c’est l’une des potentialités vers laquelle la mobilisation pourrait se diriger : revendiquer la conservation de l’usine sous contrôle des travailleurs, avec une nationalisation d’État pour garantir les investissements nécessaires.

Rappelons que la lutte des sidérurgistes rentre dans le cadre des mobilisations de la seconde ligne pour l’augmentation des salaires et des conditions de travail digne à l’image des éboueurs de Toulouse, de Dassault, des combats isolé dans la métallurgie comme à Stryker mais aussi la grande distribution juste avant les vacances. Dans la même veine on assiste à une mobilisation importante de la première ligne dans la santé, le social et l’éducation sur les mêmes questions et les conséquences désastreuses de la politique sanitaire du gouvernement. Les ouvriers de la SAM, par leur détermination, montrent une voie qu’il faut suivre en faisant converger l’ensemble de ces combats. La date du 27 janvier est dans ce sens importante, l’ensemble des organisations se revendiquant du mouvement ouvrier doivent se mettre en branle dès à présent, non seulement pour la préparer, construire le rapport de forces mais surtout lui donner des suites.


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