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Nicolas Del Caño et le PTS emportent les primaires de l’extrême gauche en Argentine

Guillaume Loïc

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La liste « renouveler et renforcer le FIT », animé par le Parti de Travailleurs Socialistes (PTS) a obtenu la tête de liste du FIT pour les présidentielles. Ce sera Nicolas del Caño et Myriam Bregman qui porteront les couleurs du FIT en octobre prochain.

Les primaires de ce weekend comportaient une nouveauté qui était l’existence de deux listes, suite au refus du Parti Ouvrier (PO) de constituer une liste commune. Cela arrive alors qu’un débat stratégique important s’est ouvert au sein du front, autour de son élargissement ou non à des forces de la gauche radicale populiste qui ne partagent pas le principe d’indépendance de classe qui constitue un pilier du FIT.

Le Parti Ouvrier (PO) – qui a été la principale force du trotskysme argentin pendant les deux dernière décennies, rattrapé récemment par le PTS – et Gauche Socialiste (IS) militent depuis des mois pour cette redéfinition des contours politiques de l’alliance constituée en 2011, en argumentant de la nécessité d’unifier le camp qui s’opposera à la politique austéritaire du futur gouvernement. Ce à quoi le PTS répond que cette unité, décisive sur le terrain des luttes, ne peut pas se faire au profit d’une dilution de l’option politique, ouvrière et révolutionnaire, incarnée par le FIT et qui a pu grâce à lui conquérir une audience dans une frange minoritaire mais significative de la population. Cela d’autant plus que ce qu’il s’agit de préparer pour faire face aux attaques qui se préparent ne peut en aucun cas se limiter à la formation d’une coalition électorale. La tâche actuelle de l’extrême gauche argentine est de diffuser partout la conscience la plus nette des batailles qui viennent, ce qui passe notamment, dans le mouvement ouvrier, par la poursuite pied à pied de la lutte pour la récupération des syndicats contre la bureaucratie inféodée au gouvernement et au patronat, une préoccupation que ne partagent pas les courants avec qui le PO et IS veulent désormais s’allier. C’est autour de cette discussion, qui s’exprimait de plus longue date sur le terrain autour de pratiques différentes, que la liste du FIT pour les primaires s’est subdivisée en deux options (1a et 1b) lors des PASO de ce dimanche.

Victoire de la ligne « renouveler et renforcer le FIT » au sein de l’électorat

Au terme des primaires, c’est l’option 1a, défendue par le PTS, autour de la formule présidentielle Nicolas del Caño – Myriam Bregman, qui a dominé d’une courte avance au sein de l’électorat du FIT. A 35 ans, le premier était le plus jeune candidat de cette élection. Travailleur précaire puis vendeur à la sauvette, il avait été élu député national pour le FIT en 2013, avant de remporter le meilleur score de l’extrême gauche argentine pour des élections à des postes exécutifs avec ses 17,5% aux municipales à Mendoza début mai dernier. Myriam Bregman, elle, est une avocate reconnue au sein du mouvement de défense des droits de l’homme en Argentine, où le PTS mène une série de combat contre la répression et la continuité du régime actuel avec la dictature.

Leur victoire face à la figure traditionnelle du PO, Jorge Altamira, qui souhaitait se présenter pour la septième fois aux présidentielles, est une surprise pour à peu près tout le monde et la preuve d’une sensibilité de l’électorat populaire pour l’option portée par cette candidature : celle qui consiste à faire du FIT un outil au service direct de la politisation de la classe travailleuse, des femmes et de la jeunesse. Cela s’incarnait par la composition même des listes « renouveler et renforcer », qui comptaient 60% de femmes et 40% d’ouvriers. La liste pour le « Parlasur », le parlement du Mercosur, avait pour têtes de listes le dirigeant du secteur combatif du métro de Buenos Aires Claudio Dellacarbonara, et André d’Atri la principale animatrice du mouvement féministe et LGBTI lié au PTS, Pan y Rosas – mouvement dont est aussi issue la tête de liste transgenre Maxima Fernandez, aux côtés de Carlos Lestano, militant de l’usine Madygraf sous contrôle ouvrier dans la ville populaire de Zarate au Nord de Buenos Aires. A Jujuy, Alejandro Vilca, éboueur et tête de liste pour l’option 1a, a permis au FIT d’obtenir localement 8% des suffrages, tandis que l’ouvrier de Zanon et principal dirigeant de cette expérience de contrôle ouvrier Raùl Godoy offrait au FIT près du double de la moyenne nationale.

L’enjeu stratégique qui traverse les débats actuels au sein du FIT, et que la victoire de l’option de « rénovation » doit permettre de clarifier, tient à l’affrontement entre les classes qui, s’il a pu être remis à plus tard par l’actuel gouvernement, ne pourra pas manquer d’éclater dans la prochaine période du fait de la détermination du patronat à attaquer, et à faire payer la crise aux travailleurs et aux classes populaires. Pour cet affrontement qui ne se jouera pas sur le terrain électoral mais dans les usines, les ateliers, les bureaux, les universités, les lycées, autour des services publics ou du droit du travail, la question décisive est de savoir si le FIT sera en mesure de sortir de l’espace certes précieux mais bien trop limité qu’il a conquis jusque-là, et se transformer en un véritable dynamiseur de l’organisation matérielle, de terrain, des exploités et des opprimés.

C’est ce qu’expliquait hier Nicolas del Caño dans un post sur sa page facebook : « Pour nous, le FIT est une conquête capitale, car pour la première fois il existe en Argentine une alternative politique indépendante de la classe travailleuse (...). Mais nous ne devons pas nous satisfaire de la seule apparition et de la croissance qu’a connu le FIT entre 2011 et 2013. Nous aspirons à ce qu’à travers le FIT l’extrême gauche passe aux choses sérieuses, devienne une force véritable et décisive dans la vie politique et sociale du pays. Pour cela, nous devons lutter contre son enfermement dans un espace minoritaire, limité à de bonnes dénonciations du système actuel que des millions de gens rejettent avec raison. Les partis traditionnels et leurs porte-parole veulent nous enfermer dans cet espace. Il s’agit là d’une question vitale (…), et ce n’est pas un hasard si les listes « renouveler et renforcer » le FIT sont composées de centaines de militants des luttes les plus emblématiques des dernières années, démontrant par-là l’extraordinaire potentiel qui est celui de l’extrême gauche quand ses idées se font force matérielle à travers des franges de notre classe. (…) Nos listes ont pour but de faire du FIT un outil pour renforcer et développer ces expériences sur tous les lieux de travail et d’étude du pays, pour renverser les directions bureaucratiques et pour que le mouvement ouvrier cesse de servir de chair à canon pour l’un ou l’autre des secteurs du système politique traditionnel ».


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