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Edito

Ni baroud d’honneur, ni fin de kermesse. Après le 15, ça continue !

Rarement un mouvement social n’aura duré aussi longtemps dans l’Hexagone et rarement on se sera autant fiché de nous. Jeudi, c’était la quatorzième journée de grève et de mobilisation depuis le printemps dernier. Mais même si des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, le gouvernement et les médias ont ressorti les bonnes vieilles méthodes : cette journée est « modeste » ; de toute façon, il s’agit d’un « baroud d’honneur ». Ou encore, en fait non, elle n’a jamais existé. Black-out. C’est à ne pas comprendre pourquoi le déploiement de CRS était aussi important dans toutes les grandes villes et pourquoi la répression a été aussi violente à Paris. Comité de Rédaction

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Comme d’habitude, c’était Le Havre qui ouvrait le bal des manifestations avec près de 12 000 travailleurs et jeunes en colère dans les rues de la sous-préfecture de Seine-Maritime qui est redevenue, encore une fois, capitale de la grève ou encore de la lutte contre la répression. A l’exception de Paris, avec 40 000 personnes, les manifestations ont été plus modestes ailleurs, mais elles ont été alimentées par des centaines d’équipes syndicales combatives et par la jeunesse : un peu moins d’un millier de personnes à Saint-Nazaire, soit plus que ce que n’attendaient les syndicats, avec une forte participation ouvrière, des Chantiers et pas seulement, 3000 à Rennes et 1000 de plus à Nantes et, dans les deux cas les provocations policières qui ont été légion. Là où la mobilisation avait été faible jusqu’à présent, le calendrier « social » a pu la relancer, comme à Belfort, où ce sont 2000 personnes qui ont défilé en soutien aux « Alsthommes ».

Et pourtant, pendant des heures durant, ça a été un véritable black-out médiatique au sujet de la journée de jeudi. Si avant, sous Sarko, « la rue ne devait pas gouverner », sous Hollande, elle n’existe même pas. Alors que nous battions le pavé un peu partout, il y a à peine huit jours la ministre du Travail recevait la CFDT, qui exige des décrets d’application rapide. Pourquoi tant de hâte si rien ne bouge ?

Parallèlement, si la journée de jeudi a été globalement surtout émaillée, en province, de provocations de la part de police, la répression a été très dure contre le cortège parisien, et notamment contre le mouvement étudiant que le gouvernement veut mater une bonne fois pour toutes. Pour mieux faire oublier la violence des tirs répétés et massifs de grenades de désencerclement contre les manifestants de tête, les médias abordent la mobilisation parisienne, quand ils en parlent, uniquement sous l’angle du CRS blessé. Là encore, de deux choses l’une : soit il ne s’est rien passé, soit la capitale a été, à nouveau, le théâtre d’une mobilisation importante émaillée d’affrontements.

C’est d’ailleurs ce que craignent les analystes les plus lucides, à savoir qu’en dépit d’un fléchissement réel par rapport aux grosses manifs du printemps (mais d’un rebond par rapport à celle du 5 juillet), la question de la Loi Travail se transforme en un mouvement perlé permanent jusqu’aux élections et acquière, de plus en plus, des formes encore plus radicales.

C’est bien là toute la question, pour celles et ceux qui ne veulent pas déposer les armes, et nous sommes nombreux. Comment faire pour que le mouvement ne s’essouffle pas en une multitude d’escarmouches sur le terrain, chapeautées par en haut par un « combat juridique » qui, à grands renforts de « question préalables de constitutionnalité », risque fort de ne pouvoir faire obstacle qu’à quelques-uns des décrets d’application, et pas les principaux.

C’est bien pour cela qu’il faut que le front syndical reste unifié : c’est ce qui a fait la force de notre mouvement. C’est aussi pour cela qu’indépendamment d’une nouvelle date de mobilisation que certains disent être dans les tuyaux et qui permettra de se retrouver, il nous faut maintenir l’essentiel sur les méthodes : ce qui fait la force du Havre, c’est la massivité du mouvement compte tenu de la taille de la ville. Ce qui a fait la force de la manifestation de Belfort, jeudi, c’est le soutien massif aux travailleurs d’Alstom, dont le site est menacé de fermeture. Ce qui a fait le succès, il y a quelques jours, de la grève de la Fonderie du Poitou, c’est le débrayage des CDI pour l’embauche de tous les précaires de la boite.

Ces trois ingrédients, combinés, redonneraient du souffle au mouvement. Un nouveau souffle dans lequel la jeunesse pourrait jouer un rôle déterminant comme force d’impulsion, liant la lutte pour l’abrogation de la loi travail à d’autres terrain, comme la lutte contre la précarité étudiante, contre le racisme, ou contre le service civique. Un vent qui pourrait aussi être une force d’entraînement du mouvement ouvrier. L’une des conditions nécessaires à ce nouveau souffle est aussi la lutte contre la répression, aussi bien patronale que gouvernementale. Et les échéances, liées à la répression du printemps sont nombreuses. Pour ce qui est des dates, elles existent, à commencer par les 19 et 20 octobre, en solidarité avec les camarades de Goodyear qui devraient passer en jugement et qui appellent au rassemblement le plus large.

Voici la perspective qu’il y aurait à défendre, contre tous les démagos dangereux : d’un côté, hier, Hollande vient de poser comme hypothèse celle d’un gouvernement de « grande coalition, à l’allemande », PS-LR, pour contrer le FN. Face à cet aveu d’impuissance qui montre la réalité du jeu politique, le FN se profile en parti anti-système, mais on a vu combien il était sur la défensive lorsque les travailleurs étaient dans la rue. Après le printemps, l’été a été désastreux et la démagogie raciste et islamophobe a redonné, à tous, du poil de la bête. Coordonner et renforcer le mouvement, à partir de ses bases actuelles, voici ce qui sera le meilleur moyen pour contrer l’offensive réactionnaire en cours du gouvernement et de ceux dont il fait le jeu, Marine Le Pen en tête.


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