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Interview

Myanmar : « Les travailleurs ont compris que le putsch donnera encore plus de pouvoir aux patrons »

Interview de Stephen Campbell, spécialiste de la classe ouvrière myanmaraise, qui nous raconte les processus d’organisation et de lutte des travailleurs de ce pays avant le coup d’Etat, et leur rôle dans la résistance.

Philippe Alcoy

17 février 2021

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Nous avons reflété sur notre journal ces derniers jours l’important mouvement de résistance au coup d’Etat au Myanmar qui voit la classe ouvrière jouer un rôle de premier ordre. Pour en savoir plus sur le développement très particulier de ce « nouveau prolétariat », ses luttes et expériences, mais aussi ses conditions de vie, nous avons sollicité Stephen Campbell, professeur adjoint à l’Université technologique de Nanyang à Singapour. Depuis dix ans, Campbell fait des recherches ethnographiques sur les conditions de travail et les luttes pour l’emploi des travailleurs migrants en Thaïlande et au Myanmar et plus récemment, il a effectué des recherches sur les conditions de travail et les luttes des travailleurs dans une zone industrielle à la périphérie de Yangon, l’ancienne capitale du Myanmar. Il est également l’auteur de Border Capitalism, Disrupted : Precarity and Struggle in a Southeast Asian Industrial Zone (2018).

Révolution Permanente (RP) : Ces derniers jours nous avons vu des images de plusieurs colonnes de travailleurs et de travailleuses dans les rues s’affrontant au coup d’Etat. Cela peut être perçu comme une « surprise », mais ces dernières années la classe ouvrière myanmaraise a mené plusieurs grèves et luttes pour ses droits, contre le harcèlement des patrons, pour les salaires. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce processus de luttes ?

Stephen Campbell (SC) : En fait, les travailleurs du Myanmar, en particulier les ouvriers des usines de confection, qui sont pour la plupart des jeunes femmes à la fin de l’adolescence et au début de la vingtaine, n’ont cessé de s’organiser au cours de la dernière décennie, et même avant cela. Ce travail d’organisation a permis de créer un solide réseau de travailleurs industriels dans les différentes zones industrielles autour de Yangon.

Bien qu’il y ait eu certains moments importants de vagues de grèves au cours de la dernière décennie, les grèves d’usines dans les zones industrielles autour de Yangon ont été des événements récurrents. Cependant, toutes les grèves ne sont pas couvertes par les médias. En fait, en raison de la fréquence à laquelle les employeurs ont violé le droit du travail et payé en dessous du salaire minimum [3 dollars par jour, NdT], les grèves ont souvent été nécessaires pour que les travailleurs obtiennent le minimum légal en matière de salaires et de conditions de travail. Par conséquent, de nombreux travailleurs ont acquis une grande expérience en termes d’organisation dans les lieux de travail et dans l’organisation de grèves. Et grâce à ces luttes, ils sont devenus très militants et très capables de mener des actions collectives.

Comme ces zones industrielles sont situées autour de Yangon, il est relativement facile pour ces travailleurs de se rendre au centre-ville. Depuis le coup d’État, les travailleurs des usines de confection ont clairement fait savoir, dans leurs slogans et lors d’interviews, qu’ils s’attendent à ce que le régime militaire entraîne une restriction de leurs droits légaux et une réduction des possibilités pour l’organisation des travailleurs. Si cela se produisait, cela aurait un impact négatif sur leurs moyens de subsistance déjà précaires. En d’autres termes, l’implication collective des travailleurs dans les manifestations contre le coup d’État et dans la campagne de désobéissance civile est fortement ancrée dans leurs préoccupations matérielles immédiates. Pour cette raison, et compte tenu du degré d’organisation et de militantisme de ces travailleurs, je ne pense pas qu’il soit surprenant qu’ils aient joué un rôle aussi important dans les manifestations contre le coup d’État et dans la campagne de désobéissance civile.

RP : Justement, pourquoi pensez-vous que la classe ouvrière est en première ligne de la lutte contre le coup d’Etat ?

SC : Comme je l’ai mentionné, de nombreux ouvriers d’usine employés dans les zones industrielles autour de Yangon étaient déjà très organisés, mais ils étaient aussi dans une situation très précaire. Les conditions sont encore pires depuis le début de la pandémie Covid-19, au cours de laquelle les employeurs ont utilisé la pandémie comme prétexte pour licencier les travailleurs syndiqués, et la police s’est rangée du côté des employeurs pour briser les grèves et arrêter les organisateurs de travailleurs. Et avec le coup d’État, les travailleurs ont clairement reconnu que le régime militaire entraînera une diminution des perspectives de syndicalisation, ce qui donnerait aux employeurs encore plus de pouvoir pour supprimer les salaires et violer le droit du travail.

L’une des figures les plus importantes des organisations de travailleurs dans les manifestations contre le coup d’État, Moe Sandar Myint, a récemment déclaré dans une interview : « Les travailleurs sont prêts pour ce combat. Nous savons que la situation ne fera que se détériorer sous la dictature militaire, nous allons donc nous battre ensemble, unis, jusqu’à la fin ». Ainsi, pour de nombreux travailleurs, cette lutte ne concerne pas seulement Aung San Suu Kyi et la Ligue nationale pour la démocratie (LND). C’est une lutte fondée sur leurs préoccupations matérielles immédiates, et, à bien des égards, elle va au-delà d’un simple retour de la LND au gouvernement, puisque la situation des travailleurs sous la LND était également très précaire et très restrictive.

RP : Le Myanmar est l’un des pays qui a connu une croissance la plus rapide dans la région d’Asie du Sud-Est. Beaucoup d’entreprises multinationales ont investi dans le pays. Quelles ont été les conséquences de ces transformations économiques sur la structure sociale du pays ? Comment cette « nouvelle » classe ouvrière a émergé ? Et comment sont ses conditions de vie et de travail ?

SC : Avant 2011, de nombreuses marques de vêtements occidentales ne voulaient pas s’approvisionner au Myanmar en raison de la stigmatisation associée aux pratiques de travail très peu libérales sous le régime militaire. Cependant, après les élections de 2010 et le passage à un régime quasi civil au début de 2011, le discours dominant a été que le pays était en « transition » vers une démocratie libérale. Et avec l’introduction de nouvelles lois du travail en 2011 et 2012, les marques de vêtements occidentales n’ont plus été stigmatisées pour s’approvisionner au Myanmar. De plus, le Myanmar a l’un des salaires moyens les plus bas d’Asie.

En même temps, durant la soi-disant transition politique et les années précédentes de régime militaire, un grand nombre de paysans ont été chassés des zones rurales. Cela s’est traduit par un endettement accru et des pertes de terres agricoles qui, dans de nombreux cas, ont simplement été prises par les responsables militaires ou leurs amis du monde des affaires. Et en 2008, un cyclone majeur a frappé le delta.

Tout cela a entraîné une importante migration des habitants des zones rurales vers les zones industrielles autour de Yangon. Comme la spéculation immobilière et la migration urbaine à grande échelle ont fait augmenter le coût des logements, beaucoup de ces nouveaux résidents urbains ont déménagé dans des colonies de squatters informels. À l’heure actuelle, des centaines de milliers de personnes vivent dans des colonies de squatters à la périphérie de Yangon. Dans certains cas, d’anciens habitants des zones rurales ont migré vers la Thaïlande ou d’autres pays de la région à la recherche d’un emploi.

Au fur et à mesure que cela se produisait, surtout au cours de la dernière décennie, les agences de développement et les consultants étrangers au Myanmar ont soutenu que ce mouvement des zones rurales vers les zones urbaines était la meilleure chose à faire parce que les emplois urbains salariés sont ostensiblement plus « productifs » que les moyens de subsistance agricoles. Cependant, cela a entraîné une population croissante de migrants vers la ville qui sont dans une situation très précaire sans aucun filet de sécurité sociale efficace. De nombreuses usines, en particulier celles qui produisent pour le marché intérieur, ne paient pas le salaire minimum. Et même les usines de confection qui produisent pour l’exportation sont souvent en violation des lois de protection du travail.

RP : L’industrie de la confection c’est l’un des secteurs économiques les plus importants pour les exportations myanmaraises. Beaucoup de luttes ouvrières ont eu lieu dans cette branche dont 90% des travailleurs sont des femmes. Justement, quel est le rôle des femmes dans les mouvements de grève et dans l’organisation de la classe ouvrière dans le pays ?

SC : Les usines de vêtements, de textiles, de chaussures et d’accessoires destinés à l’exportation, qui sont situées dans les différentes zones industrielles autour de Yangon, employaient environ un million de personnes (au moins avant le début de la pandémie de Covid-19) et limitent l’embauche presque exclusivement aux jeunes femmes de la fin de l’adolescence au début de la vingtaine. Même les femmes d’une vingtaine d’années peuvent avoir des difficultés à trouver un emploi dans ces usines. Une des conséquences de cet arrangement est que ces femmes sont souvent les seules au sein de leur foyer à avoir un emploi salarié relativement stable. Leurs familles sont donc souvent dépendantes, au moins en partie, du salaire de ces femmes.

On dit souvent, au Myanmar et dans d’autres pays où le secteur de l’habillement est important, que ces usines préfèrent embaucher des jeunes femmes parce qu’elles sont perçues comme moins susceptibles de s’organiser, de faire la grève ou de causer d’autres problèmes à l’employeur. Or, ce n’est manifestement pas le cas. En fait, comme beaucoup de ces jeunes femmes font vivre leur famille, elles sont d’autant plus motivées pour s’organiser collectivement afin d’obtenir des salaires plus élevés. Dans ces conditions, il y a eu de nombreuses femmes organisatrices impressionnantes qui ont développé leurs compétences en matière d’organisation, leur leadership et leur confiance en elles en participant directement à l’organisation du lieu de travail.

RP : Pendant longtemps sous le régime militaire, l’organisation légale des travailleurs a été impossible. Mais depuis 2011 les travailleurs ont saisi l’opportunité de l’ouverture du régime pour créer de nouveaux syndicats, des confédérations, et ainsi de suite. Et parfois les grèves et les revendications des ouvriers sont très « radicales ». Par exemple, pendant la pandémie de Covid-19 et la crise économique ils ont lutté pour préserver les postes de travail, pour défendre les représentants syndicaux qui étaient licenciés, tout en refusant d’accepter les indemnités de départ offertes par le patronat. Comment expliquez-vous cette conscience ouvrière ? Y a-t-il des courants politiques ou idéologiques, des mouvements politiques historiques qui influencent le mouvement ouvrier aujourd’hui ?

SC : Bien qu’il n’ait pas été légalement possible pour les travailleurs de créer des syndicats sous le régime militaire, il y a eu de nombreux cas d’organisations informelles de travailleurs - du moins, c’est ce que m’ont dit les travailleurs âgés qui étaient employés avant 2010. En 2011 et 2012, le nouveau gouvernement quasi civil a introduit de nouvelles lois du travail qui ont permis aux travailleurs de former des syndicats légaux et de négocier collectivement. Cependant, depuis cette époque, la plupart des lieux de travail sont restés en violation de diverses lois et ont souvent payé les travailleurs en dessous du salaire minimum légal. Dans le même temps, de nombreux travailleurs ont constaté que les fonctionnaires chargés des relations industrielles au sein du gouvernement défendaient les intérêts des employeurs ou étaient carrément corrompus. Et la police s’est souvent rangée du côté des employeurs pour briser les grèves et en arrêter les leaders.

Par conséquent, de nombreux travailleurs ont vu clairement qu’ils ne peuvent pas compter sur le droit du travail et les institutions gouvernementales existantes pour répondre à leurs préoccupations immédiates en matière de moyens de subsistance. Ainsi, lorsque les organisateurs d’un lieu de travail commencent à tendre la main à leurs collègues, beaucoup de gens sont désireux de participer à une action collective.

En même temps, il y a aussi une riche tradition d’opposition au Myanmar. Avant même le retour à un régime quasi civil en 2011, de nombreux travailleurs menaient des luttes collectives informelles sur leur lieu de travail. Il est également pertinent de souligner que le Myanmar a une riche tradition de gauche. Bien que le Parti communiste de Birmanie se soit effectivement effondré il y a plus de trois décennies (à la fin de la période dite socialiste), de nombreux militants syndicaux connaissent bien la pensée de gauche et l’histoire gauchiste de leur pays. Et certains jeunes étudiants radicaux ont, au cours de la dernière décennie, tendu la main aux ouvriers d’usine, et ont mis sur pied des bibliothèques pour les travailleurs avec de la littérature de gauche, ou ont lancé des journaux pour les ouvriers d’usine avec des thèmes de gauche.

Ainsi, des courants explicitement gauchistes sont présents parmi les ouvriers d’usine. Néanmoins, pour la plupart des travailleurs, leur politique « radicale » - telle que leur volonté militante de faire la grève ou d’affronter la police - est issue de leurs propres luttes au cours de la dernière décennie.

RP : Il semble que les patrons, l’Etat, les gouvernements (assistés par des organisations internationales telles que l’OIT) essayent d’imposer des lois limitant le recours à la grève et les conflits durs, mais ils utilisent aussi la répression policière et judiciaire contre les grévistes. Que pouvez-vous nous dire sur les réponses de l’Etat et des employeurs face au militantisme ouvrier ?

SC : Eh bien, j’ai dit que même sous le régime militaire, avant l’introduction de nouvelles lois sur le travail en 2011 et 2012, il y avait eu une organisation dans les lieux de travail et des grèves des travailleurs. Puis, avec le passage à un régime quasi civil après les élections de 2010, l’OIT a aidé le nouveau gouvernement à rédiger ces nouvelles lois du travail. À l’époque, un conseiller de l’OIT a expliqué que les nouvelles lois visaient à « prévenir les grèves » en canalisant les griefs des travailleurs vers des mécanismes institutionnels.

Cependant, comme l’ont découvert de nombreux travailleurs, les nouveaux mécanismes étaient souvent biaisés en faveur des employeurs, ou les fonctionnaires étaient simplement corrompus. En conséquence, de nombreux travailleurs ont choisi de faire grève plutôt que (ou avant) de déposer des plaintes pour violation du droit du travail auprès des médiateurs du gouvernement. Et comme la police se range aussi souvent du côté des employeurs, les travailleurs qui ont fait grève ont été arrêtés et ont subi des violences policières. Et cela sous le gouvernement « libéral » de la LND. Ainsi, avec le coup d’État militaire, de nombreux travailleurs ont exprimé leur inquiétude quant à la réduction du droit syndical.

RP : Pour le moment, il semblerait que les travailleurs sont en train de lutter contre le coup d’Etat, et Aung San Suu Kyi semble très populaire parmi le peuple myanmarais. Mais comme vous le dites, sous le gouvernement de la LND, l’exploitation et la répression de la classe ouvrière a été très dure. D’un point de vue des intérêts de la classe ouvrière, il semble que le projet « démocratique libéral » ne soit pas vraiment une alternative capable d’améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers, ni de leur garantir des droits politiques, nationaux (minorités ethniques) et économiques. Cela veut dire que les travailleurs devraient aller au-delà des objectifs politiques de Suu Kyi et son parti. Que pouvez-vous dire à propos de l’indépendance politique des travailleurs au Myanmar en ce moment de lutte contre le coup d’Etat ?

SC : Oui, d’une part, au cours de la dernière décennie, sous un régime quasi civil, les travailleurs ont eu relativement plus d’espace pour s’organiser. Ils ont pu former des syndicats légaux et de nombreuses grèves ont été couronnées de succès. Dans le même temps, comme je l’ai mentionné, les travailleurs ont continué à se heurter à des obstacles pour obtenir même le minimum légal en matière de salaires et de conditions de travail. Aujourd’hui, comme nous pouvons le voir dans les manifestations, les images d’Aung San Suu Kyi et les appels à sa libération ont été très importants. Cependant, les gens ont plus largement exprimé leur rejet du régime militaire. Et de nombreux manifestants demandent l’abolition de la constitution de 2008 rédigée par les militaires, qui consacre le rôle de l’armée dans le gouvernement, ainsi qu’un véritable arrangement démocratique fédéral, qui permettrait de répondre aux griefs de longue date des minorités ethniques contre la domination du gouvernement central.

Ainsi, d’une certaine manière, l’ampleur et la dynamique des manifestations et de la campagne de désobéissance civile, qui est essentiellement une grève générale, ont ouvert un espace pour réfléchir à des objectifs politiques plus ambitieux. Et dans la mesure où ce mouvement est couronné de succès, une grande partie du mérite en revient aux travailleurs qui étaient au premier plan au début des protestations peu après le coup d’État. Et quoi qu’il arrive à partir de ce moment, ces travailleurs ont montré qu’ils sont une force politique importante par eux-mêmes et pas seulement une banque de votes pour la LND.

RP : Pensez-vous que la situation au Myanmar peut influencer le mouvement ouvrier dans d’autres pays de la région de l’Asie du Sud-Est ?

SC : Déjà, la campagne de désobéissance civile au Myanmar a motivé une résurgence du mouvement de protestation pro-démocratie en Thaïlande voisine. Et le Myanmar a été invité à rejoindre la Milk Tea Alliance, qui est une coalition en ligne de militants pro-démocratie de Hong Kong, Taiwan, Thaïlande et Myanmar. Bien entendu, les personnes impliquées dans ces mouvements sont souvent des travailleurs d’une manière ou d’une autre. Mais je ne sais pas encore si les actions des travailleurs du Myanmar motiveront les habitants d’autres pays de la région à exprimer une politique explicitement ouvrière ou à adopter la grève générale comme tactique de lutte pour un arrangement politique démocratique favorable aux travailleurs.

Propos recueillis par Philippe Alcoy.


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