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EDOUARD PHILIPPE A LA MANŒUVRE

« Mur du 5 décembre » : le bras de fer a commencé, le gouvernement doit revoir sa copie.

En direct du ministère de la transition écologique, le premier ministre a voulu donner une image de sérénité face aux grèves et manifestations massives d’aujourd’hui. Pourtant le bras de fer ne fait que commencer.

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Crédits photos : LP/Frédéric Dugit

Côté grève, un jeu « démocratique » normal

Premier impératif de communication stratégique : ne pas se montrer surpris par la puissance du mouvement de grève. Et d’abord, circonscrire le constat à la grève de la RATP et de la SNCF : S’adressant à la ministre des transports à son côté il déclare :« L’impact sur les trafics est conforme à ce que nous avions prévu ». Prévision qui n’était pas difficile à faire, même si la grève est remarquablement suivie. Mais il omet de parler des autres secteurs en grève et notamment de l’extraordinaire grève des enseignants, avec la quasi-totalité des écoles fermées à Paris. Ce qui, pour le coup n’était pas prévisible à une telle échelle.

Deuxième impératif, montrer que l’on a des parades dans son sac. S’il reconnaît tout de même l’ampleur du mouvement de grève des transports, il en minimise les impacts et en profite pour passer la brosse à reluire aux « concitoyens qui ont choisi soit de rester chez eux, soit de travailler depuis chez eux ». Mais des trains qui partent à vide, ou des routes désertées, est-ce vraiment un succès stratégique … ?

Obligé d’avouer que l’ampleur du mouvement sera quasi identique vendredi, et sachant que le système D a ses limites, il ressort ses « mesures d’accompagnement » qui, bien que dérisoires d’un point de vue numérique (une vingtaine de « cars Macron » et une aide au covoiturage), voudraient donner une image de maîtrise de la situation.

Ce qu’il ne mentionne pas, c’est que d’ores et déjà les cheminots et les travailleurs de la RATP ont décidé de repartir en reconductible. Même si des premiers jalons sont fixés au 6 et au 8 décembre, ils risquent fort d’être débordés et le plan transport sera bien incapable de compenser une grève qui dure.

Pour sauver la face, il ne lui reste que les envolées oratoires sur son « attachement au droit de grève… qui est un droit constitutionnel, mais aussi au « droit de chacun de se déplacer et d’aller travailler ».

Côté manifs, le sempiternel alibi des casseurs

Au-delà de la bataille de l’opinion et de la volonté de sérénité apparente, un troisième impératif guidait aujourd’hui la déclaration d’Edouard Philippe : tenter de responsabiliser les syndicats, et tout particulièrement la CGT, quant à la gestion du maintien de l’ordre que les gilets jaunes ont mis à mal depuis plus d’un an. L’intention de la manœuvre est évidente : mettre en responsabilité les directions syndicales pour mieux éviter tout débordement à la base.

Emboîtant le pas à Castaner qui avait, de manière préventive, invité les organisations syndicales à « chasser les casseurs », Il n’a pas hésité à adresser un hommage appuyé à ces mêmes organisations syndicales qui ont su, selon lui, « encadrer les manifestations », qui se sont donc bien passées, du moins dans la plupart des villes. Une volonté affichée de s’annexer les rangs des manifestants contre les « ultra jaunes » et les black blocs, sempiternel épouvantail utilisé par le pouvoir pour tuer toute velléité de révolte radicale.

Les affrontements qui se sont déroulés place de la République et place de la Nation à Paris et dans quelques autres villes de province, n’ont pourtant pas entamé la détermination des manifestants. Sans se laisser décourager par les nassages et blocages de la police destinés à les inciter à repartir chez eux, et malgré le désordre et le froid, ils ont réussi à poursuivre jusqu’au bout leur manifestation.

Macron doit s’inventer une stratégie, rendez-vous à la semaine prochaine

Macron s’était donné le temps de voir comment se passerait le 5 décembre et s’était réservé d’attendre la semaine prochaine pour dévoiler sa stratégie. Avec 1 million 500 mille manifestants dans toute la France, revendiqués par la CGT, avec un mouvement de grève très largement suivi, avec la grève reconductible votée à la SNCF et à la RATP, mais aussi dans d’autres secteurs comme au Havre ou à l’AG des profs de Toulouse, Il apparaît clairement que la mobilisation ne concerne plus seulement quelques secteurs dits « privilégiés », mais l’ensemble du secteur public. Si on ajoute plusieurs secteurs privés qui se sont mis en mouvement comme la métallurgie, la pharmacie, la chimie et certaines PME, Macron va devoir réviser sa stratégie.

Même les médias aux ordres étaient contraints en fin de journée de le reconnaître : « le mouvement aujourd’hui est très dangereux parce qu’il risque de dépasser le simple cadre des retraites et de devenir un mouvement anti-Macron ».

Il n’a que jusqu’à mercredi pour revoir sa copie… et les écoles sont fermées.


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