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Industrie du disque

Mort d’une star de la pop coréenne : Kim Jong-Hyun s’est suicidé

Ce lundi 18 décembre, le chanteur du groupe coréen SHINee a mis fin à ses jours dans son appartement de Séoul. Au-delà du rôle joué par ces artistes dans l’hyper industrie, la mort de cette immense figure de la k-pop met en exergue les pressions de ces super stars du système. Le monde du travail et la jeunesse n’en sont pas exempt, ils sont même les premiers concernés.

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Lundi 18 décembre, le chanteur et leader du groupe SHINee Kim Jong-Hyun, dit Jonghyun est retrouvé inconscient à son domicile par la police alertée par la sœur ainée du chanteur. Transporté d’urgence à l’hôpital, il meurt en chemin des suites d’une intoxication volontaire au monoxyde de carbone. La nouvelle est un choc pour les millions de fan de K-pop, les SHINee étant l’un des groupes les plus connus à travers le monde. Un peu partout dans le monde, des hommages sont rendus à Jonghyun qui a mis un terme à sa vie à l’âge de 27 ans. Le jeune homme souffrait de dépression depuis des années, comme il l’a révélé dans une dernière lettre qu’il a écrite peu avant son suicide et qui a été rendue publique à sa demande par son amie la chanteuse Nine9.

Le suicide de Jonghyun, bien qu’il soit marquant et particulièrement médiatisé du fait de l’importance du chanteur, est loin d’être le seul cas de suicide ou même de dépression parmi les idols, star de la pop coréenne.

Le grand nombre d’artistes coréens dépressifs ou souffrant de troubles divers (boulimie, anorexie) n’a rien de mystérieux. L’industrie musicale coréenne est en effet connue pour être une des pires en termes de pressions et de restrictions imposées aux idoles. Recrutés souvent très jeunes (12-13 ans), les jeunes chanteurs passent des années en tant que « stagiaires » où ils doivent travailler à des rythmes inhumains leur laissant à peine le temps de dormir (ou de pleurer leurs morts : les artistes du même label que Jonghyun n’ont eu qu’une seule semaine de congé pour le décès de leur ami), sans garantie aucune de devenir un jour chanteur à part entière. La chanteuse Ahn Sojin alors « stagiaire » s’était d’ailleurs suicidée en 2015 après avoir échoué à intégrer le groupe Kara. Même une fois devenus chanteurs et non plus stagiaire, les idoles n’en sont pas pour autant plus libres : il leur est presque impossible de rompre les contrats (souvent appelés slave contracts et qui peuvent aller jusqu’à 15 ans) passés avec les 3 maisons de disque qui se partagent le monopole en Corée (dont SM entertainement, la maison de disque des SHINee et Jonghyun). Les contrats contiennent de nombreuses clauses qui contrôlent et régissent toute la vie des idoles, jusque dans leur intimité. Les labels contrôlent les artistes à tous les niveaux et ainsi, un contrat peut tout à fait être révoqué du jour au lendemain si un artiste s’affiche en train de fumer ou de boire. Le contrôle est total tant les enjeux financiers sont monstres.

Les relations privées peuvent également soumises à des restrictions, notamment pour les idoles féminines. Comme toute la popularité des chanteurs et artistes repose sur la mise en scène et le paraître, il est, pour les maisons de disques, important que leurs chanteuses aient l’air « accessible » pour leur public masculin. Par conséquent, il est fréquent qu’elles subissent une restriction appelée love ban, une clause qui exige qu’elles n’aient aucune relation amoureuse. Si le love ban touche également les stars masculines, il est cependant requis quasi automatiquement pour les artistes femmes. L’industrie musicale était déjà sujette à controverse, mais la mort de Jonghyun, leader d’un des plus gros groupes de SM entertainement illustre une nouvelle fois les pratiques de ces labels et les dessous du star système. Un nouveau suicide qui a fait une onde de choc, une onde proportionnelle à l’exposition de ces artistes qui, en définitive, deviennent la propriété de ces labels. Une visibilité que les nombreux suicides qui se succèdent dans le monde du travail et la jeunesse n’ont manifestement pas.


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