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Justice pour Aboubakar

Mort d’Aboubakar : Le CRS avoue avoir menti et change de version

Le CRS qui a tué Aboubakar d’une balle tirée à bout portant dans le cou a été mis en examen pour « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec cette circonstance aggravante que les faits ont été commis par une personne dépositaire de l'autorité publique avec usage d'une arme ».

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Crédit photo : Michel Euler / AP / SIPA

La version des CRS ne tenait pas la route face aux vidéos et aux témoignages des habitants du quartier. D’abord, le CRS qui a fait feu a plaidé la légitime défense, utilisant le récent élargissement de l’utilisation des armes de service en cas de danger imminent. La première version est qu’il avait tiré pour protéger ses collègues se trouvant derrière le véhicule qui reculait soi-disant sur eux. Placé en garde à vue et mis face à l’évidence, le CRS a alors changé son fusil d’épaule et invoque à présent l’accident. Le coup – venant d’un agent surentraîné – serait parti tout seul alors qu’il cherchait à interpeller la victime, qui ne représentait aucune menace.

On peut légitimement penser que la précipitation de l’inculpation après moins de 24h de garde à vue est une tentative pour clore l’affaire le plus vite possible, avant que la révolte légitime des quartiers populaires grandisse exponentiellement au point d’atteindre la révolte de 2005 après la mort de Zyed et Bouna mort dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés pour fuir les agent de la BAC qui les pourchassaient. Ces deux adolescents revenaient d’une partie de foot entre amis, ils sont morts pour rien.

Depuis cet épisode, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de renforcer leur présence dans les quartiers populaires. Persécuter les jeunes pour leur faire peur, pour éviter de se révolter contre leur condition de vie, le chômage, la pauvreté. L’un des moyens de répression est le contrôle au faciès. Un jeune, racisé des quartiers populaires est une cible pour les policiers, pour les Baqueux. Les méthodes sont musclées : insultes, coups, menaces. Tout est fait pour rabaisser et faire rentrer dans le rang.
C’est pour éviter ce contrôle que Zyed et Bouna sont morts.

La mort d’Aboubakar comme de tous les autres jeunes des quartiers populaires dont leurs morts n’ont pas été médiatisées, sont l’expression du racisme systématique dont sont l’objet ces populations, dans leur grande majorité originaires depuis une ou plusieurs générations des anciennes ou actuelles colonies de l’impérialisme français.

Le seul moyen que connaîtl’État pour contrôler ces quartiers c’est l’occupation militaire. Une présence omniprésente et de plus en plus grande de policiers, de baqueux, de CRS. Alors fatalement, ce qu’on appelle pudiquement une « bavure » arrive régulièrement. Mais ce terme ne sert qu’à couvrir ce racisme systémique et la répression systématique de la jeunesse des quartiers populaires. Les forces de répression ont le droit de vie ou de mort. Lorsqu’il y a « bavure », il y a rarement procès car la justice s’acharne sur les familles qui osent relever la tête et réclamer la vérité et la justice. La famille Traoré qui est littéralement persécuté par la justice en est malheureusement l’incarnation.

Quand un agent est inquiété par la justice, il s’en sort. Rarement condamné, lorsque c’est le cas, les peines sont plus que généreuses.

Ici, dans le cas de Boubakar, l’État et sa justice essayent de clore rapidement l’affaire. Le CRS a été placé sous contrôle judiciaire. Selon son avocat, il a interdiction de porter une arme, de paraître à Nantes et de rester à la CRS 17. Rappelons que cet homme a abattu à bout portant un jeune homme désarmé et qui ne présentait aucune menace. Tant bien même il aurait représenté une menace, sa mort n’aurait en aucun cas été justifiée. Inversons les rôles, un jeune qui aurait tué un policier dans les mêmes conditions, des voix s’élèveraient pour réclamer la peine de mort.

Pourquoi clore rapidement l’affaire ? Pour éviter donc l’embrasement généralisé des quartiers populaires dans une période où les luttes ouvrières secouent la France comme les cheminots qui sont en grève depuis bientôt 4 mois. Il faut éviter coûte que coûte que le mouvement des jeunes des banlieues rejoignent des ouvriers en lutte ce qui donnerait une situation très instable. Le fait qu’il y ait une poussé des luttes ouvrières et dans les quartiers populaires est une double expression de la crise du capitalisme français. Alors il faut faire sauter un cran de sûreté. Aller vite dans l’affaire Aboubakar, montrer que c’est un accident de la part d’un agent isolé et n’ont pas une expression d’un racisme systémique. Une méthode rodé mais qui finira par ne plus fonctionner lorsque l’on voit l’État et sa milice se comporter en colon dans les banlieues et qui applique la justice coloniale.


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