A peine quelques mois après les débats sur le sujet qui ont échauffé la sphère politico-médiatique, le maire de Morlaix, Agnès Le Brun, a décidé de mettre fin aux plats de substitution proposés par la cuisine centrale de la commune. On estime pourtant à 10% le nombre d’élèves morlaisiens de confession musulmane, et c’est sans compter les enfants végétariens ou de confession juive, également concernés par cette décision arbitraire. L’adjoint chargé des affaires culturelles et scolaires, Georges Auregan, déclare pourtant que « ces repas sont devenus un signe distinctif d’une appartenance communautaire. Ce qui n’a pas lieu d’être dans les écoles primaires publiques et laïques. » Le propre de la laïcité tant défendue étant pourtant de permettre à toutes et tous de se sentir libre de pratiquer ou non la religion de son choix. Il s’agit bien d’une mesure avant tout islamophobe, servant à marginaliser les familles musulmanes pratiquantes, qui se verront dans l’obligation d’assurer elles-mêmes les repas de leurs enfants ou de prendre le risque de les exposer à des carences à cause de plats uniques imposés. Dans les faits, les enfants se retrouveront obligés de trier ce qu’il y a dans leurs assiettes ou de rentrer manger chez eux, qu’ils soient musulmans, juifs ou végétariens, ce qui participera d’autant plus à leur marginalisation vis à vis de leurs camarades.
Les plus réactionnaires se défendent en arguant que ceux à qui la mesure déplaît peuvent toujours scolariser leurs enfants dans des écoles privées. Argument qui ostracise la question de la ségrégation raciale (à moins que ce ne soit le but ?) alors que les écoles publiques restent l’un des rares lieux de mixité sociale – au moins en apparence. Argument qui passe outre les questions budgétaires : la viande qui sera gaspillée parce que non mangée, les parents qui n’ont pas d’emploi leur permettant de faire manger les enfants à la maison le midi... Argument, enfin, qui est on ne peut plus incohérent, puisqu’il s’agit d’une stigmatisation bien précise : jamais le poisson servi le vendredi dans la plupart des écoles publiques françaises n’a été dénoncé comme une atteinte à la laïcité, alors qu’il s’agit d’une habitude héritée de la culture chrétienne, bien souvent imposée aux enfants.
L’Association des Parents d’Elèves de Morlaix a décidé de réagir en conséquence, appuyée par l’association comorienne de la commune, et a appelé à manifester ce vendredi devant la mairie. Espérons que cette injustice ne devienne pas la norme, et luttons pour la diversité dans les assiettes et dans les écoles !
