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Violences policières et mensonges d’Etat

Moratoire et interdiction du Flash-ball. Mais qu’en pensent les socialistes ?

Suite aux graves blessures d’Amine, un adolescent de 14 ans touché au bas-ventre, à Argenteuil, et de Tarik, un jeune homme de 26 ans blessé à la tête aux Ulis, dans la nuit du 13-14 Juillet, le Défenseur des droits, Jacques Toubon a préconisé, le 21 juillet, l’interdiction de l’utilisation du flash-ball en manifestation, ainsi qu’un moratoire sur son usage quel que soit le contexte, considérant la « gravité des lésions » que cette arme peut causer. Les réactions n’ont pas tardées à se faire entendre : tandis que les « syndicats » de police, Unité SGP-Police FO et Alliance, s’insurgent le ministère de l’Intérieur juge le moratoire proposé « contre-productif ».

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Karel Venuvitch{}

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Des champs de bataille aux mouvements sociaux, l’avènement progressif du flash-ball

De Gaza aux manifestations, le flash-ball a été progressivement testé et implanté dans le paysage répressif. Dans un premier temps, l’armée israélienne à Gaza, et l’armée britannique en Ulster, ont été les premières à utiliser des lanceurs de projectile en caoutchouc au début des années. Depuis les champs de bataille, le flash-ball a par la suite fait son entré sur le territoire hexagonal à partir de 1998, entre les mains de la BAC tout d’abord, pour être utilisé dans les quartiers populaires. C’est en 2002 que Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, généralise l’usage des flash-ball par le biais de la loi LOPSI. Cette arme sévit alors autour des stades de football dans le cadre de la répression des Ultras, puis sur les ZAD. Enfin, ultime étape de test : le milieu urbain lors de manifestations, avec notamment son usage massif lors des manifestations d’hommage à Rémi Fraisse à l’automne dernier à Toulouse ou à Nantes. Parallèlement à cette période « d’essai », un nouveau marché, fructueux, s’est ouvert pour les capitalistes. Dans ce contexte, on comprend mieux la déclaration du ministère, jugeant un moratoire sur les « armes alternatives » contr- productif ...{{}}

Le flash-ball, arme « non létale » ? Un mensonge d’Etat !

La ligne de défense de l’institution policière pour maintenir l’usage du flash-ball tient en deux arguments phare : son interdiction engendrera l’usage d’autres armes, plus dangereuses, et mettrait en danger policiers et manifestants. Quant aux polémiques sur les mutilations des victimes de violences policières, notamment les nombreux cas d’éborgnements dus à l’usage de cette arme, Christophe Ragondet, délégué départemental du Val-de-Marne pour le syndicat de police Alliance, répond cyniquement que « le but de ce projectile, ce n’est pas de vous faire une caresse ». Ou l’art de botter en touche, puisque malgré le fait qu’il soit strictement interdit de viser la partie supérieure du corps avec un flash-ball, les policiers impliqués dans l’éborgnement de manifestants, jeunes de banlieues ou de supporters de foot, sont systématiquement acquittés.

Mais outre ce cynisme nauséabond, qui tente de justifier non seulement l’usage de cette arme mais aussi de minimiser les mutilations qu’elle engendre, le deuxième argument mis en avant par les institutions policières relève d’un mensonge pur et simple. Le flash-ball serait une arme « non létale », c’est-à-dire qui ne tue pas : « Je ne conteste pas le fait qu’il y ait eu des blessures, mais on parle bien d’une arme non létale et jusqu’à preuve du contraire il n’y a pas eu de mort », affirme Ragondet. Or, le groupe de travail du 27 novembre 2007, constitué pour soutenir Pierre, un lycéen mutilé à Nantes par un tir de flash-ball, a publié un tableau récapitulatif des cas « connus » (c’est-à-dire, qui ont débouché sur des plaintes au pénal) de mutilations et décès du au flash-ball sur la période 1994-2014. Bilan : sur les 45 cas recensés, 4 morts !

L’illusion « made in Caseneuve » du désarmement de la police

« Un moratoire sur les armes intermédiaires serait contre-productif et pourrait avoir des conséquences dangereuses : nous ne pouvons pas (...) nous permettre de désarmer nos forces de l’ordre », a déclaré Pierre-Henry Brandet, porte parole du ministère de l’Intérieur le 22 juillet dernier. Cette prise de position tient à la fois du discours idéologique, renforce le climat de peur ambiant, annonce la couleur et détourne l’attention sur la mise en place de nouvelles armes intermédiaires. Idéologique tout d’abord, car il renforce le concept de monopole de la violence par l’Etat, basé sur l’illusion mensongère d’un Etat bourgeois au dessus des conflits et « neutre » dans la lutte des classes. De plus, cette déclaration intervient dans un contexte de climatsocial tendu, que cela soit en France, avec comme toile de fond la crise économique. Enfin, le lanceur de balles de défense (LBD), jugé par Amnesty international comme des armes individuelles dites « à létalité réduite » n’est pas visé par ce fameux moratoire.

Loin d’un désarmement de la police, la politique suivie par les autorités tend, au contraire, vers un renforcement des outils de répression des mouvements sociaux et des classes populaires. De plus, l’insistance sur la soi-disant non létalité du flash-ball prétend rendre « acceptable » la répression au yeux du grand public, et ce dans un climat d’escalade sécuritaire, avec de véritables « laboratoires répressifs » comme à Toulouse ou Nantes dans le cadre des mouvements ZAD. C’est pourtant la revendication démocratique minimale que devrait avancer le mouvement ouvrier et de la jeunesse : désarmement complet de la police, dissolution de la BAC, abrogation de la législation répressive anti-sociale, à commencer par les prélèvements ADN. Que les socialistes s’opposent à un moratoire sur l’usage du flash-ball suggéré par l’ancien ministre de droite qu’est Jacques Toubon en dit long sur leur « socialisme ».


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