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Extrême-droite hors de nos manifs !

Manif contre le pass sanitaire : dégageons l’extrême-droite et défendons une stratégie sanitaire ouvrière !

Ce 7 août une nouvelle manifestation est appelée contre le pass sanitaire. Si la mobilisation prend de l’ampleur, la banalisation de l’extrême-droite en son sein est un véritable danger. Cette présence des réactionnaires, qui ont agressé des militants à Nantes samedi dernier, est facilitée par la passivité des directions syndicales et doit être combattue.

Paul Morao

6 août 2021

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En plein été, la mobilisation contre le pass sanitaire s’étend depuis le 14 juillet

Samedi dernier, les mobilisations contre le pass sanitaire ont réuni plus de 200.000 personnes en France d’après le Ministère de l’Intérieur. Un chiffre qui exprime une dynamique d’élargissement continu du mouvement depuis le 14 juillet. En France, 200 rassemblements et manifestations ont ainsi eu lieu. Dans le même temps, le mouvement recueille un soutien important d’après un sondage publié cette semaine. 51% des enquêtés disent « comprendre les revendications », et 40% soutenir le mouvement.

Une dynamique aussi impressionnante qu’inédite en plein été qui exprime la profondeur du rejet des mesures autoritaires d’Emmanuel Macron, dont le pass sanitaire constitue la dernière expression. Sous couvert de gestion sanitaire, cette mesure ouvre la voie à un flicage et à des attaques contre le monde du travail. Alors qu’elle n’offre aucune réponse sérieuse à l’épidémie, en pleine reprise du fait du variant delta que le gouvernement a laissé se répandre, elle tente de masquer la responsabilité centrale de la gestion gouvernementale dans la situation sanitaire. Une nouvelle offensive anti-démocratique, validée ce jeudi par le conseil constitutionnel qui montre ainsi son véritable rôle : servir de caution démocratique aux attaques bonapartistes du gouvernement au service des intérêts des classes dominantes.

Si la mobilisation draine de nombreux secteurs de travailleuses et travailleurs, notamment parmi les soignants, les profs, les travailleurs du médico-social, elle reste cependant marquée par une orientation contradictoire. En effet, le refus de l’autoritarisme du gouvernement qui s’y exprime, corollaire de sa gestion catastrophique de l’épidémie, se joue sur un terrain individualiste, opposant la « liberté » vaccinale, principal mot d’ordre du mouvement, à l’autoritarisme de Macron. Une logique favorisée par la défiance d’une partie de la population vis-à-vis du vaccin, qui ouvre la voie aux discours covidosceptiques les plus confus et complotistes ainsi qu’à la récupération par l’extrême-droite de cette colère.
 

L’extrême-droite à l’offensive dans le mouvement pour canaliser la colère sur un terrain réactionnaire

Depuis le 14 juillet, l’extrême-droite tente ainsi de surfer sur la défiance qui prévaut dans le mouvement. Sur fond d’une crise générale de la confiance dans les institutions de la Vème République, celle-ci est le produit de la gestion gouvernementale, des scandales associés à l’industrie pharmaceutique et de l’atomisation sociale favorisée par les confinements successifs. Les réactionnaires cherchent ainsi à surfer sur les aspects les plus confus de la colère qui s’exprime pour se légitimer et élargir leur audience.
 
A Paris, Florian Philippot, ancien bras droit de Marine Le Pen, a ainsi réuni dans ses propres manifestations plusieurs milliers de personnes ces trois dernières semaines. Des groupuscules d’extrême-droite se sont également rendus aux manifestations. Outre Civitas, qu’on a pu voir défiler à Nantes, divers groupuscules nationalistes violents étaient présents : l’Action Française à Orléans, « Bordeaux Nationaliste » à Bordeaux, les Zouaves dans la manifestation de Philippot à Paris le 17 juillet, la Ligue du Midi à Montpellier… Enfin, les organisations et figures covidosceptiques qui ont émergé au cours de la pandémie, et dont les liens avec l’extrême-droite sont avérés à l’image de RéinfoCovid, Bon Sens et de personnalités comme Alexandra Henrion-Caude, Louis Fouché ou encore Martine Wonner, ont également répondu à l’appel.
 
La présence de ces secteurs ultra-réactionnaires est acceptée par une partie des manifestants, au nom de la nécessité d’une unité face au gouvernement. La réalité, c’est que c’est cette présence qui œuvre à la division. Outre qu’il est un pur produit du système qu’il dénonce et un fervent défenseur de la Vème République, Florian Philippot est ainsi un xénophobe et nationaliste notoire qui veut s’attaquer aux droits des étrangers, pourtant particulièrement exposés aux conséquences du pass sanitaire. Civitas et Alexandra Henrion-Caude sont de leurs côtés connus pour leur lutte contre l’avortement, la PMA et les droits des femmes et minorités de genre.
 
L’Action Française ou les Zouaves sont quant à eux des groupuscules violents, connus pour leurs agressions racistes ou visant ceux qui se mobilisent contre le gouvernement. En 2018, ils s’en étaient ainsi pris aux étudiants qui luttaient contre la sélection instaurée par Macron à Paris, Montpellier ou Strasbourg mais aussi aux militants anticapitalistes du NPA en 2019 pendant le mouvement des Gilets jaunes. Samedi dernier à Nantes, des militants d’extrême-droite proches de Civitas, parmi lesquels Wilfried Van Liempd, numéro 2 de la liste RN aux municipales en 2020, s’en sont pris à des militants antifascistes. Enfin, des franges de manifestants ont agressé à Montpellier un pharmacien qui réalisait des tests antigéniques aux cris négationnistes de l’épidémie de « collabos » et « d’assassins ».
 
Comme le soulignait dans une vidéo Anasse Kazib, aucune unité n’est possible aux côtés de secteurs aussi réactionnaires, qui diffusent l’obscurantisme dans le mouvement et dont l’opposition de façade au gouvernement cache mal le racisme, l’autoritarisme et la violence envers une grande partie de notre camp social.
 

La nécessité d’un autre discours sur la crise sanitaire dans la mobilisation

 
Contrairement à ce que certains avancent, la majorité de ceux qui manifestent n’ont cependant rien à voir avec ces secteurs d’extrême-droite qui demeurent marginaux dans la mobilisation. Les contre-manifestations organisées à Paris par des collectifs de Gilets jaunes refusant de marcher derrière Philippot ont ainsi rassemblé des milliers de personnes. Pour autant, ils prospèrent sur un état d’esprit général marqué par la confusion, démultipliée par des mois de confinement et de gestion contradictoire de la crise sur laquelle les complotistes ont bâti leur influence, ainsi que sur la naïveté de nombreux primo-manifestants, voire de manifestants expérimentés, pour qui l’« unité » constitue un but en soi.
 
Surtout, cette influence des réactionnaires est favorisée par l’absence quasi-totale des directions syndicales et du mouvement ouvrier comme force d’opposition au gouvernement depuis le début de la crise sanitaire, mais également depuis les annonces concernant le pass sanitaire. A l’exception de quelques condamnations formelles, les directions confédérales se sont tenues entièrement en dehors de la mobilisation, allant même jusqu’à l’ignorer dans leurs communiqués. Ce boycotte n’a pas empêché plusieurs structures syndicales d’appeler aux mobilisations localement, et, plus récemment, les fédérations de la santé de SUD et de la CGT de déposer des préavis de grève tardifs à partir d’août. Une dynamique qui a laissé tout l’espace aux groupes d’extrême-droite pour tenter de prendre la main sur la colère.

Si l’on doit s’opposer à ces secteurs, la bataille contre leur influence implique de se mobiliser en portant dans le mouvement un programme sanitaire ouvrier. De tels mots d’ordre devraient être portés dans la rue, en appelant à la grève, y compris au-delà de la santé, mais également en participant et organisant les mobilisations le samedi, en toute indépendance de l’extrême-droite et en participant à chasser des cortèges ses groupuscules, comme l’ont fait diverses organisations d’extrême-gauche, notamment antifascistes dans plusieurs villes du pays. En ce sens, il est nécessaire d’agiter un programme qui articule des revendications pour une campagne de vaccination massive - sur le plan national comme international par la levée des brevets - avec celles pour des moyens pour l’hôpital public ainsi que pour briser les chaînes de contamination, dans le cadre d’une stratégie entre les mains des travailleurs et de la population, à rebours de la gestion autoritaire par le gouvernement. Un programme dont la défense devrait aller de pair avec une campagne active dans les entreprises et les quartiers populaires pour convaincre du bien-fondé de la vaccination pour protéger notre camp social et en finir avec l’épidémie.


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