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Mal-logement

Mal-logement à Grenoble : le DAL poursuit le bras de fer avec la ville en occupant la place de Bonne

Alors que la canicule frappe de plein fouet les mal-logés et les sans-abris, le collectif Droit au Logement de Grenoble entame le bras de fer contre la mairie d'EELV d’Eric Piole afin d’obtenir la réquisition des logements vides.

Pierre Chavatte

21 juin 2022

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Afin de lutter contre le mal-logement et le sans-abrisme à Grenoble, voilà maintenant deux semaines que les militant·e·s du collectif Droit au logement (DAL), avec plusieurs dizaines de personnes concernés par ces problématiques, ont entrepris une « manifestation statique permanente », en occupant la place de Bonne. Interrogé, Julien, militant du DAL, justifie cette action : « on a estimé que sur la place de Grenoble le problème était tel qu’il fallait passer à un niveau supérieur de mobilisation ». Plusieurs fois mobilisé ponctuellement durant l’année, sans pour autant obtenir de réponses satisfaisantes, le DAL a décidé de durcir le bras de fer avec la municipalité EELV de Grenoble afin d’obtenir des mesures concrètes sur cette question.

Des conditions d’hébergement indignes

Moïse, un autre militant du DAL, dénonce les conditions de précarité que subissent un grand nombre de famille : « Il y a des familles qui sont menacées d’expulsion, des familles qui vivent dans des conditions animales parce qu’elle sont logés dans des centres d’hébergement ». Dans les centres, il raconte le manque de matériel, les punaises de lit, ainsi que l’éloignement du centre-ville qui, le plus souvent, rend difficile le suivi du cursus scolaire pour les enfants. Les femmes, en particulier, sont plus sévèrement touchées par ces conditions de vie précaires. En effet, à Grenoble, l’un des centres d’accueil de nuit pour les femmes est même menacé de fermeture. « Ce sont des choses qu’on dénonce, c’est pour ça qu’on est mobilisés pour faire bouger les choses ! »

La colère monte contre la politique de la ville

Avec d’autres, ces militant·e·s ont manifesté ce samedi 18 juin dans les rues de la ville pour faire connaître leur lutte et leurs revendications. Malgré la canicule et la chaleur écrasante, celle-ci n’a pas entamée la bonne humeur et la détermination du cortège. « Qu’est-ce qu’on veut ? des logements ! Pour qui ? Pour tous ! Maintenant ! » scandaient les manifestant·e·s ! L’une des revendications centrales était articulée autour du respect de la loi de réquisition des logements vides. Arguant le d’un grand nombre de logements laissés vacants sur Grenoble, le DAL pointe du doigt l’inaction de la municipalité : « C’est un choix politique de laisser les gens dehors » clame Julien en début de manifestation. Il dénonce la priorité donnée par la ville aux promoteurs privés, de spéculer sur l’immobilier, mettant en difficulté des plus précaires face à l’augmentation des loyers. Comme pour souligner l’urgence de la situation, la canicule induite par le réchauffement climatique est venue s’ajouter aux difficultés déjà nombreuses que connaissent les habitants de logements insalubres.

Face à la mobilisation, la mairie EELV d’Eric Piole n’a pas souhaité prendre d’engagements politiques pour résoudre la question du mal-logement. Invités à venir échanger avec le collectif aux assemblées générales, organisées chaque vendredi soir à 18h30 par les occupant·e·s de la place de Bonne, ni le maire, ni le président de la métropole, ni même l’EPFL (établissement public foncier locale) n’ont donné suite à ces sollicitations. Seul le conseiller au logement de la mairie à fait le déplacement, mais, là encore, s’il a reconnu soutenir le combat, il s’est refusé à tout engagement politique. Seule la Préfecture de l’Isère a à ce jour reçu les représentant·e·s du DAL, mais sans qu’aucune solution pérenne ne se dégage. Faute de réponse satisfaisante, la mobilisation se poursuit et devrait s’accentuer dans les semaines qui suivent.

Droit au logement, droit aux papiers : même combat

Appelant à une réponse politique, les occupant·e·s s’organisent autour d’une base revendicative large. Pour Moïse, le droit au logement et le droit pour toutes et tous à des papiers sont intimement liés : « sans logement il n’y a pas de vie ! ». Pour beaucoup, les papiers et un logements sont des impératifs nécessaires pour pourvoir vivre dans de bonnes conditions, pouvoir trouver un travail, et vivre dans la « dignité », comme le scandaient les manifestants.

En témoigne Sakou, l’un des occupant de la place de Bonne, qui est arrivé de Côte d’Ivoire en 2017 : « Je venais à Grenoble pour ma demande d’asile, j’avais pas d’endroit où dormir et je passais tout mon temps à la gare ». Nombreux·ses sont celles et ceux qui sont déterminés à rester là, sur la place de Bonne, pour se faire entendre jusqu’à obtenir satisfaction.

Plusieurs collectifs sont venus samedi exprimer leur soutien aux occupants du Droit au Logement, tel que l’Union des étudiants de Grenoble, Sos Racisme, Action Grenoble antifa, ou encore le comité Lucie Baud. Pour l’heure, sans solution satisfaisante, l’occupation se poursuit. La question du mal-logement et du sans-abrisme dépasse largement le cas de la ville de Grenoble. Que l’on se souvienne des mots d’Emmanuel Macron en 2017, promettant qu’il n’y aurait plus de sans-abris dans les rues, ou encore du sort réservé aux migrants dont les tentes sont lacérées par la police. De fait, face aux politiques libérales, toujours en faveur des intérêts privés et de la spéculation immobilière qui favorisent la prolifération des taudis, nous devons revendiquer l’expropriation des propriétaires immobiliers et la réquisition des logements vides. De plus, nous devons revendiquer la régularisation de toutes et tous les sans-papiers.


      
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