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JUSTICE COMPLICE

Main arrachée par les gendarmes à la rave-party de Redon : la plainte classée sans suite

Organisée en juin dernier en hommage à Steve Maia Caniço, la rave-party de Redon a été brutalement réprimée par les gendarmes, l’un des participants ayant perdu la main suite à un tir de grenade. Deux plaintes visant les gendarmes avaient été déposées, que le parquet de Rennes vient finalement de classer sans suite.

Martin Leroye

14 mars 2022

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La rave-party qui s’est tenue près de la ville de Redon dans la nuit du 18 au 19 juillet dernier, avait été organisée en hommage à Steve Maia Caniço, mort noyé deux ans auparavant à la suite d’une charge policière lors de la fête de la Musique à Nantes. Rapidement interdite par la préfecture, ce sont près de 400 gendarmes qui seront déployés pour empêcher la tenue de l’événement, réprimant les participants à coups de tirs de grenades, LBD et lacrymos. Les témoignages que nous avons récolté par la suite font état l’intervention dans la nuit d’une « scène de guerre », décrivant une répression sans « répit jusqu’à 7h30 », où « les gens se cachaient, vomissaient tellement c’était insoutenable. Certains tombaient littéralement de douleur  ».

Si l’étendue des blessures causées parmi les participants n’est pas connue, l’un d’entre eux, âgé de 22 ans à l’époque, s’est fait arraché la main par une grenade de désencerclement. A la suite de cette répression violente, une enquête publiée par Médiapart révélait que les secours ont été empêchés d’intervenir par la gendarmerie, alors même qu’ils savaient que l’un des participants venaient d’être violemment blessé. L’un des témoins de la scène racontait à l’époque au micro de Révolution Permanente : « Quand le camarade a perdu sa main, on a appelé les secours, qui étaient derrière les gendarmes mobiles et qui nous ont demandé de l’amener à eux. On a essayé de l’amener, et on s’est pris des LBD. Les flics étaient pertinemment au courant qu’ils venaient d’arracher la main de quelqu’un, qu’il y avait de nombreux blessés, ça ne les a pas empêché de continuer à réprimer. »

Suite à cette nuit marquée par la violence et l’impunité policière, deux plaintes ont rapidement été déposées : l’une de la part du jeune homme de 22 ans désormais amputé de la main droite, l’autre pour non-assistance à personne en danger, concernant le fait que les gendarmes n’ait pas permis aux pompiers de secourir les blessés. Ces deux plaintes ont finalement été classées sans suite par le parquet de Rennes, la première au motif que « l’usage des armes par les forces de l’ordre s’est fait en riposte et s’est avéré nécessaire et proportionné » et que le jeune homme se serait « volontairement emparé » de la grenade lui ayant arraché la main. Une manière de blâmer la victime, et de dédouaner complètement la féroce répression que les participants ont subi cette nuit là, où près de 2 000 grenades ont été jeté selon un article de Ouest France.

La seconde enquête ouverte, concernant l’accès des lieux par les secours, a également été classée sans suite par le procureur, expliquant « les circonstances d’intervention étaient particulièrement dangereuses, rendant complexe et risquée l’intervention », « tant des secours que des forces de l’ordre » . Une version qui contredit le récit des pompiers interrogés par Médiapart, qui expliquent avoir eu « honte d’être pompier. Un jeune risquait de mourir. Nous le savions. Mais nous ne pouvions pas intervenir ». Également, cet argument visant à dire que l’intervention des pompiers présentait un risque pour eux -dans la logique de chercher à montrer les participants comme violents- est bien loin de la réalité relatée par les pompiers, qui racontent que « quand il s’agissait d’aller chercher des gendarmes blessés à l’intérieur, il n’y avait pas de problème, d’autres gendarmes nous escortaient ».

Ainsi, cette affaire s’inscrit dans la longue histoire de l’impunité policière, où après qu’elles aient subit une répression féroce, la justice nie les violences perpétrées envers les victimes, ne leur accordant même pas le droit à un procès. Tout comme dans l’affaire Babacar, classée sans suite par le parquet de Rennes en décembre dernier, démonstration est faite de la protection sans faille de la justice quant à l’institution policière.


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