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Le président de la finance

#MacronLeaks : comment les réseaux de la finance mondiale ont lancé la campagne du nouveau président

A voir la couverture qu’en font les grands médias, il n’y aura rien à se mettre sous la dent dans les documents internes révélés dans le cadre du MacronLeaks. Pourtant, s’il est vrai qu’il n’y a rien d’illégal et que les informations les plus scandaleuses se sont vus démenties rapidement, les documents passés à la moulinette par Libération laissent entrevoir un financement par les milieux financiers internationaux sans précédent.

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« Circulez, y’a rien à voir » : c’est le message délivré par l’ensemble des grands médias qui semblent s’être donnés rendez-vous pour préserver Macron, à quelques jours de son investiture. Il est vrai que cette fuite d’emails sensibles est loin de révéler des scandales du niveau de ce que disaient les milieux d’extrême droite qui l’ont relayée, Marine Le Pen en tête. Mais de là à dire qu’il n’y a rien…. Les documents passés à la moulinette par Libération laissent présager une gigantesque entreprise de financement par les milieux financiers internationaux qui flirte avec le conflit d’intérêt.

Un financement exceptionnel de la part des milieux financiers internationaux

15 millions d’euros, c’est la coquette somme qu’aura réussi à réunir Macron en moins d’un an pour financer sa campagne. C’est un record pour celui qui ne disposait d’aucun parti et d’aucune subvention publique. Pour cela, celui-ci a mené un travail de démarchage intense qu’il a commencé dès l’époque où il était encore ministre de l’Economie. Pour ce faire, il va largement utiliser le réseau d’HEC. Avec l’aide de Christian Dargnat, ex-patron de la filiale de gestion d’actifs de la banque BNP Paribas, mais aussi de Christian Deseglise, l’un des directeurs internationaux de la banque HSBC, celui-ci va rapidement se constituer un petit pactole.

Progressivement, c’est une véritable entreprise industrielle de récupération de dons qui va être lancée, taillée sur mesure pour convaincre les grands noms de la finance et du patronat. Le 1er juin, un événement organisé chez un jeune patron, dans le XVIe arrondissement de Paris, prévoit « le passage d’Emmanuel ». La présentation est soignée au millimètre près pour les 35 membres de « cercles influents (hors PDG CAC 40) ». « Potentiel maximum de dons » : 225 000 €. « Probabilité de dons » : 60 %. Résultat, « un montant prévisionnel » de 135 000 euros.

Les rencontres (dîners, déjeuners, cocktails) s’enchaînent. Les enjeux sont clairement annoncés comme le montrent les communications de Deseglise, le banquier de chez HSBC : si Macron vient pour présenter « les grands thèmes de son programme présidentiel », il précise : « Le second objectif, soyons très clairs, est une levée de fonds ». « Un enjeu majeur pour les prochains mois » selon ses propres mots. Selon Libération, 1,7 % de gros donateurs auraient fourni à eux seuls, à l’échéance de mars 2017, près de 45 % de la collecte globale.

Cette levée de fonds va se faire à l’international. Du 4 au 6 décembre, Macron est à New York et il enchaîne les rencontres. Il s’affiche au côté de l’économiste en vogue Joseph Stiglitz. Dans une scène filmée par le documentariste Yann L’Hénoret et diffusée au lendemain de la victoire de Macron, l’ex-ministre de l’Economie prend la parole devant parterre d’invités, dont les visages sont floutés : « Je ne vais pas vous faire un très long speech. Sur l’argent, une campagne présidentielle, c’est plafonné. Vous n’avez pas le droit d’être aidé par des entreprises, vous pouvez être aidés par des particuliers. […] J’ai encore besoin de lever en "equity" (fonds propres) 5-6 millions d’euros ». Le message est clair.

Opacité et soupçons de conflits d’intérêts

C’est donc bien les milieux financiers internationaux qui ont lancé la carrière présidentielle d’Emmanuel Macron. Pourtant, à en croire l’intéressé et les médias, il n’y aurait rien à cacher. Mais le contenu des documents révélés par Libération suggère une vision très différente. Macron en campagne a tout fait pour rendre le plus opaque possible ses différents financements. Ainsi, dans les échanges mails, il est impossible de connaître le nom des donateurs. Car les consignes de contenu sont claires : aucun nom ne doit passer par mail, mais seulement à l’aide de la messagerie cryptée Telegram. Libération révèle également que l’équipe de Macron a délibérément annoncé publiquement un montant de dons reçus systématiquement inférieur à la réalité durant sa campagne. Rien à cacher, vous êtes surs ?

De plus, l’émission de chèques de la part de secteurs financiers alors que le futur candidat est encore ministre de l’Economie inquiète dans son équipe. On pourrait l’accuser de conflits d’intérêts, d’autant plus quand on sait que celui-ci aurait utilisé, selon deux journalistes, une partie de sa réserve budgétaire de ministre pour organiser des rendez-vous. Qu’à cela ne tienne, ceux-ci décident d’attendre sa sortie du gouvernement pour encaisser les chèques. Mais on ne voit pas bien la différence que cela fait.

Surtout, le conflit d’intérêts est bien réel quand on sait que ce futur président de la République prévoit une guerre antisociale au profit de ceux qui ont financé sa campagne. Les sources de financement de Macron en disent long sur le « renouveau politique » que celui-ci appelle de ses vœux : celui d’un ex-banquier, financé par les banquiers à l’échelle mondiale et qui s’apprête à faire une politique au service de la finance et du grand patronat.


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