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Rien n'est trop beau pour réduire le poids du mouvement ouvrier

Macron veut supprimer les cotisations chômage et les négociations paritaires qui vont avec !

Après avoir lancé officiellement sa campagne il y a de cela deux semaine et égrainé des éléments de programme au fur et à mesure d'interviews, Emmanuel Macron cherche réellement à se mettre « en marche » et ce, avec le plus de sympathisants possibles. 10 000 : c'est le nombre de soutiens qu'espère voir en face de lui l'ex ministre de l'économie ce samedi 10 décembre à la Porte de Versailles, pour un meeting qui est censé annoncer les points structurants de son programme économique. Un programme qui, on le sait, sera de toute façon à charge pour le monde du travail, dans la même lignée que celui de François Fillon. Et pour le démontrer, il suffit de regarder de plus près les quelques annonces qu'il a pu d'ores et déjà faire en public.

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Augmenter les revenus et baisser les cotisations : La recette miracle de Macron

Invité jeudi sur BFM TV et interrogé par Jean Jacques Bourdin, le candidat « anti-système » qui veut incarner « l’espérance » auprès des Français a dévoilé quelques mises en bouche de son programme économique. Des propositions, pas tant commentées que cela, malgré la forte symbolique qu’elles envoient. « Ce que je veux faire, c’est supprimer les cotisations maladie et les cotisations chômage que paie le salarié » a ainsi lancé le candidat à la présidentielle, sûr de faire mouche pour attirer l’oreille de l’auditeur distrait. La proposition complète suit : une suppression des cotisations maladie et chômage du salarié au profit d’une hausse de la CSG (Contribution Sociale Généralisée), qui permettrait, selon lui, d’augmenter « d’au moins 500 euros » par an le pouvoir d’achat d’un couple au SMIC ». « Merveilleux ! » s’exclamera l’électeur qui n’a plus confiance (à raison) dans le PS et qui cherche à trouver son salut pécuniaire dans un candidat social-libéral. Même Libération semblait s’extasier devant un revirement « à gauche » du candidat d’En Marche ! : « Cette mesure, enfin, paraît étonnante de la part d’Emmanuel Macron. L’homme qui veut lever, fiscalement, les freins à l’investissement propose ainsi de taxer davantage le capital. » Sauf que les objectifs de la mesure, on s’en doute, ne sont ni de taxer d’avantage le capital (aucun banquier de Rothschild ne s’y risquerait !) ni d’augmenter les revenus des « pécores » dont la classe politique se fout éperdument (d’autant plus que le chiffre de 500€ est qualifié unanimement de « surestimé).

Actuellement, les cotisations sociales des salariés financent à hauteur de 53,6 milliards d’euros la Sécurité Sociale, quand la CSG la finance à hauteur de 80,1 milliards. Le but est que la première partie, financée uniquement par les salariés, soit supprimée, au profit d’une CSG plus élevée, avec une assiette plus large (elle taxe aussi les revenus des retraités et du capital). Le procédé est connu : en 1996, Alain Juppé descend les cotisations salariales de 1,3 % pour une hausse de CSG de 1 %. En 1997, Lionel Jospin descend de 4,75 % les cotisations pour une hausse de 4,1 % de la CSG. Macron propose donc aujourd’hui de descendre de 3,15 % les cotisations (jusqu’à zéro) et d’augmenter la CSG en conséquence. La suppression de ces cotisations, qui se divisent en cotisations maladie et cotisations chômage, n’auront pas les mêmes effets. Si la suppression des cotisations maladies n’a pas énormément d’incidences, celles des cotisations chômage révolutionnera en quelque sorte la gestion du système et ce, par la petite porte.

Une recette miracle pour les travailleurs ou pour le patronat ?

En effet, la suppression des cotisations chômage payées directement par le salarié va tout simplement faire disparaître le lien entre les cotisants au chômage et leurs droits. De plus, cette mesure réduit énormément le poids des syndicats dans la gestion de l’assurance chômage, car ils ne pourront plus fixer des cotisations sociales qui auront disparues. En somme, il s’agit de rendre à l’état toute la gestion du système de chômage, une mesure qui ne devrait pas déplaire à Pierre Gattaz et au Medef, qui ont toujours voulu voir les syndicats éliminés de la gestion du système d’indemnisation du chômage, présence issue d’un compromis du début de la cinquième République. Cette « nationalisation » de l’Unedic serait une aubaine pour le patronat, car l’état à sa botte réussirait sûrement plus facilement à réduire allocations et cotisations des employés.

De plus, l’argument que lance Emmanuel Macron, celui de réduire l’écart en salaire net et salaire brut, sous-entendu au profit d’une augmentation du salaire net, semble totalement illusoire. En effet, on peut légitimement penser que le patronat, voyant le SMIC net augmenter, réclamera une diminution du SMIC brut sous prétexte « d’une crise qui n’en finit pas ». Au mieux, le patronat cherchera à nous tromper une fois de plus, expliquant que « ses largesses » devraient nous inciter à la confiance à son égard. Quelle que soit l’option choisie, que ce soit Fillon ou Macron qui la mette en place, ne nous trompons pas, il s’agira pour le patronat d’une aubaine, pour faire augmenter, à moyen et long terme, ses profits.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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