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"Coup de com"

Macron renonce à son régime spécial : ridicule et insultant pour les travailleurs et grévistes

Alors que les travailleurs sont vent-debout contre la réforme des retraites et que les grévistes payent chaque jour plus durement leur lutte pour l’intérêt de tous, Macron ne trouve rien de mieux que de se mettre en avant comme donneur d’exemple. On hésite entre les qualificatifs « ridicule » ou « odieux ». La réponse est : « les deux mon président ».

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Crédit photo : AFP / Hartmann

Pourquoi Macron fait-il cela ? devinez !

La question du régime spécial dont bénéficient les présidents pour leur retraite a été plus d’une fois mise sur le tapis. L’article 19 de la loi de 1955 prévoit en effet que, dès leur départ de l’Elysée, les anciens chefs d’Etat reçoivent à vie une dotation équivalente au salaire d’un conseiller d’Etat, soit 6 220 euros bruts par mois. Privilège sans limite, cette somme n’est soumise à aucune condition d’âge, ni durée de mandat, ni plafond de revenus.

Macron, sans doute dans la perspective de la réforme des retraites qui était dans son cartable, en avait fait l’un des points de son programme de campagne. Mais il n’en a pas été question pendant toute l’élaboration du projet, ni avant, ni après la présentation du rapport Delevoye, ni dans les attaques proférées contre les régimes spéciaux, toutes concentrées sur les « nantis » de la SNCF ou de la RATP.

Cette semaine, après deux semaines de grèves et alors que le bras de fer est engagé avec les grévistes qui se battent pour le retrait ; après le fiasco de la rencontre avec les « partenaires sociaux » à Matignon, le Chef de l’état, malgré ses certitudes et sa superbe, commence à trembler vraiment. Tous les hochets qu’il agite lui échappent des mains les uns après les autres. Les grévistes de la RATP et de la SNCF, en dépit des injonctions d’un Berger ou d’un Escure continuent la grève. D’autres secteurs comme les travailleurs de l’Energie ou de l’activité portuaire viennent à la rescousse et font peser une menace de plus en plus forte sur le fonctionnement de l’économie. Le chantage à la trêve de Noël, malgré l’acharnement des médias, a beaucoup de mal à entamer le soutien dont la grève bénéficie dans l’opinion publique. Macron se sent mal.

Ce samedi 21 décembre, ses conseillers ont donc lancé un coup de com qui se voudrait un coup de tonnerre (un souvenir du temps où il se prenait pour Jupiter) : « Il ne percevra pas cette retraite prévue à la fin de son mandat par la loi, car il estime que cette loi de circonstance a vocation à être normalisée. Il ne liquidera pas non plus cette somme lorsqu’il prendra sa retraite. Nous sommes dans une ère où les élus doivent être exemplaires ». La manip est tellement évidente que cette prétendue botte de Nevers, au lieu d’être aussi grandiose qu’il le souhaiterait, a toutes les chances d’apparaître ridicule.

Le plus odieux c’est ce pseudo renoncement de riche, jeté au visage des grévistes

Mais pour être ridicule, l’annonce n’en est pas moins odieuse. Macron ne fait ni plus ni moins que de mettre en balance ses gras émoluments et la maigre rémunération d’un cheminot ou d’un agent de la RATP qui gagne 1 200 euros nets par mois et verra sa retraite réduite à la portion congrue si les régimes spéciaux sont supprimés et si la retraite à points se met en place.

En réalité, Macron ne renonce pas du tout à sa retraite ; il renonce simplement à son régime spécial de président, par ailleurs effectivement scandaleux. Pour le reste, il peut compter sur le système de la retraite à points, corrélée à ses importants salaires, pour lui assurer des « vieux jours » ô combien confortables. Il a en effet touché 2,4 millions d’euros lorsqu’il travaillait pour la banque Rothschild, ce qui représenterait 80 000 € par an pendant 30 ans. Et en bon banquier qu’il est ou que ses relations ne manqueront pas d’être pour lui, il pourra faire prospérer sa fortune grâce à de bons placements. Il y a retraite à points et retraite à points, celle des riches qui se gavent et celle des pauvres qui ont tout à perdre.

Il pourrait d’ailleurs d’ores et déjà, en citoyen de base, faire des économies sur son confortable salaire mensuel de président qui s’élève à 15 203 € par mois. Il s’agirait d’ailleurs plutôt d’économies sur son argent de poche puisque son « appart » (l’Elysée), sa bagnole (berline de fonction) et sa « bouffe » (repas gastronomiques) sont pris en charge sur les deniers publics.

Comment un tel « nanti » pour employer le terme qui lui est cher, face à des travailleurs dont l’avenir est menacé d’indigence, ose-t-il jouer les donneurs d’exemple en faisant mine d’abandonner royalement ce qui représente une goutte d’eau dans la mare des généreux revenus dont il disposera. Comment ose-t-il cette provocation alors que certains grévistes ont expliqué sur les médias que leurs enfants n’auraient aucun cadeau de Noël et qu’ils dépendent des caisses de grève pour tenir le coup.

En définitive, un bluff et un chantage pour tenter de casser les grévistes

A force d’inventer les pires tours pour casser la grève et les grévistes, Macron commence à attaquer la falaise. Quelle crédibilité donner à ce coup de théâtre et à la tirade du genre « regardez comme ce système que je propose est bon puisque je me l’applique à moi-même » ?

Rien que pour ce mensonge et cette duplicité, il pourrait bien un jour être mis au pilori. Pour l’heure, il risque tout simplement de renforcer la détermination des grévistes. Il donne une belle opportunité de démontrer en se saisissant de son propre cas, que le système de retraite qu’il propose est fait pour anéantir les plus précaires tout en préservant les riches. Une contre- performance qui pourrait l’inciter à engueuler ses conseillers de com. Toujours aussi mauvais. Mais lui mériterait qu’on l’oblige à verser par anticipation le montant de quelques années de retraite dans les caisses de grève.

Comme on ne peut pas compter sur lui, comptons sur nous. Alimentons les caisses de grève pour lutter contre la réforme des retraites, Macron, et son monde…


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