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Délitement de l'illusion multilatérale

Macron à l’OCDE essaye de donner de la voix. Mais ne convainc pas

Lors de la réunion du conseil de l'OCDE, Macron s’est fait l’avocat du multilatéralisme et a fait les gros yeux aux Etats-Unis après s’être fait épousseté les pellicules sur le revers de sa veste par Trump lors de son voyage à Washington, en avril. Pathétique.

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Crédits photos : ( PHILIPPE WOJAZER / POOL/AFP )

C’est sur un ton solennel et grave que le président des riches a commencé son discours à l’occasion de la réunion du conseil de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE). L’attitude de Jupiter reflète en partie le contexte de tensions géopolitiques dans lequel s’est déroulé le sommet. En effet, Trump a annoncé il y a quelques semaines le gel de l’accord sur le nucléaire iranien ainsi que la mise en place de sanction contre ceux qui continueraient leurs affaires dans ce pays et, surtout, c’est lundi prochain que devrait être annoncé le rehaussement de la taxe de douane sur les importations d’acier (25%) et d’aluminium (10%).

Le temps est au bilan pour Macron, et celui qui concerne sa politique international rend compte de son inconséquence lors de la dernière période. Après s’être rangé derrière les USA lors de l’offensive militaire contre le régime syrien pour « endiguer » l’usage d’armes chimiques par Damas, Macron a été accueilli à Washington pour un séjour à l’occasion duquel il devait faire changer de cap le croiseur Trump. Au final, il a été traîné de bureau en bureau, de photo en photo, en étant l’acteur d’un théâtre où se jouait une complicité caricaturale, sans aboutir à quoi que ce soit. Trump ne compte pas bouger d’un iota dans sa lancée de bulldozer sur la scène internationale.

En prenant soin de ne pas citer ses interlocuteurs, Macron a insisté sur la consolidation d’un multilatéralisme entre les impérialistes hérités de l’Après-guerre et mis à mal par les décisions unilatérales de Trump concernant l’économie mondial. Un appel a aussi été lancé aux Etats Unis, à l’UE, à la Chine et au Japon pour commencer les discussions de constitution d’une feuille de route traitant de la réforme de l’Organisation Mondiale du Commerce à destination du sommet du G20 ayant lieu en novembre prochain.

Tentative un peu faible du président français afin de refaire rentrer les Etats-Unis dans des cadres de décisions multilatérales alors que ceux-ci remettent en question le rôle de l’OMC. Le secrétaire américain au commerce, Willbur Ross déclarait ainsi : « Nous préférons les actions bilatérales pour négocier. Les réunions multilatérales prennent beaucoup de temps et nous sommes animés d’un sentiment d’urgence ». C’est ce « sentiment d’urgence » ou plutôt l’intransigeance de la gouvernance Trump, bien décidé à jouer le rôle de gendarme du monde, qui pousse à la prise de décision unilatérale comme le rehaussement de la taxe sur l’acier et sur l’aluminium.

La dramaturgie macronienne serait presque amusante si le vernis ne dissimulait pas une réaction épidermique à la politique agressive de Trump touchant aux intérêts directs du capitalisme français.

Et pour cause, l’annonce de Trump sur le retrait de l’accord nucléaire iranien ainsi que la prise de sanctions économiques à l’encontre des pays continuant à commercer avec l’Iran constitue un danger pour nombre d’entreprises françaises espérant tirer pofit de l’ouverture de ce marché pour investir et exploiter les ressources iraniennes. Le rétablissement des sanctions économiques contre l’Iran va ainsi faire obstacle aux appétits de plusieurs grandes multinationales européennes parmi lesquelles on retrouve Renault, Airbus, Total, PSA et Carrefour.

Macron agite donc le seul argument censé faire autorité : les conséquences de la sortie du multilatéralisme, ce serait revenir aux années 1930. Ces rappels sont significatifs d’une crainte profonde du possible déclenchement d’une guerre commerciale entre les nations creusant encore davantage la crise héritée de 2008 de laquelle le capitalisme n’est toujours pas remis. Macron aura bien essayé de donner de la voix. Sans grands résultats. Les Etats-Unis, échaudés par ses déclarations, auront au final bloqué la déclaration finale. Il va falloir que Macron repasse, s’il veut jouer à De Gaulle.


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