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Luxemburg et la grève de masse, trois leçons pour aujourd’hui

Marina Garrisi

Luxemburg et la grève de masse, trois leçons pour aujourd’hui

Marina Garrisi

Alors que la généralisation de la grève apparaît comme une perspective concrète, Rosa Luxemburg nous inspire pour penser certains nœuds stratégiques de la bataille des retraites. Démonstration en trois points.

Le spectre de la grève de masse, un symptôme d’une époque qui change

Quand Rosa Luxemburg signe sa brochure Grève de masse, parti, syndicat en 1906, le mouvement socialiste européen se divise sur la question de la grève. Associée à un mot d’ordre anarchiste, la « grève générale » s’oppose, pour les socialistes de l’époque, à l’exigence d’un travail d’organisation patient et quotidien dans la classe ouvrière. Lorsqu’éclate la révolution russe de 1905, les socialistes radicaux et Rosa Luxemburg à leur tête vont d’emblée lire cet événement historique comme une « révolution nouvelle » qui oblige le mouvement socialiste dans son ensemble à tirer des leçons stratégiques bien au-delà du cas russe. Ainsi, c’est d’abord comme une brochure théorique de polémique, plutôt que comme un récit d’analyses, qu’il faut lire Grève de masse, parti et syndicat.

Luxemburg s’appuie ainsi sur la révolution russe pour rouvrir le débat sur la grève de masse (ou grève générale [1]) en Allemagne. Ce faisant, elle affronte ses camarades de parti qui cherchent à réduire la grève de masse russe à l’arriération du pays, où la classe ouvrière est privée par un pouvoir absolutiste du droit de s’organiser et de s’exprimer politiquement. Luxemburg défend au contraire l’idée que la classe ouvrière allemande, ses organisations et son mouvement socialiste (le plus avancé en Europe), ont beaucoup à apprendre des méthodes de lutte du prolétariat russe. Elle écrit ainsi : « Si la grève de masse est devenue à l’heure qu’il est le centre du vif intérêt de la classe ouvrière allemande et internationale, c’est qu’elle représente une nouvelle forme de lutte, et, comme telle, le symptôme certain de profonds changements intérieurs dans les rapports des classes et les conditions de la lutte des classes [2]. »

La grève de masse se distingue des grèves ponctuelles et professionnelles par son ampleur, sa simultanéité et sa spontanéité. Luxemburg voit en elle un remède au routinisme parlementaire dans lequel s’est progressivement enfermé le mouvement socialiste allemand. Selon elle, la grève de masse est un « phénomène historique » et cette forme supérieure de la lutte de classe révolutionnaire met en lumière un véritable changement d’époque. C’est le signe que s’achève la période de relatif développement pacifique des décennies précédentes pendant lesquelles le prolétariat européen avait pu conquérir une série de droits et de positions. Le contexte international est alors marqué par la montée des tensions inter-impérialistes qui s’aiguisent jusqu’à déboucher sur la Première Guerre mondiale. La grève de masse telle qu’elle commence à se développer en Russie, mais également en Belgique et en Suisse, devient le symptôme d’une époque de bouleversements.

La bataille actuelle contre le projet de réforme des retraites en France n’est bien sûr pas comparable au processus révolutionnaire russe de 1905. Pourtant, cela fait des décennies qu’une perspective de généralisation de la grève n’a semblé aussi proche : les dernières expériences de lutte de classes ont généré une sorte de conscience latente dans plusieurs secteurs où s’exprime l’idée qu’il faut « y aller pour de bon », au point que même l’intersyndicale et Laurent Berger sont obligés d’appeler à « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars. Il semble donc autorisé de parler d’une certaine actualité de la grève de masse — actualité qui n’est pas à entendre comme une immédiateté (au sens où elle ne s’exprime pas, encore, en acte) mais comme l’expression de notre époque. Notre situation est ainsi marquée elle aussi par des possibilités de compromis désormais quasiment inexistantes et par un affrontement entre les classes se faisant plus dur et plus violent.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le nom de Rosa Luxemburg ressurgisse. Son interprétation de la révolution russe de 1905, sa défense de la grève de masse contre le routinisme du mouvement socialiste de son époque et sa clairvoyance sur un bon nombre d’enjeux stratégiques posés par la grève de masse sont particulièrement inspirants pour penser les problèmes de la bataille actuelle contre la réforme des retraites. Démonstration en trois points.

Point n°1. Les directions syndicales sont un obstacle à la grève de masse

En affirmant que le mouvement socialiste allemand doit reprendre à son compte la méthode de la grève de masse, Rosa Luxemburg se confronte à l’appareil des syndicats ainsi qu’à tous les membres de son parti qui sont farouchement opposés à son utilisation. En effet, la grève de masse menace la stratégie de conquêtes graduelles défendue par les directions des organisations syndicales et politiques. Depuis la fin des « lois anti-socialistes » [3] en Allemagne, cette pratique gradualiste avait permis aux syndicats et au parti d’obtenir des conquêtes qu’ils ne voulaient pas risquer de perdre dans un affrontement plus dur avec l’appareil d’État et les classes dominantes. Luxemburg est dès cette époque consciente que cette stratégie avait généré une forme de routinisme et de conservatisme jusque dans le parti socialiste allemand, alors même qu’il servait d’exemple à l’ensemble du mouvement socialiste européen à la fin du XIXe siècle.

Portés par le processus révolutionnaire russe, les socialistes radicaux gagnent du terrain dans le parti allemand et affirment que la grève de masse est une tactique légitime. Les secteurs conservateurs et bureaucratiques du SPD parviennent cependant rapidement à mener une contre-offensive et à restreindre l’utilisation de la grève de masse. Ils lui ôtent son caractère subversif et révolutionnaire. À la grève de masse comme grève de lutte et comme méthode révolutionnaire, les secteurs bureaucratiques du mouvement socialiste allemand substituent la « grève de démonstration », une grève de masse ponctuelle, décidée par l’appareil du parti et utilisée comme un moyen défensif. Luxemburg raille ainsi ceux qui acceptent la grève de masse uniquement comme moyen « purement défensif » et à condition qu’elle soit « elle-même subordonnée au parlementarisme, muée en une simple annexe du parlementarisme ».

Luxemburg s’oppose à cette conception étriquée de la grève de masse car elle restreint les potentialités révolutionnaires d’une véritable grève de masse de lutte et réduit le mouvement de masse à une simple « arme technique » pour faire pression dans la lutte parlementaire. Elle montre que les masses, dans le scénario stratégique défendu par les bureaucraties, ne sont plus considérées comme un sujet politique et potentiellement révolutionnaire mais comme une simple « masse de manœuvre ». Parfaitement consciente du rôle démobilisateur et conciliateur joué par ces mêmes directions, Luxemburg n’a de cesse de défendre contre elles le mouvement de masse et la lutte révolutionnaire du prolétariat.

La distinction opérée par Luxemburg entre « grève de démonstration » et « grève de lutte » est particulièrement éclairante pour situer les enjeux actuels. Que l’intersyndicale et Laurent Berger lui-même soient contraints d’appeler à une « journée morte » parle en soi de la situation. Cela fait directement écho à la colère et la détermination qui existent à la base dans de nombreux secteurs : l’intersyndicale ne peut pas l’ignorer. Pour autant, il serait faux d’interpréter cet appel à une « journée morte » comme un changement de stratégie de l’intersyndicale. Cette dernière appelle certes à hausser le ton, mais la journée du 7 mars reste entièrement subordonnée à la stratégie qui est explicitement la sienne depuis le début du mouvement : faire pression sur le Parlement. Laurent Berger l’a dit : « il y a un débat au Sénat dans lequel l’intersyndicale a décidé d’être entièrement présente et c’est notamment les raisons de la mobilisations le 7 mars ». Il l’a répété : « parce que ce sera le moment où le texte sera au Sénat, le 7 mars, on fera à nouveau une démonstration ». Il ne fait donc aucun doute que l’intersyndicale prépare une « grève de démonstration » pour la journée du 7. Comme l’a également rappelé Laurent Berger, elle pèsera de tout son poids pour que cette journée ne déborde pas du cadre qu’elle a défini.

Cette stratégie de pression fait le pari de la fragilité politique du macronisme. Elle est une impasse. Le début des débats au Sénat l’a déjà montré : cette institution, anti-démocratique par excellence, n’a pas d’autre objectif que d’aggraver encore le projet de loi du gouvernement. Plus fondamentalement encore, cette stratégie est complètement aveugle à la nouvelle configuration des rapports entre les classes de ces dernières années et à la radicalisation du pouvoir qui rend illusoire toute perspective de compromis, comme l’expliquent Juan Chingo et Romaric Godin dans leur entretien.

La stratégie de l’intersyndicale doit donc être bien plus largement dénoncée, y compris à l’extrême-gauche. Dans un récent article dans la presse du NPA sur le mouvement en cours Antoine Larrache parvient à ne pas dire un seul mot contre la stratégie portée par les directions syndicales alors même qu’il se réfère à Rosa Luxemburg. Pourtant, si l’on ne met pas à jour que cette stratégie est une impasse, il est difficile d’imaginer qu’une alternative stratégique puisse émerger, ou que le cadre de la journée du 7 puisse être débordé pour débuter une véritable grève de masse. C’est pourquoi il y a un intérêt à peser de toutes nos forces pour que la journée de grève du 7 mars soit la plus « active » possible, en organisant par exemple les assemblées générales qui manquent cruellement au mouvement jusqu’à présent.

Point n°2. La grève de masse est une grève politique

Luxemburg montre à partir de l’exemple russe qu’un mouvement de grève de masse dépasse nécessairement la séparation qui existe en temps normal entre le terrain économique et le terrain politique. Ainsi, elle écrit : « toute action de masse et toute période de luttes de classe violentes [ont] un caractère à la fois politique et économique. […] la distinction entre la lutte politique et la lutte économique, l’autonomie de ces deux formes de combat ne sont qu’un produit artificiel, quoiqu’historiquement explicable, de la période parlementaire. […] Dès l’ouverture d’une période de luttes révolutionnaires, c’est-à-dire dès que ces masses apparaissent sur le champ de bataille cette dispersion des luttes économiques cesse, ainsi que la forme parlementaire indirecte de la lutte politique : dans une action révolutionnaire de masse, la lutte politique et la lutte économique ne font plus qu’un. »

Cette idée n’a rien d’anodin dans le mouvement socialiste allemand où règne au contraire une séparation stricte entre ces deux domaines de lutte. qui prend la forme d’une véritable « chasse gardée ». La conception largement répandue à l’époque est que les syndicats, qui regroupent une plus large fraction de la classe ouvrière allemande, s’occupent des « intérêts quotidiens » de la classe, tandis que le parti est est chargé de défendre « les intérêts futurs » (c’est-à-dire socialistes) du mouvement, ce qu’il fait de plus en plus exclusivement à travers à l’action parlementaire.

Dans les faits, ce partage des tâches profite surtout aux appareils dirigeants de ces organisations et en premier lieu à la bureaucratie syndicale qui obtient progressivement la mainmise sur les décisions et stratégies du parti. La conséquence est une pression à la conciliation et au conservatisme qui va se faire de plus en plus forte, jusqu’à gangréner complètement le parti socialiste allemand : son alignement sur la guerre impérialiste en 1914 le démontre tragiquement. En voulant lier les luttes économiques et les revendications politiques dans une grève de masse, Luxemburg remet donc en cause une conception bien installée dans le mouvement socialiste et fait preuve d’une grande lucidité politique.

On se heurte aujourd’hui au même refus de la part des directions syndicales de politiser le mouvement de grève, alors même qu’une des forces du mouvement actuel est précisément de mettre en lumière une colère et un malaise dépassant largement la question des retraites. De nombreux analystes montrent par exemple qu’il existe une profonde remise en question du travail salarié capitaliste. Même l’Institut Montaigne le perçoit, comme le montre la conclusion d’une enquête qu’il a réalisée mi-janvier : « nous sommes en présence d’une dynamique collective qui dépasse de beaucoup la simple question des retraites et qui traduit une crise politique plus générale (défiance vis-à-vis des gouvernements, sentiment général d’injustice) ».

Militer pour que la grève en cours devienne une grève de masse politique, c’est d’abord refuser de reconduire une conception étriquée de la politique qui ne pourrait s’exprimer qu’au travers des institutions bourgeoises. Au contraire, c’est en réinscrivant politique dans l’activité du mouvement social, à travers le développement d’institutions propres au mouvement de masse et véritablement démocratiques. Pour militer dans le sens d’une grève de masse politique, il faut également élargir les mots d’ordre de la bataille en cours et commencer par y intégrer l’augmentation des salaires pour toutes et tous. Mais aussi des revendications féministes car les femmes font partie des premières touchées par la réforme du gouvernement et l’exigence d’une régularisation collective de tous les travailleurs sans papiers. Opposée à celle de l’intersyndicale, cette stratégie permettrait de faire entrer plus largement certains secteurs dans le mouvement.

Point n°3. La grève de masse met en mouvement les couches les plus diverses du prolétariat

Contrairement à ses camarades de parti qui envisagent la grève de masse comme mise en mouvement ordonnée des seuls secteurs organisés du prolétariat, Rosa Luxemburg montre qu’une grève de masse ne peut se développer qu’à condition de mettre en mouvement les couches les plus diverses du prolétariat. La grève de masse « éveille pour la première fois, comme par une secousse électrique, le sentiment et la conscience de classe chez des millions et des millions d’hommes ». Elle fait sortir des pans entiers de la classe de la passivité dans laquelle ils étaient jusque-là plongés : « Toute véritable grande lutte de classe doit se fonder sur l’appui et sur la collaboration des couches les plus larges ; une stratégie de la lutte de classe qui ne tiendrait pas compte de cette collaboration, mais qui n’envisagerait que les défilés bien ordonnés de la petite partie du prolétariat enrégimentée dans ses rangs, serait condamnée à un échec lamentable. »

Luxemburg reproche à ses camarades de parti de fonder toute leur stratégie sur des plans bien ordonnés, ce qui revient à sous-estimer l’élément spontané qui occupe nécessairement une place importante dans tous les mouvements de masse. Contrairement à ses contemporains qui regardent avec méfiance les actions spontanées du prolétariat et les réduisent à l’expression de « l’immaturité » de certains secteurs de la classe, Luxemburg montre que c’est précisément l’entrée en scène de secteurs inorganisés, peu habitués à lutter mais moins formatés par le conservatisme des organisations qui fait la force révolutionnaire de la grève de masse, à condition qu’elle se fasse aux côtés de secteurs organisés et possédant une plus grande tradition de lutte.

Alors que l’ampleur historique du mouvement en cours n’est plus à démontrer et que plusieurs indicateurs montrent une envie d’y aller « tous ensemble », la brochure de Luxemburg qui examine comment différents secteurs de la classe peuvent lutter côte à côte est donc aujourd’hui particulièrement inspirante. La perspective stratégique que défend Luxemburg est l’inverse de celle de la « grève reconductible ciblée dans les secteurs stratégiques » que propose une partie de la gauche radicale, comme nos amis de Frustration Magazine. Ce dernier schéma propose en fait de reconduire une stratégie qui a montré ses limites lors des dernières expériences de la lutte des classes, et manque précisément l’une des plus grosses forces du mouvement : son potentiel majoritaire.

Construire une collaboration entre les couches les plus précaires du prolétariat et celles où existent une plus grande tradition de lutte est un problème stratégique déjà identifié par Luxemburg : il demeure aujourd’hui central. Cela ne pourra se faire qu’à condition d’un travail stratégique conscient pour lier ces secteurs. Dans cette perspective, l’élargissement des revendications peut être un levier important. L’intersyndicale n’est pas près d’endosser ce travail stratégique, comme le montre son refus d’appeler à des grèves marchantes au cours desquelles les secteurs en pointe de la mobilisation pourraient aller chercher des secteurs plus en retrait. Ce type d’initiatives commence néanmoins à se développer localement, par exemple depuis la raffinerie de Grandpuits.

Grève de masse, spontanéité et action révolutionnaire

En 1906, Luxemburg raille les « partisans de "batailles ordonnées et disciplinées" conçues selon un plan et un schéma ». Les actions de masse, dit-elle, ne peuvent pas s’envisager sans prendre en compte le rôle joué par l’élément spontané. Pour autant, ajoute-t-elle, les révolutionnaires ne peuvent ni ne doivent « attendre avec fatalisme, les bras croisés que le mouvement populaire spontané tombe du ciel ». Ainsi, si la spontanéité de masse joue un rôle fondamental dans un processus de grève de masse, celle-ci ne dispense pas d’un travail stratégique volontariste porté par des militants et une organisation révolutionnaire.

Aujourd’hui, il ne fait aucun doute qu’il n’existe pas d’organisation révolutionnaire qui puisse prétendre incarner une alternative de direction à l’intersyndicale. Pour autant, il serait désastreux que les faibles forces révolutionnaires ne cherchent pas à jouer un rôle dans la situation, en se liant aux secteurs combatifs du mouvement et en proposant des perspectives stratégiques. Même si cela se fait à petite échelle, il est ainsi possible de prendre appui sur les forces conscientes de la nécessité d’une stratégie alternative à l’intersyndicale pour tenter de peser sur la mobilisation actuelle. C’est le sens d’une initiative comme le réseau pour la grève générale qui fait suite à une tribune dans laquelle plus de 300 syndicalistes, intellectuels et artistes affirmaient la nécessité de la grève générale, de la politisation et de l’auto-organisation du mouvement en cours.

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NOTES DE BAS DE PAGE

[1Rosa Luxemburg préfère parler de « grève de masse », pour se distinguer de la version anarchiste de la grève générale comme « grand soir », mais ces deux termes renvoient chez elle à la même chose.

[2Comme toutes les suivantes, cette citation de Rosa Luxemburg est tirée de sa brochure de 1906 intitulée Grève de masse, parti et syndicat. Le texte est disponible en ligne sur le site marxists.org

[3Élaborées par le chancelier Bismarck en 1878, les « lois anti-socialistes » visaient à empêcher le développement d’un mouvement socialiste de masse dans le jeune Empire allemand et à interdire au SPD de se présenter en tant que parti aux élections. Elles se sont rapidement révélées inefficaces et ont été abandonnées en 1890.
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