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Argentine

Lutte de PepsiCo : quand le gouvernement Macri s’en prend à l’extrême-gauche

Dans la lutte qui oppose la multinationale américaine, Pepsico, à ses 600 ouvriers d'Argentine qui refusent d'être licenciés, le gouvernement Macri a clairement pris position. Après avoir envoyé les gendarmes et la police pour tenter de mettre fin manu militari à l'occupation du site, le gouvernement s'en prend désormais à l'extrême-gauche, avec des arguments des plus fantaisistes pour décrédibiliser la lutte alors que les travailleurs ont mené ce mardi, une nouvelle journée de mobilisation.

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Juan Manuel Astiazaran

Après la brutale répression qui s’est abattue sur les travailleurs de PepsiCo en Argentine jeudi dernier, c’est au tour des partis politiques, des organisations sociales, syndicales et des droits de l’homme qui ont été parmi les soutiens des travailleurs d’être dans le viseur du gouvernement. Mais le gouvernement national cherche à s’en prendre particulièrement à l’extrême gauche dans une campagne médiatique qui frise le grotesque. « La seule chose que savent faire ces groupes [politiques] c’est fermer des entreprises. Au lieu d’aider les travailleurs, ils les tuent. Toutes les entreprises dans lesquelles on trouve des commissions internes que dirige le Front de Gauche et des Travailleurs (FIT) finissent par fermer. Kraft, Lear, toutes fermées » Ces mots, ce sont ceux de la ministre de la Sécurité Nationale, Patricia Bullrich, qui a bien entendu omis de rappeler que les deux usines en question, tournent aujourd’hui à plein.

Le lendemain, c’était au tour du ministre du travail, Jorge Triaca : « c’est l’action syndicale et politique de la gauche qui génère des conflits. Les entreprises dans lesquelles des militants du FIT interviennent finissent par fermer » a-t-il déclaré en répétant les mots de la ministre de la Sécurité.

Et la boucle était bouclé par le journaliste Marcos Peña, dans le journal télé du soir : « Les groupes de gauche sont un frein aux investissements, et ne font que nuire aux travailleurs » a t-il affirmé sans honte.

Les hauts fonctionnaires du gouvernement ont trouvé la réponse à tous les maux du pays : si les entreprises ferment et les investissements n’arrivent pas... c’est la faute à l’extrême-gauche.

Si le gouvernement prétend se mettre en campagne contre la corruption et « les vieilles pratiques », en réalité il prépare un nouvel arsenal de réformes qu’il compte mettre en place à partir d’octobre. Mais le conflit à PepsiCo les oblige à changer leurs plans.

C’est ce que reconnaît Marcelo Canton, éditorialiste au quotidien national Clarin. Vendredi dernier il a assuré qu’à la suite du conflit de PepsiCo, l’Exécutif a « retardé les annonces concernant la régularisation du travail au noir et les changements concernant les cotisations retraites, qu’il avait l’intention de faire avant les élections ». Et il poursuit « la réforme du travail devra attendre un meilleur moment »
D’un côté le gouvernement souhaite faire une démonstration de force pour pouvoir faire passer les réformes structurelles qu’il planifie, mais pour l’instant, la seule chose qui soit structurelle c’est sa faiblesse qui l’empêche de mener à bien ses plans. De l’autre, la bataille de PepsiCo et la résistance ouvrière importante et décisive qui est actuellement au cœur de l’actualité politique du pays, pose à large échelle la problématique du chômage et des fermetures d’usine. Une réalité qui est bien loin de l’image de « récupération politique » que veut faire croire les autorités.
Au centre de cette crise, l’attaque contre l’extrême-gauche n’est qu’une vieille manœuvre politique destinée à inverser les responsabilités C’est ce qu’a fait remarquer le délégué de PepsiCo, Camilo Mones dans une interview : « Il y a 200.000 licenciements. Si nous avions tant d’influence, il y aurait déjà eu une grève générale ».

Le journaliste Ernesto Tenembaum a récemment donné des faits qui ridiculisent les propos des membres du gouvernement Macri « Il paraît compliqué de soutenir, comme l’a fait Patricia Bullrich, que la couleur politique des délégués de PepsiCo ait une si grande importance. Depuis novembre 2015, ce sont 50 000 postes de travail qui ont été fermés dans le secteur industriel et dans la majeure partie des cas il n’existait pas de commissions internes tenues par l’extrême gauche ».

L’augmentation du taux de chômage durant ces derniers mois et la complicité de la CGT, met en lumière les complicités existantes pour faire reculer les conditions de travail de la classe ouvrière. Au contraire, la lutte de PepsiCo ouvre une voie pour faire obstacle aux attaques du gouvernement et des patrons, et est un exemple de ce qui peut être fait pour des milliers de travailleurs qui font face à la même situation.
Le gouvernement souhaite mettre rapidement derrière lui la crise de PepsiCo dans une période pré-électorale où se joue beaucoup. Et même si ses arguments sont grossiers et peu crédibles, ils ne sont pas naïfs. Tout est fait pour stimuler le conservatisme et les préjugés contre ceux qui s’affrontent aux licenciements. Ils sont destinés à couper l’herbe sous le pied d’une alliance entre les secteurs qui pourraient bien s’identifier à cette problématique et sortir de leurs isolements.

En dépit de toute cette propagande anti-extrême gauche, les ouvrières et ouvriers de PepsiCo continuent de lutter, jour après jour, et à engranger une solidarité qui ne cesse de croitre, quoiqu’en dise le gouvernement Macri.


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