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Chroniques d’outre-atmosphère

Love, Death + Robots, un bol d’air frais pour la science fiction et le fantastique

Dans un paysage de la science fiction dominé par les films de super-héros et les dystopies aseptisées, la nouvelle série d’anthologie de science fiction et de fantastique sortie la semaine dernière sur Netflix est un véritable régal pour tous les amateurs de films de genre. « Une lettre d’amour pour les nerds », selon son producteur, qui a de quoi faire chavirer.

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Love, Death + Robots, produite par David Fincher est une des dernières livraisons du géant Netflix. Et face à la masse de contenu (parfois indigeste) de la plateforme, la série détonne et surprend. Une anthologie de 18 épisodes, sans liens narratifs, produits et réalisés par des réalisateurs et des studios d’animation du monde entier, avec comme fil d’Ariane une exploration de la science fiction et du fantastique sous toutes ses formes, de la 3D la plus réaliste au manga. Une des forces de cette anthologie, c’est une totale liberté dans le format : les épisodes, de 6 à 17 minutes, prennent tout simplement le temps qu’il faut ; pour David Fincher, il s’agit aussi de se « débarrasser des formats 22 minutes et 48 minutes qui répondent à un schéma pavlovien qui se trouve être contraire à l’essence du storytelling. On veut que l’histoire soit aussi longue que nécessaire pour devenir la meilleure proposition de divertissement possible  ». Dans ces histoires où l’on va droit au but, sans s’accommoder de longues expositions, Tim Miller, le réalisateur (qui vient de finir Deadpool) résume bien les choses : « ce n’est que la viande, sans le gras ». Une réflexion sur laquelle bien des studios et des réalisateurs pourraient se pencher…

Quoiqu’il en soit, tous les épisodes sont un régal visuel, fourmillant d’idées originales et de références bien inspirantes (à l’exact opposé du Ready Player One de Steven Spielberg), même si, sur le fond, les épisodes sont inégaux. Peut-être est-ce l’essence d’une anthologie, mais certains épisodes semblent tout simplement raconter des histoires déjà racontées, comme Derrière la faille, qui met en scène des fermiers se défendre contre des aliens venus déranger leur tranquillité ; une version de 17 minutes de Pacific Rim. De manière générale, s’il ne faut pas s’attendre à une critique sociale aussi élaborée que dans des séries comme Black Mirror, là n’est pas forcément le propos, et la force de chacune de ses histoires, est justement d’instiller cette petite idée qui pourra occuper toute la prochaine discussion avec vos amis.

« Bonne Chasse », Olivier Thomas, studio Red Dog Culture House

Si chacun retiendra ses épisodes favoris, nous en retiendrons deux. Le premier, « Bonne Chasse », est le récit de la rencontre entre le fils d’un chasseur d’esprit et une hulijing, une femme-renarde métamorphe, dans le Hong-Kong en plein essor industriel. Alors que les machines se développent partout, la « magie disparaît du monde », entraînant avec elle les créatures magiques, comme Yan, une femme capable de se transformer en renard. Dépossédée de ces pouvoirs, elle finit prostituée pour l’aristocratie anglaise qui dirige la colonie chinoise, bientôt dépecée et transformée en machine pour assouvir les fantasmes de son maître. Ce n’est finalement qu’avec son ami, devenu mécanicien, qu’elle pourra reprendre le contrôle sur son corps. Une fable assurément féministe (tout comme le premier épisode, « L’avantage de Sonnie », tout aussi percutant), qui s’aventure entre le SteamPunk et la magie des forêts de Miyazaki : que demander de plus ?

« Fish Night », Damian Nenow Platige Image Studio

Le second, « Fish Night », nous plonge dans les errances de deux représentants commerciaux tombés en panne au milieu de l’ouest américain. Alors que la nuit tombe, les esprits de cet ancien océan préhistorique se réveillent et nagent dans un désert que Moebius aurait pu dessiner. Sûrement une des histoires les plus poétique de l’anthologie, où les personnages s’immerge -littéralement- dans ce rêve inattendu. Vous l’aurez compris : il y en a pour tous les goûts, pour les contemplatifs comme pour les adorateurs de vampires et loups garous, pour ceux qui veulent voir comment les robots appréhendent l’espèce humaine éteinte comme ceux qui aimeraient voir ce que la mort prématurée d’Hitler en 1908 aurait changé dans l’histoire de l’humanité.


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