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Où va la gauche ?

Loi séparatisme. La majorité des députés PCF et PS s’abstiennent face à l’offensive islamophobe du gouvernement

La loi séparatisme a été adoptée en première lecture à l’assemblée ce mardi. La majorité des députés du PCF – dont Fabien Roussel et Marie-George Buffet – et du PS s’est abstenue, préférant adopter une position conciliatrice avec l’offensive islamophobe et liberticide du gouvernement.

Gabriel Ichen

17 février 2021

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Crédit photo : Le Parisien / Olivier Arandel

Le texte de loi qui passait en première lecture à l’Assemblée nationale a été adopté à la majorité avec 347 voix pour, 151 voix contre et 65 abstentions. Du côté du PS, 29 députés sur les 30 que comptent le groupe socialiste à l’assemblée nationale se sont abstenus. Les élus du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, composé d’une majorité d’élus du parti communiste, se sont majoritairement abstenus dont Marie-George Buffet, André Chassaigne (président du groupe) et Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. La députée PCF de la Martinique Manuéla Kéclard-Mondésir a même voté pour le texte visant à stigmatiser toujours plus les personnes musulmanes ou assimilées comme tel.

Marie-George Buffet, figure du PCF et ancienne ministre du gouvernement Jospin sous la présidence de Jacques Chirac a même déclaré que cette loi ne serait « stigmatisante pour les musulmans, mais nécessaire » et que « la démarche séparatiste c’est une réalité », comme on peut le lire dans les colonnes de L’Obs. Rappelons que cette loi séparatisme représente une attaque sans précédent contre les libertés démocratiques , au premier rang desquelles la liberté d’association.

Si le passage du texte faisait peu de doutes, l’opposition extrêmement faible de la gauche parlementaire à un texte raciste et liberticide doit être dénoncée. Cette loi cible toujours plus les musulmanes et les musulmans comme des ennemis de l’intérieur. A l’image du CCIF qui a fait l’objet d’une dissolution à l’hiver dernier. Une loi qui instrumentalise également la lutte féministe à des fins islamophobes et racistes. Enfin elle représente une loi sécuritaire qui vise à renforcer et à protéger l’appareil policier dans une période de crise économique aigüe où les contestations sociales risquent d’exploser. En élargissant les prérogatives des policiers, cette loi vise donc aussi, à terme, à préparer la répression des quartiers populaires en première ligne face à la crise, en même temps que des potentielles mobilisations et mouvements sociaux à venir.

De plus, si l’abstention a été majoritaire du côté de la gauche institutionnelle, il convient de rappeler qu’elle a voté pour une partie importante de nombreux articles du texte de loi. A l’image des députés de la France Insoumise qui, s’ils ont voté contre le texte final qui part maintenant au Sénat, ont voté en faveur d’un nombre important d’articles qui composent la loi, et ont ainsi donné une caution de gauche à son contenu. Le dépôt d’une motion de rejet en bloc préalable au débat, puis le vote contre du groupe parlementaire des insoumis apparaît donc à cet égard comme une opposition inconséquente au projet islamophobe du gouvernement.

Cette position conciliatrice de la gauche institutionnelle représente donc une véritable trahison par rapport à une attaque aussi réactionnaire, répressive et raciste. Une trahison d’autant plus forte que des milliers de personnes se sont mobilisés à partir du mois de novembre 2020 pour s’opposer massivement l’offensive sécuritaire et liberticide du gouvernement.

S’il pouvait subsister une quelconque illusion quant à l’option parlementaire pour combattre un tel texte, celle-ci est désormais largement rompue. A contre-courant total des positions de la gauche institutionnelle, de la FI au PS en passant par le PCF qui montre aujourd’hui leur inconséquence pour faire face à ces attaques racistes et sécuritaires, il est nécessaire de réactiver la lutte extra-parlementaire. Il est urgent de construire la mobilisation dans la rue, dans la continuité du mouvement contre la loi sécurité globale et contre la loi séparatisme de novembre dernier. La FI avait d’ailleurs refusé d’appeler à la manifestation du 12 décembre contre toutes les lois racistes et liberticides qui avait été organisée par le NPA et le Collectif du 10 novembre contre l’islamophobie. Cependant il devient urgent de construire un front large, de la jeunesse, des quartiers populaires et des organisations du mouvement ouvrier pour construire un rapport de force, seul capable d’imposer le retrait de toutes les lois racistes et liberticides.


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