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La chasse aux sans-papiers à Paris

Libération de Gao Peng. La mobilisation victorieuse des parents d’élèves de l’école Pajol

Après 6 jours de mobilisation, les parents d’élèves de l’école Pajol, dans le 18ème arrondissement de Paris, ont obtenu la libération de Gao Peng. Ce père d’une élève de 5 ans et sans-papier avait été placé en centre de rétention le 23 décembre, menacé d’être renvoyé en Chine d’où il est originaire. C’est par une mobilisation déterminée et reconduite en illimitée que cette victoire a pu être arrachée, mais l’État s'acharne toujours... Mar Martin

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Une solidarité exemplaire…

Cet homme de 37 ans avait été interpellé dans une blanchisserie, accusé de « travail clandestin » et menacé d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Dimanche 17 janvier dernier, il a été libéré en première instance avant que le parquet ne fasse appel dans la foulée. Et pendant que la justice échouait à être juste, sa fille de 5 ans a été privée de son père un mois durant, parvenant à peine à lui parler au téléphone tant elle pleurait, comme le rapporte l’une de ses enseignantes. Sa femme quant à elle, enceinte et en possession d’un titre de séjour temporaire, est dans l’attente d’une réponse positive à sa demande d’asile pour voir sa situation se régulariser. Si Gao Peng était expulsé, elle ne pourrait le suivre.

Cet acharnement juridique et le risque d’éclatement familial forcé ont poussé les autres parents d’élèves à reconduire leur solidarité active, débutée deux jours auparavant, et également soutenue par des associations, Réseau éducation sans frontière ou l’Association service social familial migrants notamment. Manifestations, assemblées générales, occupation de l’école en famille, de jour comme de nuit, cette mobilisation exemplaire a finalement eu raison de sa rétention. Et leur détermination a également obligé les élus à s’intéresser à l’affaire, PCF, EELV et même PS ! On en rit jaune…


mais une victoire partielle

Mais si la libération de Gao Peng constitue certainement une victoire, elle n’est malheureusement que partielle. La circulaire Valls de 2012 exige des parents d’élèves scolarisés demandeurs d’asile de pouvoir justifier de 5 années passées sur le territoire français, et que leurs enfants aient été scolarisés depuis au moins 3 ans. Gao Peng se retrouve ainsi dans l’incapacité de régulariser sa situation, n’étant en France que depuis 2011 et sa fille étant à l’école seulement depuis mars 2015.

Et si le risque d’expulsion immédiate est pour l’heure écarté, il devra encore vivre un an, durée de l’OQTF, sous la menace d’une expulsion permanente. Car selon son avocat, MeHenri-Louis Dahhan, « ce n’est pas dans l’habitude du préfet » que d’abroger les OQTF. On ne voudrait tout de même pas que Monsieur le préfet bouscule ses bonnes « habitudes »…


Un cas représentatif

En fait, bien loin de ces considérations sur les petites manies de Monsieur le préfet, l’interpellation de ce parent d’élève s’inscrit dans une vague bien plus large d’OQTF accablant parents, travailleurs ou étudiants. Et n’en déplaisent à nos chers élus-faux-culs, mus par un élan soudain de compassion envers ce « pauvre Monsieur Gao », nous ne sommes pas dupes quant à la signification d’une telle déferlante.


Car si les élus parisiens PCF-EELV-PS ont, ces derniers jours, tenu les mains des parents solidaires, c’était d’abord celles du gouvernement Hollande-Valls qu’ils avaient tenues dans le vote pour l’Etat d’urgence en novembre dernier. Et sans aucune réalité protectrice, cet état d’exception a déjà eu le temps de montrer son vrai visage au cours des dernières semaines. Qu’il s’agisse du traitement inhumain réservé aux migrants par les forces de l’ordre qui les caillassent main dans la main avec l’extrême-droite à Calais ou des OQTF qui menacent des étudiants à Lyon, des résistances se créent et peuvent être victorieuses comme le démontre le cas de Gao Peng. Mais pour assurer une victoire jusqu’au bout, c’est tous ensemble dans la rue le 30 janvier pour la levée de l’état d’urgence qu’il faudra être.


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