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Victoire !

Les hospitaliers de Saint-Maurice (94) vont finalement toucher l’intégralité de leur paie

Un nombre conséquent des agents de l’hôpital de Saint-Maurice (94) a vu ses salaires amputés. Envoyés en première ligne face à l’épidémie, certains soignants se sont retrouvés avec 900 euros pour vivre. Après une mobilisation suivie, ils obtiennent une première victoire : le versement de leur paie.

Nathan Deas

4 juin 2020

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 Crédit photo : Alain Jocard /AFP 

Nous avions interviewé Yann, kinésithérapeute, et Charlotte, auxiliaire de puériculture, tous deux hospitaliers aux Hôpitaux de Saint-Maurice et volontaires pour travailler dans le Service Covid pendant l’épidémie. Ils nous avaient fait part de leur colère alors que 1120 agents sur 2300 de l’hôpital étaient rétribués de façon incomplète puisque depuis 5 mois les « éléments variables » (heures supplémentaires, week-ends, …) n’étaient pas payés. De plus, les soignants n’avaient touché ni la prime Buzyn, dont la date butoir de versement était pourtant fixée au 31 mars, ni la prime Covid prévue pour mai.

Yann nous expliquait la situation : « 1 120 agents sur 2 300 de l’établissement ont été confrontés à des erreurs quant au versement de leur salaire. Selon la DRH il était dès lors impossible de rétablir la paie dans les délais initialement annoncés. La direction a alors proposé soit de traiter les 1 120 paies pour le 5 juin, en annonçant qu’il y aurait assurément des erreurs importantes, soit de traiter de façon prioritaire les catégories C (environ 300 agents), les 820 autres auraient une régularisation sur la paie de juin, qui serait versée le 17 juin avec les deux primes (Buzyn et Covid). Elle s’engage à fournir des attestations de retard aux salariés, mais charge à eux de se défendre de ces retards auprès de leurs banques et propriétaires et puis de remplir leurs frigos. »

Des impayés aux conséquences extrêmes pour certains agents, quand la précarité à l’hôpital est une réalité largement partagée. Charlotte explique : « Nos salaires sont assez bas, donc nous faisons régulièrement des heures supplémentaires, au moins une journée par mois pour pouvoir nous en sortir. Et nous travaillons au moins deux week-ends par mois, pour pouvoir toucher la prime de 47 euros par dimanche travaillé. Sans ces week-ends travaillés on ne s’en sort pas. On est au centime près à l’hôpital. Depuis janvier nos salaires sont réduits, on est pris à la gorge. Et nous avons tous été très indulgents dans un contexte particulier, parce qu’il y avait le Covid, parce qu’il y avait des patients à soigner. Mais notre dernière fiche de paie est encore incomplète. Ils m’ont pris 300 euros de plus. J’ai une collègue qui se retrouve avec 900 euros net pour le mois. Elle ne touchera aucune aide, elle ne peut pas vivre ce mois-ci. La situation est dramatique. La moitié des agents, dans chaque service, n’a pas été payé convenablement. »

Une situation qu’ils appelaient tous deux à combattre par un rassemblement, le mardi 2 juin à 14h. Charlotte, contactée après le rassemblement, nous raconte : « On était 150 agents à 14h. Vers 13h, la direction avait appelé le syndicat CGT pour demander un rendez-vous. Les agents étaient contre le fait qu’on discute sans eux. Nous avons donc demandé à la DRH et à la direction de descendre sur le parvis où nous étions rassemblés. Ils se sont donc joints à nous. La directrice générale a enfin reconnu son erreur. Ils se sont engagés à payer l’intégralité de nos salaires, entre le 5 et le 8 selon les banques. Ils ont régularisé les paies, et se sont engagés à payer la prime d’attractivité et la prime Covid sur la paie du mois de juin. Et on a même réussi à grapiller une petite prime, une prime d’insalubrité qui varie entre 20 et 90 euros. Elle sera versée à taux plein pour mars, avril et mai. »

Il s’agit là d’une première victoire conséquente pour les hospitaliers de Saint-Maurice, qui semble en appeler d’autres. Pour Charlotte, « Cette victoire a remobilisé tout le monde pour la manif du 16 juin. Saint-Maurice est un hôpital plutôt calme d’habitude, dans lequel il n’est pas forcément évident de mobiliser les gens. Mais là on a une vu une grande mobilisation, un grand soutien. On a réussi à resserrer les troupes, ça va nous être utile pour la suite. »

Une suite qui s’annonce sur le terrain de la mobilisation, selon les Yann : « Merci pour les applaudissements, mais maintenant il faut passer à l’étape suivante. Qu’il y ait un soutien dans la rue avec nous lorsque l’hôpital se mobilise, lorsque les services publics se mobilisent, que le privé aussi soit avec nous. Ce n’est pas une question de corporatisme ». Pour Charlotte, « A l’hôpital, parce qu’on ne peut pas aller dans la rue, parce qu’on ne peut pas faire trop de bruit, parce qu’on est toujours réquisitionnés lorsqu’on se met en grève, ils continuent de charger le mulet. On a besoin de moyens. C’est merveilleux que les gens nous aient applaudi tous les soirs à 20h mais maintenant il faut qu’ils soient dans la rue avec nous. On se bat pour eux. »


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