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Grève dans les raffineries

Les grévistes arrêtent la raffinerie de Lavéra après le 49.3 : « manifester ne suffit pas »

Après la raffinerie de Normandie, c’est la raffinerie de PetroIneos Lavéra (Bouches du Rhône) qui va s’arrêter dès 13h ce lundi. C’est le 49.3 qui a décidé les salariés à radicaliser leur grève.

Arthur Nicola

20 mars 2023

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Les raffineries semblent tomber comme des mouches ces derniers jours. Alors que deux raffineries sont à l’arrêt depuis le 7 mars suite à des incendies (Donges et La Mède) et que la grève empêche leur redémarrage, les salariés de deux raffineries ont décidé d’arrêter totalement les installations, avec conséquence des pénuries qui pourraient être très rapides.

Sur la raffinerie de PetroIneos Lavéra, près de Martigues (13), troisième raffinerie de France, avec une capacité de production de 10 millions de tonnes par an, soit 20 % de la production hexagonale, le 49.3 a été la goutte de trop. Sébastien Varagnol, de la CGT PetroIneos, rappelle que cet arrêt s’incrit dans la grève reconductible entamée le 7 mars : « Depuis le 7 on a un mouvement de grève reconductible. On avait mis l’allure au minimum et on a sorti aucune goutte de carburant jusqu’au 12. On a été obligé après dimanche de sortir du carburant parce que les cuves étaient pleines. Suite au 49.3, les salariés nous ont demandé d’aller plus loin dans la grève et d’arrêter l’outil de production pour ne plus être obligé de devoir laisser sortir du produit. On a demandé les consignes d’arrêt et à partir de 13h, les premières installations vont s’arrêter, jusqu’à mercredi. Jusqu’à au moins dans dix jours aucune goutte de carburant ne sortira de la raffinerie ».

Comme sur le site de Total Normandie, c’est donc bien le 49.3 qui a radicalisé la grève, alors que jusqu’ici, dans beaucoup de raffineries, le coût représenté par l’arrêt d’une raffinerie (entraînant des situations dangereuses pour les salariés et un surcroît de travail pendant le redémarrage) freinait en partie ce type d’action. « Vu que marcher dans la rue ne suffit pas à se faire entendre, aujourd’hui on va jusqu’à la solution ultime qui est d’arrêter » conclue le syndicaliste, qui appelle les raffineurs des trois raffineries encore en service (les deux raffineries d’ExxonMobil/Esso à Gravenchon, Fos-sur-mer et la raffinerie Total de Feyzin) à suivre leur exemple : « il est évident que notre arrêt doit être suivi par les autres raffineurs, sinon il ne servira pas à grand-chose ».

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Face aux arrêts des raffineries, le gouvernement prépare d’ores et déjà les moyens de casser la grève par les réquisitions, comme l’a annoncé Clément Beaune, ministre des transports. Des réquisitions qui risquent d’être beaucoup plus difficile à appliquer qu’à l’automne, époque à laquelle les raffineurs étaient seuls en grève. Sur France Info, Emmanuel Lépine, secrétaire de la fédération CGT de la chimie, a prévenu qu’en cas de réquisitions, des rassemblements seraient appelés devant les raffineries pour empêcher les agents réquisitionnés de travailler. Même son de cloche pour Sébastien Varagnol selon qui « ils ne pourront pas nous forcer à redémarrer notre outil de travail. Ils n’arriveront pas à faire travailler des gens avec un fusil sur la tempe ».

Finalement, l’arrêt des raffineries signifie aussi la possibilité, pour les raffineurs en grève, de sortir de leurs lieux de travail pour étendre la grève. En effet, sur ces sites Seveso, même en cas de grève, de nombreux agents sont obligés de tenir leur poste pour assurer la sécurité des installations et de l’environnement. En cas d’arrêt total des installations, les personnels requis sont bien moindres, ce qui donnera plus de latitude aux salariés pour mettre en place une grève active : « Une fois que notre outil de travail sera arrêté, nos salariés voudront aller faire des actions, peut-être des opérations escargot, ou encore devant les boites qui ne sont pas en grève ou les lycées. Ces actions vont se multiplier. Je ne sais pas jusqu’où le chaos va aller mais ce qui est sûr c’est que ne ce sera pas la faute aux raffineurs, mais la faute au gouvernement et à tous ceux qui ne voteront pas la motion de censure », conclue le raffineur.

Lire aussi : Les grévistes votent l’arrêt de la plus grande raffinerie de France suite au 49.3


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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