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SOLIDARITE

« Les familles n’ont aucune solution de relogement » : le CASA, un lieu solidaire menacé d’expulsion à Toulouse

Le CASA est un lieu d’entraide situé dans le quartier d’Arnaud Bernard à Toulouse, qui organise des distributions de colis alimentaires, de kits sanitaires et de vêtements. Alors que nous sommes au cœur d’une crise sanitaire et économique, et que le nombre de précaires a drastiquement augmenté, le CASA est menacé d’expulsion. Nous nous sommes entretenus avec un de leurs membres qui raconte le rôle essentiel qu’ils jouent pour soutenir la population.

Antonio Davaï

14 avril 2021

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RP : Pour commencer qu’est que le CASA ? Quel est son fonctionnement, et pourquoi cette structure existe t-elle ?

Le CASA (Centre d’Autodéfense Sanitaire et Alimentaire) est un lieu d’entraide situé dans le quartier d’Arnaud Bernard à Toulouse. Depuis presque un an, des distributions de colis alimentaires, de repas chauds, de kits sanitaires ainsi que de vêtements sont organisées. Les familles vivant l’immeuble y ont créé un lieu d’échange et de rencontre pour les habitants du quartier, notamment pour les personnes isolées ou précaires.

L’immeuble où se trouve le CASA est un squat, occupé par des familles depuis octobre 2019. Celles-ci ont décidé d’ouvrir l’ancien restaurant du quartier pendant le premier confinement, afin de pouvoir partager la nourriture reçues par des réseaux d’entraide. De nombreuses personnes du quartier et d’ailleurs sont venues et c’est rapidement devenu un lieu de solidarité essentiel au sein du quartier. Nous fonctionnons en autogestion, entre nous, entre galériens, pour s’organiser et répondre seuls à nos besoins. Le lieu est ouvert, chacun peut venir donner un coup de main, discuter et les décisions sont prises tous ensemble. Nous avons aussi ouvert une cagnotte qui permet de financer les repas et nos différentes actions.

RP : Nous sommes entrés en contact suite à l’annonce de votre expulsion. Pouvez-vous nous en dire plus concernant cette décision ?

Le lieu devait être expulsé début avril, à la fin de la trêve hivernale. Celle-ci a été décalée au 1er juin. Le bâtiment que nous squattons appartient à l’EPFL (Établissement Public Foncier Local) de Toulouse depuis 2017, et était inoccupé depuis. Les familles qui habitent l’immeuble espèrent obtenir des délais supplémentaires, car elles n’ont toujours aucune solution de relogement, malgré toutes leurs démarches. De plus, le lieu est devenu essentiel dans le quartier, participant à la vie de celui ci, et répondant à des besoins grandissants, aussi basiques que l’accès à un plat chaud et à des denrées alimentaires.

RP : Nous sommes en période de crise sanitaire et économique intense qui exacerbe les inégalités. Cela se traduit par exemple par une augmentation des demandes de colis alimentaires et autres offres solidaires. Le dernier exemple en date : les image de centaines d’étudiants qui patientent dans le froid, attendant la distribution de colis alimentaires. Comment ressentez-vous cette situation depuis mars dernier ?

La pandémie a aggravé l’urgence sociale, alimentaire, sanitaire et cela devrait encore plus s’amplifier avec la crise à venir. Les images des centaines d’étudiants nous montrent l’ampleur du problème aujourd’hui. Certains ont perdu leurs emplois, d’autres se retrouvent en chômage partiel, avec très peu voir aucun revenu, et il devient de plus en plus difficile de joindre les deux bouts. L’État ne les aide pas, ils ne reçoivent aucun soutien. Nous avons donc distribué des milliers de repas depuis le mois d’avril et cela ne cesse pas, au contraire. Avec la crise nous avons aussi distribué des milliers de masques, de flacons de gels, notamment aux livreurs du quartier, déjà précarisés, car pour eux cela représente des frais en plus.

RP : Jean-Luc Moudenc le maire de Toulouse à récemment été réélu et s’est empressé de signer le premier « contrat de sécurité intégré » avec L’État, en affirmant vouloir apporter « une réponse concrète et rapide face à une explosion des violences, des trafics de drogue, les vagues migratoires, les squats ou l’islamisme qui rongent nos quartiers ». Pensez-vous que ce contrat favorise les attaques contre les réseaux d’entraides qui existent sur la ville, à l’image de ce que vous subissez ?

Jean Luc Moudenc, depuis sa première élection, a toujours promis d’éradiquer les squats, sans en avoir le moindre pouvoir, hormis concernant les propriétés de la mairie de Toulouse. Mais surtout, sans politique cherchant à éradiquer la misère sociale qui contraint les gens à devoir squatter. Ces attaques, nous les subissons au quotidien, aussi bien de la mairie que de la préfecture. L’affaire médiatique autour du squat de la maison de monsieur Roland en février en est un parfait exemple. Malgré tout ça, les réseaux d’entraide existent pour y faire face, pour ne pas laisser les gens s enfoncer dans des conditions de vie féroces et les répressions institutionnelles, qui sont de plus en plus violentes.

RP : Avez-vous un message particulier à véhiculer à ceux qui vous liront ?

On ne peut qu’espérer que des lieux comme L’Après M à Marseille ou le nôtre s’ouvrent partout en France et que les réseaux, tels que les Brigades Populaires puissent continuer à exister. Pour cela, on a toujours besoin de dons alimentaires comme financiers, de coups de main, de soutiens quelque qu’il en soit. Comme depuis un an, c’est tous les jours qu’une solidarité concrète et effective est à construire.

Pour soutenir le CASA, signez leur pétition et rendez – vous sur leurs réseaux.


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