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Réforme des retraites

Les Républicains veulent reculer de deux ans l’âge de fin de décote pour la SNCF, la RATP et l’énergie

Dans une interview au JDD, Bruno Retailleau a laissé entendre que les sénateurs voudraient faire reculer l’âge de fin de la décote pour les régimes spéciaux de deux ans. De quoi mettre les feux aux poudres à la RATP, la SNCF et l’énergie.

Arthur Nicola

15 février 2023

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Alors qu’Elisabeth Borne n’a cessé d’insister sur le non-report de l’âge de fin de la décote pour défendre son projet, les Républicains comptent prendre le contrepied, en proposant au Sénat un amendement pour reculer cet âge de deux ans pour tous les régimes spéciaux. C’est ce qu’expliquait Bruno Retailleau au JDD samedi dernier : « Nous voulons aussi décaler de deux ans l’âge d’annulation de la décote pour les régimes spéciaux. C’est une question de justice. Paradoxalement, ceux qui menacent de bloquer le pays ne sont pas concernés par cette réforme. Non seulement en raison de la « clause du grand-père », mais aussi parce que le projet actuel ne décale pas l’âge du départ à taux plein. À la SNCF, il est de 57 ans. Avec le projet actuel, les salariés peuvent donc toujours partir à la retraite à 57 ans sans décote. Dans ces conditions, prétendre que le report de deux ans de l’âge légal s’applique aux régimes spéciaux, c’est une entourloupe ».

L’annonce n’est pas passée inaperçue chez les salariés des entreprises concernées, notamment la SNCF, la RATP ou encore l’énergie. Car si les régimes spéciaux doivent être supprimés par la réforme, avec la « clause du grand-père », tous les salariés actuels (et ceux de la SNCF embauchés avant 2018) resteront sur leur régime spécial. A la SNCF et la RATP, l’âge de départ à la retraite pour un conducteur est de 52 ans, et l’âge de fin de la décote 57 ans. Alors que la réforme recule de deux ans l’âge de départ à 54 ans, les Républicains estiment visiblement que cela n’est pas assez violent et veulent reculer l’âge de fin de décote à 59 ans.

Pour Faouzi Demoulin, agent à la RATP, la proposition est inacceptable : « c’est totalement injuste. Quand tu es conducteur de train ou de métro, tu passes toute ta vie seul, dans une cabine, dans des tunnels, avec la responsabilité de 900 vies dans une rame de métro. Ce sont des responsabilités que tu as en permanence. De plus, c’est un métier dangereux, avec les problèmes d’amiante, et un air beaucoup plus toxique qu’en surface ». Un refus partagé par les cheminots, pour qui cette annonce n’était qu’une question de temps : « de toute façon la réforme elle est mauvaise totalement, moi je n’ai pas été étonné. On savait que cela allait être décalé, sans savoir qui ou quand » nous explique Xavier Brégail, conducteur sur les lignes transiliens H et K au départ de la gare du Nord.

Pour les deux syndicalistes, cette proposition a l’avantage de montrer que la réforme concerne tout le monde, y compris les salariés des régimes spéciaux : « cela va permettre de mobiliser un peu plus explique Xavier Brégail. Certains collègues croyaient encore à la propagande de l’entreprise en disant qu’ils avaient prévus de partir à 57 ans et que cela ne changeait rien pour eux. Certains disaient ça, là au moins on est fixés : ils veulent nous taper dessus ». Même constat à la RATP : « c’est clair que cela va mobiliser les gens. On te fait signer un contrat de travail pour certaines conditions et au final on change la donne en cours de route » dénonce Faouzi.

Cette proposition des sénateurs républicains, qu’elle soit votée ou non, a le mérite de montrer les vraies volontés de cette réforme, qui pourra par la suite être complétée, amplifiée par des réformes revenant sur les maigres promesses du gouvernement. Car si la réforme est votée, que pourront faire les salariés restant sur les régimes spéciaux quand les prochains gouvernements voudront attaquer leurs statuts, isolément du reste des retraités ? Cette réforme concerne donc bien tous les salariés, qu’ils soient au régime général, ou dans des régimes spéciaux, . Contre la division qu’essayent d’instaurer les politiciens entre travailleurs de différentes catégories, il faut se mobiliser pour la retraite à 60 ans pour tous et à 55 ans maximum pour les métiers pénibles !


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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