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Forces destructives

Le gouvernement a menti : des armes françaises sont bien utilisées au Yémen

Une récente enquête de Disclose révèle que des armes françaises sont utilisées au Yémen, contrairement à ce qu'affirmait récemment Florence Parly, la ministre de la Défense. Preuve s'il en fallait encore des mensonges du gouvernement et de la violence de l'impérialisme français.

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C’est un nouveau scandale pour le gouvernement. Ces jours-ci, une note secrète des renseignements français, concernant les utilisations des armes françaises au Yémen, a été révélée par Disclose et la cellule d’investigation de France Info. Démentant les propos récents de la ministre de la Défense qui déclarait qu’elle n’avait « pas connaissance du fait que des armes [françaises] soient utilisées directement au Yémen », l’enquête montre que des armes françaises, sont bel et bien utilisées dans le conflit au Yémen.

Comme l’explique l’article de France Info publié ce lundi matin : « La Direction du Renseignement Militaire établit une carte des zones à risques dans lesquels les civils yéménites sont susceptibles d’être touchés par les canons français. Or, 28 millions de Yéménites vivent toujours sous les bombardements. Depuis le début du conflit, plus de 8 300 civils ont été tués (dont 1 283 enfants), selon les chiffres publiés en mars 2019 par Yemen Data Project, une ONG qui collecte et recoupe les informations sur les frappes de la coalition ». Bien loin de n’être là qu’à des fins « défensives », comme l’affirmait Florence Parly, « La Direction du renseignement militaire précise que ces canons déployés le long de la frontière avec le Yémen sont au nombre de "48", ajoutant qu’ils "appuient les troupes loyalistes, épaulées par les forces armées saoudiennes, dans leur progression en territoire yéménite". Autrement dit : les tirs de canons français ouvrent la voie pour les blindés et les chars déployés au Yémen. Donc pas uniquement dans le cadre d’une action défensive ».

Il semblerait donc, aussi étonnant que cela puisse paraître, que les armes massivement vendues par la France servent… à tuer ! Au delà des mensonges désormais habituels du gouvernement, l’hypocrisie paraît très peu maquillée en ce qui concerne la vente d’armes. En effet, peut-on vraiment paraître s’étonner de l’utilisation d’armes à des fins de destruction ? A-t-on seulement besoin d’être informés de ce fait pour deviner que des armes vendues à un pays qui mène actuellement la guerre à un autre sont utilisées à des fins destructrices ?

Guerre contre le terrorisme, armes défensives... alibis préférés du gouvernement français

L’idée avancée par Édouard Philippe selon laquelle ces armes seraient vendues avec « vigilance » quant à leur utilisation, paraît de la même manière presque provocante : qu’est ce que la vigilance sur un terrain de guerre ? Dans le même registre, est avancée l’utilité défensive de ces armes... Plus qu’une hypocrisie, c’est le soutien impérialiste à une guerre immonde qui s’exprime dans ce qualificatif, pas loin d’affirmer la « légitime défense » d’un pays qui affame toute une population, et tue des civils par milliers.

Les arguments, tous plus consensuels et factices les uns que les autres, ne manquent pas pour justifier un tel commerce, à commencer par la lutte contre le terrorisme, alibi fétiche de tous les gouvernements français depuis des décennies pour justifier ses politiques de violence et d’autoritarisme. De l’état d’urgence prolongé sur le territoire français, jusqu’à la vente d’armes comme importante source de profits, cet argument est le favori, à en juger par les propos des services d’Édouard Philippe, évoquant les « intérêts sécuritaires communs » de la France et de son grand allié l’Arabie Saoudite : « la lutte contre le terrorisme et la préservation de la sécurité au Moyen-Orient ». Vraiment, garante de la sécurité au Moyen Orient, l’Arabie Saoudite ? Voilà une manière bien originale de qualifier une guerre qui consiste à affamer la population au Yémen.

« Matignon répète que les « armes françaises sont placées pour l’essentiel en position défensive » et assure ne pas avoir « connaissance de victimes civiles résultant de leur utilisation sur le théâtre yéménite » rappelle France info ». On reconnaît là les doux euphémismes de l’impérialisme d’un gouvernement qui nomme « ministre de la Défense » sa ministre des Armées...

Commerce et alliance franco-saoudienne, illustration criante d’un impérialisme français meurtrier

Le commerce d’armes est ainsi l’illustration parfaite de la nature même du capitalisme, pour lequel des millions de morts ne sont rien face à des milliards de profit. Dans ce contexte, l’Arabie Saoudite pour l’Etat français est un allié aussi important qu’il est embarrassant : une source immense de profit, à la mesure de la longueur de la fissure qu’il inflige à la vitrine mal en point de la France comme « pays des droits de l’homme ».

Ce scandale n’est en effet pas le premier qui touche la France et son soutien indéfectible au régime saoudien, l’un des plus réactionnaires de la région. Il y a quelques mois, le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie avait ainsi mis dans une position très délicate le gouvernement Macron, qui depuis n’a eu de cesse de montrer une à une ses tendances autoritaires, à commencer par la violente répression policière et l’utilisation massive de gaz lacrymogènes et d’armes de « maintien de l’ordre », interdites dans tous les autres pays d’Europe, sur sa population.

Est ainsi mise une fois de plus sous le feu des projecteurs l’hypocrisie absolue d’un État français « défenseur de la démocratie » à travers le monde, qui choisit comme alliés les régimes les plus violents et anti-démocratiques du monde si cela lui permet de protéger ses intérêts, et fait de l’armement l’une des branches les plus productives et fructueuses de son industrie.


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