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Les objectifs de la tournée du pape François à Cuba et aux États-Unis

Le Pape, Fidel et Obama

Le pape François a débuté samedi 19 septembre sa tournée à Cuba qui se poursuit aux États-Unis. Au cours du voyage, Bergoglio a rencontré les officiels cubains, Fidel Castro, et s’apprête à s’entretenir avec Barack Obama. Il deviendra ainsi le premier pape à s'adresser au Congrès états-unien. Comme l'a déjà dit un porte-parole du Vatican, la tournée sera l'une des « plus longues et plus complexes », le pape cherchant à renforcer l'influence de l’Eglise sur le processus d'« ouverture » entre Washington et La Havane et à restaurer, aux Etats-Unis, une image passablement écornée.

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Diego Sacchi

L’itinéraire choisi par Bergoglio est loin d’être fortuit. La visite de Cuba, qui a duré plusieurs jours et a abouti à un rendez-vous historique avec l’ex-président Fidel Castro, vise à cueillir les fruits des efforts diplomatiques du Vatican qui ont facilité l’ouverture des rapports entre l’île et les Etats-Unis. « Si le pape continue ainsi, je me remettrai à prier et à aller à l’église » a affirmé Raul Castro après son rendez-vous avec le Pape, au Vatican, il y a quelques mois. Cependant, pendant sa tournée, Bergoglio cherche à obtenir plus qu’un simple retour d’ascenseur des frères Castro. Il entend aussi confirmer son statut de médiateur fiable dans les rapports entre le pays et les Etats-Unis. C’est ainsi que le secrétaire du Saint-Siège a estimé qu’il était « désirable de pousser la libéralisation encore plus loin, surtout sur le terrain économique. » L’annonce faite par le gouvernement états-unien, vendredi 18 septembre, d’une série de nouvelles mesures en matière de commerce, de voyage et d’investissements en contrepartie d’un allègement de l’embargo contre Cuba est ainsi tombeé à point-nommé. Le Pape a, par ailleurs, fait un geste envers la bureaucratie castriste en refusant de rencontrer les groupes d’opposition.
Bergoglio comprend bien que la demande des Cubains de mettre fin à l’embargo n’est pas sans conditions et ses gestes envers le gouvernement révèlent pleinement qu’il cherche à assurer le rôle de l’Eglise cubaine dans les réformes transitionnelles pro-capitalistes adoptées par la bureaucratie castriste.
Bergoglio, qui avait suivi de près la visite de Jean Paul II à Cuba, au point d’écrire, à l’époque, Dialogues entre Jean Paul II et Fidel Castro, semble vouloir parachever l’œuvre de son prédécesseur. En janvier 1998, pendant la période où Cuba sortait de la pire période de crise économique et après l’effondrement de l’Union soviétique, l’île avait reçu la visite de Jean Paul II qui avait demandé aux Cubains « de s’ouvrir au monde » et au monde « de s’ouvrir à Cuba ». Cette ouverture à l’ingérence de l’Eglise dans la vie publique cubaine avait été stoppée net, par la suite, par la réforme constitutionnelle de 2002 suivie de la persécution des opposants politiques cubains au cours du Printemps noir de 2003. Le vent tourne à nouveau.
La deuxième partie du voyage emmènera Bergoglio au cœur de l’Empire, avec une visite qui s’achèvera à Philadelphie. Son objectif principal est de faire passer quelques messages-clefs pour la Rencontre mondiale des familles, en appelant ainsi aux prêtres de « pardonner » ceux qui défendent le droit à l’avortement et au divorce. Le but est de regagner le terrain qui a été perdu en raison du maintien des positions rétrogrades et réactionnaires de l’Eglise et les scandales de pédophilie qui ont entaché la hiérarchie ecclésiastique américaine.
Avant Philadelphie, le Pape rencontrera Obama et s’adressera au Congrès ainsi qu’aux Nations Unies. Il est clair que la revendication du Vatican pour un « système plus équitable » et un « capitalisme plus humain » fera partie de ces discours. Bergoglio devrait également mettre l’accent sur la question de l’immigration aux Etats-Unis, ce qui a fâché certains du Parti républicain qui l’accusent de vouloir renforcer l’administration démocrate, ce qui n’est pas tout à fait faux, du moins vis-à-vis du dossier cubain.
Dans une tentative de consolider le rôle du Vatican sur l’échiquier international, l’un des objectifs les plus importants de Bergoglio est de rétablir l’autorité de l’Eglise aux Etats-Unis. Une étude récente de Pew Research montre que le nombre de catholiques aux Etats-Unis a chuté de 24 à 20 % entre 2007 et 2015. Après les scandales pour pédophilie, parler de capitalisme à visage humain, d’immigration et de racisme n’est pas une coïncidence.


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