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Le 3 octobre, « marchons sur les aéroports »‬ pour l’écologie mais contre le greenwashing et les licenciements

Samedi des "marches sur les aéroports" sont organisés dans toute la France. Ces actions impulsées par plusieurs organisations écologistes ont pour but de pointer la nécessité de la reconversion de ce secteur polluant en lien avec les salariés de l'aéronautique, touchés violemment par la crise économique.

Violette Renée

30 septembre 2020

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Samedi 03 octobre, Alternatiba, Greenpeace, les Gilets Jaunes, ANV COP21, Extinction Rebellion et Citoyens pour le climat organisent « des marches sur les aéroports » qui auront lieu dans toute la France, notamment à Toulouse, Paris, Montpellier, Mérignac, Chambéry ou encore Dole-Tavaux. L’appel indique que « Nous marcherons sur les aéroports, avec détermination et non-violence, pour la réduction du trafic aérien et la reconversion de ce secteur, en solidarité avec les salarié·es qui subissent une crise sociale due à des mauvais choix politiques.  »
‪Partageant l’appel à se rendre à ces rendez-vous, nous souhaitons discuter des perspectives qu’elles ouvrent. Nous partageons avec les rédacteurs de l’appel le constat d’une industrie de l’aéronautique extrêmement polluante -responsable à elle seule de 7,3% des GES en France- tout comme le rejet de la politique du greenwashing derrière « l’avion vert de demain » à hydrogène d’Airbus et la nécessité de sortir de ce "capitalisme fou". De même que la critique sur les milliards de plan de relance du gouvernement donné au patronat du secteur « sans la moindre condition ambitieuse pour protéger le climat et l’emploi » selon leurs propre mots. Les organisateurs soulèvent également le fait qu’on ne peut penser le secteur aéronautique aujourd’hui sans prendre en compte les plans de licenciements massifs -qui touchent aujourd’hui à la trentaine rien qu’en Occitanie et ce depuis le début de la crise sanitaire ! Et ils appellent en ce sens à « soutenir les travailleur·ses de l’aéronautique, pour organiser avec elles et eux la reconversion de cette industrie vers des transports décarbonés". Nous pensons que cette question est centrale d’un point de vue de la stratégie politique afin de pouvoir « repenser collectivement, à l’échelle de la société, nos besoins en déplacement » comme le soutien l’appel. Effectivement, le lien entre la question environnementale et celle des licenciements est indéfectible et ce lien porte en lui une question de stratégie politique importante. ‬

Reconversion de l’industrie aéronautique : lien lutte contre les licenciements et lutte écologique

‪Le constat est aujourd’hui largement partagé par les secteurs du mouvement écologiste : il est matériellement impossible de faire de l’écologie sous le capitalisme. La hausse de l’exploitation de la nature par les capitalistes est inhérente à son propre fonctionnement. Plus précisément, comme le décrit Marx le mode de production capitaliste est organisé sur la concurrence privée d’une poignée d’acteurs économiques qui cherchent l’enrichissement individuel. Sur cette base, l’économie est désorganisée par l’utilisation croissante de machines, de ressources naturelles et de la force de travail qui est toujours coordonnée à ce but d’enrichissement personnel et à cette tendance toujours croissante du capital. Cela implique alors un élargissement quantitatif des cercles de production, de circulation et de consommation. Ces phénomènes amènent inévitablement à la deuxième contradiction du capitalisme : le capital devient une menace pour lui-même (et plus largement) en détruisant toutes les conditions naturelles de sa reproduction.‬

En ce sens, comme l’affirme l’appel, militer pour une reconversion de la production par les travailleurs, sans mettre en jeu les emplois est central. Par ailleurs, dans l’appel la reconversion est pensée à travers la réorientation "des subventions publiques (notamment les actuelles subventions aux aéroports régionaux déficitaires et aux compagnies low-cost) vers le développement des alternatives". Pour nous, la reconversion des moyens de production pose forcément la question de qui va l’opérer. L’exemple de l’avion à hydrogène d’Airbus, de Total ou encore de la raffinerie de Grandpuits sont éloquents à ce sujet : les patrons, pour sauver leurs profits, suppriment des emplois, des compétences, sous-utilisent les installations, ferment des usines sous couvert de transition écologique. La logique de profit est totalement obsolète dès lors que les moyens de production sont sous contrôle des travailleurs et cela ne peut se faire sans la nationalisation de l’industrie, dans les intérêts sociaux et écologiques car on ne peut pas laisser les commandes de l’économie à une poignée de capitalistes qui ne valorisent que ses intérêts économiques qui sont intrinsèquement contraire aux intérêts sociaux et écologiques. Dans cette visée, défendre un programme minimal contre les licenciements, les baisses de salaire, par la coordination de ces luttes, est un moyen permettant d’ouvrir les possibilités pour la mise en place d’un programme plus offensif, par des luttes radicales, comme la nationalisation sans rachat et sous contrôle des ouvriers de l’industrie aéronautique mais aussi le partage du temps de travail pour éradiquer le chômage. Pour autant, la construction de ce rapport de force doit s’attaquer directement à la propriété privée. Ce n’est pas l’Etat, qui a permis tous les licenciements à travers ordonnances et décrets, qui va avancer sur le fait qu’il y ait une reconversion sous le contrôle des travailleurs.
Délier ces luttes est en ce sens contre-productif, puisqu’elles partagent le même but, il faut au contraire travailler à leur coordination.

Sortir du capitalisme pour répondre à la catastrophe environnementale en cours

En ce sens le mouvement écologiste a intérêt à lier ses luttes avec les luttes des travailleurs du secteur aéronautique. Autant pour freiner l’offensive du gouvernement et du patronat contre les acquis sociaux que pour avancer vers une issue anticapitaliste qui mette en avant les intérêts écologiques et ceux des grandes majorités en avançant vers le contrôle ouvrier de l’industrie et sa reconversion. Une issue qui est seulement possible au travers de la lutte et de l’alliance des travailleurs et des secteurs populaires contre le grand patronat et le gouvernement.


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