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A bas le régime !

La révolte en Colombie et la nécessité d’une grève générale pour faire tomber Duque

Dans une situation marquée par une dure crise économique et une troisième vague épidémique, la réforme fiscale de Ivan Duque a suscité une mobilisation massive. Après cinq jours de lutte, il a dû retirer son projet mais la mobilisation continue et peut aller jusqu’à la chute du régime !

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En Colombie, les mobilisations les plus importantes du continent américain sont en train de se dérouler. Une victoire dans le pays serait une victoire pour l’ensemble des travailleuses, travailleurs et des masses populaires d’Amérique latine. Alors que Duque appelle à la trêve et a poussé à son ministre des finances Albero Carrasquilla à la démission, il est possible de le vaincre, et le mot d’ordre de « faire tomber Duque » commence à se diffuser dans les rues du pays.

La situation est très tendue dans les principales villes de Colombie. Bien que Duque ait ordonné la militarisation des villes pour mater les manifestations, ce 4 mai des députés du Centre Démocratique, dont est issu le Président de la République, ont exigé de Duque qu’il déclare l’état de « commotion intérieure » pour « régler la situation ». Cette mesure consiste en la déclaration d’un état de siège, au travers duquel Duque pourrait disposer de pouvoirs allant jusqu’à la possibilité de suspendre des dirigeants régionaux, de restreindre le droit de manifester et de reprendre le contrôle de la radio et de la télévision mais aussi de légiférer par décret.

On évalue à 500.000 le nombre de manifestants qui sont sortis dans la rue le 28 avril dernier, pour le premier jour d’appel à la mobilisation national, dont 50.000 personnes à Bogota, et plusieurs dizaines de milliers à Medellin et Cali, auxquelles il faut ajouter le reste des villes et des campagnes qui se sont largement mobilisées. Ce jour-là, des manifestations ont eu lieu dans au moins 600 villes sur les 1.100 que compte la Colombie. En outre, seuls 32 départements n’ont pas connu de mobilisation. Or depuis ce début de mobilisation, celle-ci n’a fait que s’étendre.

Cali, la troisième ville la plus importante du pays et l’un des premiers centre économiques et industriels après Bogota et Medellin, est devenue le cœur de cette explosion sociale. De fait, la situation y est absolument dramatique. Le département de la Vallée du Cauca où se trouve la ville fait partie des cinq départements les plus touchés par l’extrême-pauvreté. Ces circonstances extrêmes, aggravées par la pandémie, expliquent le rôle joué par Cali dans la mobilisation. Dans plus de 19 points de la ville, les mobilisations n’ont jamais cessé, et les mobilisations des indigènes du Cauca convergent dans la ville.

Les dénonciations d’une infiltration des forces de police par des provocateurs se sont multipliées afin de justifier l’intervention des forces armées. Une pratique très commune en Colombie, où cela avait déjà été le cas lors des mobilisations de 2019 à Bogota. Les forces de sécurité ont « usé de balles réelles, frappé et arrêté des manifestants » note même l’ONU dans un rapport sur la situation à Cali. Mais la répression a envahi le pays tout entier. En effet, Ivan Duque a attribué à l’armée des pouvoirs exceptionnels et les militaires agissent comme s’ils étaient en zone de guerre pour « nettoyer » le terrain.

Les manifestations et les blocages des routes par le syndicat des camionneurs dans certaines régions du pays se sont poursuivis pour le septième jour consécutif et ne sont pas près de cesser, comme le rapporte Manuel Rosenthal en direct de l’un des blocages à Armenia, sur la route de Manizales et Medellin. Les organisations de la Minga Indigena ont étendu leurs mobilisations dans différentes villes et organisent également les blocages. En lutte contre l’impérialisme, les militants ont démoli des statues célébrant le colonialisme comme celle de Sebastián de Belalcázar. Tous les manifestants annoncent que la mobilisation durera tant que satisfaction n’est pas obtenue. Des manifestations ont lieu dans la journée jusqu’à la fin de l’après-midi, tandis que des « marches de la faim » se poursuivent la nuit, mobilisant les secteurs les plus paupérisés et réprimés.

Le sentiment général des manifestants est que « cet état des choses ne va plus ». Ils réclament ainsi la fin du gouvernement Duque - Uribe, tandis que certains secteurs plus avancés demandent carrément la fin du régime pourrissant dans son ensemble. Le gouvernement ultra-libéral de Duque, comme toute la bourgeoisie colombienne, n’a qu’un seul plan : plus de misère pour les travailleurs et le peuple. Il impose aux travailleurs un chômage et une misère salariale, il précarise de plus en plus les classes moyennes. La jeunesse est condamnée à un avenir des plus sombres, le gouvernement impose la ruine et la misère à l’ensemble des exploités tout ça pour garantir les gros profits des capitalistes, tant locaux qu’étrangers. Ainsi, le gouvernement n’a mis en place aucune mesure pendant la pandémie face à la grande misère et détresse de la population, pendant que les plus riches ont maintenus leur profit.

Les travailleurs ainsi que les précaires, la classe moyenne ruinée, les paysans, les peuples indigènes et les jeunes, doivent lutter de toutes leurs forces contre ces plans criminels de la bourgeoisie colombienne. Il ne suffit pas que la réforme soit retirée ou que la tête d’Albero Carrasquilla tombe. Le ministre a d’ailleurs déjà été remplacé par José Manuel Restrepo, qui occupait jusqu’à présent le poste de ministre du commerce, de l’industrie et du tourisme. L’équipe libérale ne change pas. Duque lui-même a rappelé que : « parvenir rapidement à un consensus démocratique sur une réforme du système fiscal colombien est un impératif ». On ne saurait donc se contenter de la démission d’un ou plusieurs ministres, c’est tout un projet de précarité et de répression promu par la bourgeoisie colombienne qui doit être détruit.

Un mécontentement accumulé qui explose à nouveau

La Colombie traverse une profonde crise sanitaire, économique et sociale que la pandémie est venue approfondir. Alors que les forces de répression tentaient de contenir la contestation avec des assassinats à la clé, une mobilisation d’ampleur était ainsi prévisible. C’est le ras-le-bol des travailleurs, des paysans, des autochtones, des jeunes et des secteurs populaires du pays qui s’est fait entendre dans cette grève nationale et dans les manifestations massives qui ont soulevé le pays.

Dans cette période, le gouvernement s’est endetté soi-disant pour faire face à la crise économique au milieu de la pandémie, en réalité pour sauver les profits des capitalistes. La loi de solidarité durable, le nom donné à la réforme fiscale, visait justement à récolter 6,3 milliards de dollars pour renflouer les caisses de l’État.

Le point clé est de savoir où il prévoyait d’obtenir cet argent. Le ministre des finances lui-même, qui vient de démissionner, a précisé que 73% proviendront des particuliers et le reste des entreprises. En d’autres termes, c’est la majorité de la population qui va payer. Parmi les points controversés figurait un impôt sur le revenu pour les personnes qui gagnent un salaire d’un peu plus de 633 dollars, dans un pays où le salaire minimum est de 234 dollars. Il a également été proposé d’augmenter la TVA, qui est déjà de 19% en Colombie, sur les produits de consommation de base, ce qui aurait frappé les classes moyennes, les travailleurs et les plus pauvres.

Mais les revendications des manifestants en Colombie n’ont pas seulement à voir avec la réforme fiscale, comme le démontre leur poursuite malgré le retrait de celle-ci. Les mobilisations sont l’expression d’un mécontentement social accumulé qui s’était déjà exprimé lors des manifestations massives et historiques de la jeunesse qui, débarrassée de la peur du terrorisme d’État, s’était mobilisée fin 2019. Avec la pandémie et l’aggravation de la crise sociale et économique, ce mécontentement n’a fait que croître. Les manifestants malgré la répression sanglante, la vingtaine de morts ou les centaines de blessés et d’interpellés, montrent une détermination sans fin à continuer la lutte.

En Colombie, le pire néolibéralisme règne depuis des décennies, à peine comparable à celui du Chili. Ce régime a été imposé dans le contexte de la « guerre » contre le trafic de drogue. La bourgeoisie colombienne a profité de la guerre sanglante non seulement pour favoriser la polarisation interne, mais aussi pour imposer le terrorisme d’État tant dans les villes que dans les campagnes, où tout combattant syndical ou dirigeant du mouvement social était identifié comme membre ou sympathisant potentiel des groupes insurgés. Le gouvernement a ainsi détruit les possibilités d’organisation de la classe ouvrière, des paysans, des jeunes et des grandes majorités pauvres des villes pour mieux imposer un système économique extrêmement dur.

L’impérialisme américain, agissant comme un véritable proconsul en territoire colombien, est le principal responsable de ce néolibéralisme violent comme le montre le plan Colombie. Ainsi, la situation politique en Colombie affaiblit l’un des principaux alliés de l’impérialisme américain dans la région : le gouvernement réactionnaire de Duque. Les États-Unis possèdent de nombreuses bases militaires en Colombie, qui a été le fer de lance des démarches interventionnistes de Trump vis-à-vis du Vénézuela au cours de l’année 2019. Si la rébellion populaire au Chili s’est avérée être un coup dur pour l’ensemble de la droite alliée à l’impérialisme dans la région, cette nouvelle situation qui commence à s’ouvrir en Colombie pourrait menacer les plans de l’impérialisme américain, et notamment le nouveau locataire de la Maison Blanche, Joe Biden.

Pandémie : plus de ruine et de misère

Pendant toute la période de la pandémie, le gouvernement Duque n’a fait que profiter de la situation pour faire avancer l’ensemble de ses plans réactionnaires. En même temps qu’il imposait un confinement, il attaquait de larges secteurs des travailleurs et des grandes masses populaires, obligés d’être confinés sans pouvoir se nourrir. Par ailleurs, les assassinats de combattants sociaux se sont poursuivis dans les différents coins du pays. Actuellement, le taux de chômage est supérieur à 17 %, et dépasse les 20 % dans certaines villes, dans un pays où les emplois précaires sont la norme, ainsi que le travail informel, et où l’accès aux soins de santé est un privilège.

Aujourd’hui 21,2 millions de Colombiens ne disposent pas d’un revenu suffisant pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Au total, près de 3,6 millions de Colombiens sont passés sous le seuil de pauvreté l’an dernier et le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, est passé de 0,52 à 0,54, un chiffre jamais atteint depuis que cet indicateur a commencé à être mesuré en 2012. À tout cela s’ajoutent les revendications concernant le retard de la campagne de vaccination promise par le gouvernement, qui a à vacciné à peine 10 % de la population, selon les chiffres officiels, loin derrière d’autres pays de la région comme l’Argentine, le Chili et le Pérou.

L’indignation face aux attaques, plus forte que la peur de l’épidémie

Duque a mal évalué le rapport de forces pour mener son attaque. Il a cru que c’était le moment de frapper durement, pensant qu’il pourrait profiter de la peur de l’épidémie de la population. Mais l’indignation face à ses attaques a été plus forte. Et maintenant, même la dure répression, la trentaine de morts et les plus de 80 disparus ou les centaines de blessé et détenus n’arrête pas le mouvement.

C’est qu’entre les journées historique de 2019 et les journées de révolte qui constitue de véritables révoltes du fait de leur radicalité et de leur généralisation, les mobilisations et grèves nationales n’ont passé, ouvrant une période de luttes incessantes contre les mesures néo-libérales du gouvernement Duque et sa politique répressive. La répression est la politique privilégiée du régime colombien, et s’inscrit dans un terrorisme d’Etat historique, qui n’est pas exempt de véritables massacres à l’image de ceux que dénonce Indepaz dans un récent rapport. Celui-ci comptabilise 35 massacres pour 132 victimes.

Certaines de ces manifestations ont pris d’importantes dimensions, à l’image des semaines d’agitation et de révolte de septembre 2020 qui se sont soldées par 13 morts dans la répression de Duque, qui n’a pas cessé jusqu’à octobre. C’est dans ces luttes que s’est forgée une jeunesse qui a fini par perdre la peur d’un Etat répresseur, dont le bras armé bénéficie d’une impunité totale qui lui a permis de faire régner la terreur pendant des décennies, à l’image des journées du 21N.

La politique du Pacte Historique de Gustavo Petro et de la Coalition de l’Espoir

Le rôle joué actuellement par le politique de centre-gauche Gustavo Petro, de même que la Coalition de l’Espoir, est plus que lamentable. Ces dernières heures, après que différents secteurs aient évoqué le contenu d’une nouvelle réforme fiscale suite au retrait par Duque de sa proposition initiale, la Coalition de l’Espoir a envoyé une lettre contenant différentes suggestions. « Au milieu de la grave conjoncture actuelle, et dans un esprit constructif, les signataires suivants, représentant la Coalition de l’Espoir, se permettent de vous envoyer nos considérations les plus respectueuses » commence leur courrier daté du 3 mai, après six jours de mobilisations. De quoi rester sans voix.

Bien que Gustavo Petro - sénateur de Colombie Humaine et pré-candidat à la présidentiel pour représenter le Bloc Historique – ait soutenu les manifestations, il l’a fait de loin et en a été totalement absent. Petro est aujourd’hui le candidat le mieux positionné pour les prochaines élections présidentielles de mai 2022. D’après les sondages, si celles-ci avaient lieu aujourd’hui il les gagnerait. Pour cela, il a impulsé ce qu’on appelle le « Pacte Historico », une coalition qui réunit le Polo Democratico, le Mais, la Union Patriotica entre autres mouvements. On y retrouve des sénateurs tels que Roy Barreras et Armando Benedetti, qui proviennent des partis traditionnels que Petro critiquait dans le passé. C’est pour cette raison que Petro a modéré son discours, allant jusqu’à se taire quant à la dynamique et l’intensité des manifestations. Alors qu’une répression brutale s’abattait sur le mouvement, il a même déclaré « il est l’heure de nous prendre dans les bras » afin de préserver sa candidature.

Le 3 mai, lors d’une conférence de presse, il s’adressait à Duque de la façon suivante : « Je dis à Duque que l’on se trouve dans le moment le plus critique, qu’il peut sortir de façon honorable, la tête haute, regardant la société en face. Ne tombez pas dans le piège qui est tendu. » Et il ajoutait : « Ne tombez pas dans le piège historique car votre nom serait tâché pour les siècles à venir, agissez avec sagesse car nous pouvons sauver de nombreuses vies humaines et construire la paix simplement en faisant les choses bien, en dialoguant, simplement en ne prêtant pas attention aux sirènes de la violence que fait retentir le vandalisme. » En d’autres termes, une recherche du dialogue au moment où les masses colombiennes ne demandent que la démission de Duque mais aussi d’en finir avec toute la bourgeoisie colombienne pourrie.

Il est possible de gagner, les mobilisations posent la question de la chute de Duque et la nécessité de la grève générale. Stop aux pactes et aux trêves de la bureaucratie syndicale !

Ce 5 mai, une nouvelle mobilisation nationale a été appelée par le Comité National de la Grève (Comité Nacional del Paro). C’est ce qu’ont déclaré lors d’une conférence de presse commune la CUT, la CGT, la CTC et Fecode, appelant à maintenir les actions sous pression des mobilisations dans tout le pays.

A Cali, ville où les mobilisations ont été particulièrement fortes, on appelle déjà à la grève illimitée : « nous reconnaissons que nous avons gagné une première bataille face à la décision du gouvernement de retirer la réforme fiscale, mais nous n’avons pas gagné la lutte tant que ne sera pas retiré l’ensemble du paquet de mesures [paquetazo] de Duque qui inclue la réforme du travail, la réforme de la santé, la réforme des retraites. Tant que justice ne sera pas faite pour les personnes assassinées, blessées ou arrêtées pendant cette mobilisation » note un communiqué, émis par les secteurs de cette ville, appelant à n’accorder aucune trêve.

Malheureusement, la bureaucratie des centrales syndicales du Comité National de Grève ont pris l’habitude de nommer « grève » toutes les mobilisations qu’ils appellent. Or leur politique a été jusqu’ici, après d’intenses mobilisations, de laisser des trêves et de négocier, comme on l’a vu dans tout le long processus de « dialogue » avec le gouvernement après les journées du 21N de 2019. Un dialogue qui a permis à Duque de reprendre son souffle et de démobiliser, faisant ainsi des bureaucraties une digue de contention du mouvement.

La défaite du gouvernement du fait de la mobilisation de la classe ouvrière et des secteurs populaires serait un triomphe énorme, qui modifierait de façon importante le rapport de forces et permettrait d’aller plus loin. Mais les directions syndicales qui s’attribuent la direction des manifestations ne prennent pas ce chemin. Ainsi, il n’y a pas d’appel à arrêter réellement la production, en plus des lieux névralgiques comme les aéroports et ports, le transport, etc. Il n’y a que des appels à se mobiliser, sans autre tentatives d’organisation de plus que les convocations à un jour donné. Ce sont les masses dans les rues, le peuple ne lutte qui paralyse les artères des villes avec leurs blocages des principales avenues, mais aussi des routes de campagne. Mais il n’y a pas de politique pour organiser les travailleuses et travailleurs sur leurs lieux de travail, afin de construire une véritable grève générale.
La mobilisation dans les rues et les blocages ne suffisent pas. Les travailleurs, paysans, indigènes et toutes les classes populaires doivent pouvoir déployer toute la force qui permettra de mettre fin aux plans du gouvernement Duque et du patronat. Pour que ça ne soit pas aux travailleurs et aux masses populaires de payer la crise, aucune trêve n’est possible. Pour cela, la classe ouvrière doit se mettre au cœur de la lutte. La voie pour triompher c’est que les travailleurs, aux côtés des paysans, peuples originaires et des populations pauvres, interviennent avec leurs propres méthodes de lutte, en évitant toute canalisation de la colère. Les récentes mobilisations ont la possibilité de passer à un niveau supérieur pour briser la volonté du gouvernement, et ouvrir la possibilité d’une victoire sur les revendications que pose, par exemple, l’avant-garde de Cali (annulation de tout le « paquetazo », jugement et châtiment des responsables de la répression, etc… ». Pour cela, il faut convoquer une grève générale, qui mette en mouvement toute la classe ouvrière et exploitée, pour paralyser la production et les services.

Une grève des camionneurs s’est déjà mise en place dans tout le territoire. Mais pour une véritable grève nationale, il faudrait que cela se diffuse dans les usines, les entreprises, sur chaque lieu de travail, mais aussi dans les rues. Dans cette perspective, la mise en place de comités de grèves élus par les travailleurs, centralisés dans ce qui serait un véritable Comité national de grève basé sur les comités locaux. Cela permettrait d’en finir avec la bureaucratie syndicale.

Dans différentes villes, des assemblées populaires et des comités départementaux se développent pour assurer la mobilisation. L’alliance ouvrière et populaire s’est imposée dans les rues, il faut lui donner une forme d’organisation qui ne sera possible que si la classe ouvrière montre sa force. Face à la répression, la coordination de ces organes d’auto-organisation devrait aller de pair avec la formation d’organismes d’auto-défense.

Nous les révolutionnaires, nous souhaitons renverser cet État capitaliste qui n’est rien d’autre qu’une machine au service des grands exploiteurs. Nous souhaitons exproprier les exploiteurs et imposer un gouvernement des travailleurs. Cependant, des secteurs considèrent que ce régime anti-démocratique et oligarchique oppresseur qui existe depuis des décennies en Colombie peut être changé par le vote populaire. Nous leur disons que s’ils veulent faire cette expérience, ils doivent le faire en luttant pour imposer une Assemblée constituante libre et souveraine, où tous les pouvoirs fictifs sont dissous, en commençant par celui du pouvoir présidentiel, ainsi que des autres pouvoirs de l’État.

Si nous voulons une Assemblée Constituante où le peuple puisse réellement prendre les décisions en ces main, alors cette Assemblée doit concentrer les pouvoirs législatif et exécutif. Cela implique de mettre à bas la présidence de la République, qui sert avant tout à la concentration du pouvoir par les militaires, de la réaction et de tout le régime colombien haï. A bas le Sénat et tout ce Congrès pourri, où sont votées les pires lois contre le peuple. Dissolution de la Cour Suprême de Justice qui n’est rien d’autre qu’une structure au service des classes dominantes ! En bref, tout ce qui représente ce régime anti-démocratique pourri et infâme doit disparaître.

C’est dans cette Assemblée que seront discutés les grands problèmes fondamentaux et structurels du pays qui accablent aujourd’hui le peuple, ainsi que la rupture avec tous les pactes militaires et économiques qui soumettent le pays à l’impérialisme. Il est clair qu’une Assemblée constituante de ce type ne peut être imposée que par la mobilisation ouvrière et populaire, pour éviter de retomber dans les fumisteries que les classes dirigeantes ont tendance à mettre en place de temps à autres pour rédiger des constitutions qui permettent de redoubler leur pouvoir tout en maintenant un contrôle absolu sur les institutions.

Mais sur ce chemin et dans la lutte pour construire des organismes d’autodétermination des masses, celles-ci peuvent être convaincues, dans le cadre de cette expérience, qu’il est nécessaire d’avancer vers un gouvernement des travailleurs et des masses populaires. Car seul un développement révolutionnaire de la lutte des classes, avec le mouvement ouvrier à la tête de l’alliance de l’ensemble des exploités, peut garantir une issue progressiste à la crise générale qui traverse aujourd’hui la Colombie. Au cours de cette lutte pour la grève générale et pour mettre en place l’organisation de la classe ouvrière, dans une perspective d’indépendance de classe, s’ouvrira la voie pour que les travailleurs et la jeunesse se dotent d’une puissante organisation, un parti révolutionnaire des travailleurs et des exploités, qui lutte de toutes ses forces pour trouver une solution de fond et définitive aux problèmes les plus urgent auxquels le capitalisme les condamne.


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