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Les socialistes ne reculent devant rien

La mixité sociale à l’école ? C’est passé de mode pour Najat Vallaud-Belkacem

A droite toute ! Les derniers marqueurs idéologiques où le PS faisait encore vaguement semblant d’être social-démocrate sont en train de tomber. L’école était l’un des derniers terrains sur lequel le PS essayait de faire la différence. Le débat sur la mixité dans les établissements vient prouver à nouveau le contraire.

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Léo Serge

Après une tribune publiée dans Le Monde de Thomas Piketty dénonçant« la ségrégation sociale dans les collèges »,{}Najat Vallaud-Belkacem répond en s’attaquant à la mixité sociale à l’école. Pour la ministre de l’Education nationale, ce n’est plus objectif. Elle déclare même être convaincue que « penser que l’on pourrait imposer autoritairement la mixité sociale, en supprimant au passage une partie de la liberté de choix des parents, c’est entretenir une forme d’illusion qui aboutit à l’immobilisme. »

Alors que depuis longtemps les politiques éducatives menées par le parti socialiste sont objectivement des politiques de ségrégation sociale, Vallaud-Belkacem assume désormais : la mixité sociale n’est pas un objectif valable sur lequel son ministère pourrait agir.

Dans la commune de Paris, déjà incroyablement ségréguée en fonction des arrondissements, le pourcentage moyen de collégiens socialement défavorisés selon les classements INSEE (parents ouvriers, chômeurs ou inactifs) est en moyenne de 16 %, il varie de 1 % des élèves dans les établissements les plus huppés à 60 % dans les moins prisés. Mais la capitale n’est pas un exemple extrême et le problème se pose à échelle nationale car rien n’a été fait, bien au contraire, pour inverser ces taux. En visite, dernièrement, dans un lycée du Nord de la Seine-Saint-Denis, des inspecteurs déclaraient étonnés aux enseignants, surpris par le profil de l’établissement : « vous êtes l’un des rares lycée de l’Académie de Créteil où il y a encore de la mixité sociale ». On sait par ailleurs que le ministère grâce à des statistiques très précises connaît les évolutions de la composition sociale des établissements - les syndicats enseignants y ont parfois accès à travers les chefs d’établissements.

Piketty, qui souligne ces inégalités, demande au gouvernement de réagir. L’hypocrisie de Najat Vallaud-Belkacem est d’autant plus complète lorsqu’elle déclarequ’on « ne fera pas progresser la mixité par des décisions imposées » alors que ce sont ses décisions et celles de ses prédécesseurs qui ont supprimé le peu de mixité sociale existante.

La soi-disant impuissance des gouvernements est un leurre. Il s’agit d’un choix politique et idéologique cohérent. Les causes de cela sont multiples : logique sociale de l’entre-soi et ségrégation résidentielle se cumulent. La bourgeoisie en quête des « meilleurs » établissements pour ses enfants multiplient les concessions au privé (un tiers des collèges parisiens), tout en renforçant les collèges et lycées public « d’élite » au détriment des autres.

Comme dans le reste de ses essais, pointant notamment les inégalités de revenus davantage que les racines structurelles de ces inégalités (sans même parler de l’exploitation), Piketty souligne un aspect des problèmes laissant entendre qu’un retour à des logiques moins concurrentielles pourrait être profitable. La mixité sociale à l’école ne saurait, à elle seule, faire du système éducatif actuel une éducation publique et gratuite de réelle qualité, pour tous et toutes, dans tous les quartiers et toutes les régions. Cela impliquerait, notamment, de renverser l’ensemble des logiques austéritaires et des contre-réformes éducatives ayant prévalu jusqu’à présent, de même que la mise en place de l’arrêt complet des subventions publiques à l’enseignement privé pour casser l’un des bastions de ces mêmes inégalités. Mais le fait que le gouvernement PS, qui pourtant souhaite faire de l’éducation l’un des axes de la campagne de 2017, assume pleinement qu’il s’assoit sur la mixité sociale, voilà qui ne devrait que nous renforcer dans notre volonté de le combattre, pour nos conditions de travail et pour les élèves, à commencer par rejoindre la grève du jeudi 8 septembre et prolonger le combat le 15.


    
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