Après le report du vote pour l’amendement interdisant le port du voile lors des compétitions sportives devant une commission de l’Assemblée nationale, le collectif des Hijabeuses appelaient à une nouvelle mobilisation ce mercredi à 16h30. La préfecture a décidé de l’interdire, faisant preuve de toute son islamophobie. En effet, après la FFF et le Sénat, c’est au tour de la préfecture de Paris de cautionner cette attaque contre les femmes voilées, dans un contexte de stigmatisation croissante des personnes musulmanes ou assimilées comme telles. La préfecture reprend pour ce faire la rhétorique islamophobe de l’amendement et de la FFF, expliquant que le « port du voile islamique dit « hijab » lors des compétitions de football » est une « pratique interdite par le règlement de la Fédération française de football. » De quoi se mettre à la remorque de l’institution sportive, pourtant dénoncée à de maintes reprises pour sa décision raciste.

Le collectif des Hijabeuses est un regroupement de plusieurs collectifs qui, par des multiples actions et tribunes dans la presse, tentent de faire entendre leur droit de pratiquer le football malgré les offensives répétées contre les femmes voilées. En juillet 2021, elles avaient notamment investi le hall de la FFF pour un entraînement de foot, en plein durant la loi séparatisme. Après que le Sénat a voté pour interdire le port du voile lors des compétitions sportives le 18 janvier, elles ont appelé à réagir et ont organisé un match de foot devant le bâtiment du Sénat au jardin du Luxembourg.

Une mobilisation qui a payé, la discussion réunissant des députés et sénateurs lundi 31 janvier ayant été particulièrement « tendue » selon les mots du collectif. Le vote a donc été renvoyé devant une commission de l’Assemblée Nationale. Les joueuses ont ainsi appelé à une nouvelle mobilisation ce mercredi à 16h30, expliquant : « cette équipe, elle a encore besoin de vous. Il faut qu’on continue à se mobiliser pour qu’il n’y ait aucune marche-arrière possible. Il faut qu’on continue à se mobiliser pour rappeler que les femmes qui portent le voile n’acceptent pas d’être stigmatisées, discriminées et exclues, ni des terrains sportifs, ni d’aucun autre espace. »

Ce mardi, la préfecture a annoncé interdire le rassemblement, expliquant : « les organisateurs de cette manifestation revendiquent le droit au port du voile islamique dit « hijab » lors des compétitions de football, pratique interdite par le règlement de la Fédération française de football [...]. Il est à craindre que cette manifestation n’attire, outre les personnes qui la soutiennent, des personnes hostiles à la cause défendue et susceptibles d’en découdre avec les premiers. » Le préfet n’a pour ce faire pas hésité à mobiliser pêle-mêle plusieurs arguments islamophobes, évoquant la situation pour les femmes en Afghanistan, le reportage Zone interdite sur M6 et l’islam politique.

Une interdiction scandaleuse, à laquelle les Hijabeuses n’ont pas tardé à réagir : « la réalité, c’est que le « patriarcat » qui nous empêche de nous épanouir là, celui qui nous prive de nos droits, c’est celui des hommes qui ont voté un amendement pour nous empêcher de participer à des compétitions sportives, c’est celui du préfet qui nous empêche de manifester pour contester cette décision, c’est celui de tous ceux qui cherchent à nous imposer un choix entre le voile et l’accès à de nombreux espaces publics ou privée. »

Les Hijabeuses ont décidé de saisir le tribunal pour contester la décision de la Préfecture et maintiennent l’appel à mobilisation pour ce mercredi à 16h30 sur l’Esplanade des Invalides à côté de l’Assemblée. Une mobilisation importante et salutaire dans un contexte d’offensive généralisée contre les personnes musulmanes ou assimilées comme telles, et en particulier contre les femmes voilées. Alors que le gouvernement et la droite renchérissent de jour en jour de politiques racistes et sécuritaires, que la campagne présidentielle est polarisée autour des thèmes de l’immigration et de la sécurité et que l’extrême-droite est de plus en plus décomplexée, à l’image des attaques islamophobes contre Anasse Kazib ce lundi, il est plus impératif que jamais de construire la riposte. C’est en ce sens que nous appelons à rejoindre la mobilisation des Hijabeuses ce mercredi à 16h30 mais également à un rassemblement devant le Panthéon ce mercredi à 18h30 pour soutenir Anasse Kazib face à l’extrême-droite et défendre sa présence à la Sorbonne.

Rassemblement pour la libération de Georges Abdallah ce jeudi devant le tribunal administratif de Paris !