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Précarité étudiante

La macronie refuse les repas à 1 euros : les étudiants doivent lui faire payer dans la rue !

A l’Assemblée Nationale jeudi, le projet de loi de généralisation des repas à un euro pour l’ensemble des étudiants a été rejeté à une voix près par la droite et les députés de la majorité. Une nouvelle preuve du mépris du gouvernement pour la précarité étudiante et un nouvel aperçu du futur qu’il nous promet entre galères pendant nos études, salaires de misère et désormais la retraite à 64 ans.

Erell Bleuen

10 février 2023

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Crédits photo : AFP

A l’Assemblée Nationale, la journée de jeudi était consacrée aux propositions parlementaires du Parti Socialiste. A l’occasion, le groupe a proposé une loi pour que l’ensemble des étudiants bénéficient du repas à 1 euros dans les CROUS, et non pas uniquement les étudiants boursiers comme c’est le cas actuellement. Une proposition rejetée à une voix près par la droite et les députés de la majorité. Alors que le gouvernement est responsable de l’augmentation du nombres d’étudiants devant les banques alimentaires et en pleine crise économique, il exprime une fois de plus son mépris pour la précarité étudiante.

Rejet des repas à 1 euros : un nouveau crachat à la figure des jeunes précaires

On y a presque cru. Ce jeudi, sur Twitter, des députés de la NUPES ont annoncé que le projet de loi proposé par le PS pour la généralisation du repas à un euro pour l’ensemble des étudiants avait été adopté. Mais quelques minutes plus tard, les chiffres officiels sont tombés : si quelques articles ont obtenu la majorité, la proposition de loi dans son ensemble a été rejetée à une voix près, par la droite et les députés de la majorité.

Pour expliquer leur vote, les députés n’ont pas trouvé mieux que de solliciter l’argumentaire de « l’injustice » par rapport...aux étudiants les plus riches ! Ambroise Méjean, président des Jeunes avec Macron, expliquait dans une vidéo que « l’ouvrir à tous les étudiants, c’est la garantie qu’il bénéficiera autant aux étudiants les plus aisés qu’aux étudiants du plus précaires. ». Dans l’hémicycle, Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance Paris, argumentait que « les enfants de votre ami Bernard Arnault pourront aller au Crous et ne payer qu’un euro ».

Le député des Républicains Alexandre Portier souhaitait quant à lui conditionner l’accès au tarif à un euro à un engagement de « travailler deux heures par semaine au service d’une collectivité locale ». Une logique similaire au RSA conditionné, instauré il y a quelques mois par le gouvernement. En résumé, si vous voulez être moins précaire, il va falloir le mériter !

Un argumentaire qui sonne d’autant plus faux de la part du même gouvernement qui, pendant la crise sanitaire où la précarité dans la jeunesse s’est généralisée, a préféré multiplier les cadeaux au patronat. Alors que les files devant les banques alimentaires continuent de s’allonger et que l’inflation menace de plus en plus de jeunes de sombrer dans la précarité, le gouvernement du « président des jeunes » a de nouveau montré qu’il ne ferait aucune concession, même les plus minimales comme la généralisation du repas à un euro, pour répondre à la précarité étudiante.

Le gouvernement ne veut rien lâcher ? Il faut lui imposer nos revendications par la mobilisation

En réalité, ce vote des députés de la majorité résonne avec la politique menée par la macronie à l’égard de la jeunesse ces cinq dernières années : baisse des APL, RSA conditionné et renforcement de la sélection à l’université. Pendant le confinement, Macron a passé son temps à cracher à la figure des jeunes, invités à « être patients » le temps que les facs réouvrent. La seule promesse de ce gouvernement : des jobs précaires au travers de la plateforme « un jeune, une solution », avec pour objectif de faire des jeunes une variable d’ajustement du marché du travail.

Sa réforme des retraites est dans la continuité de ce projet pour notre avenir : travailler toujours plus avec des salaires misérables pour enrichir le patronat. Les profits du CAC40 ont atteint 72,8 milliards au dernier trimestre de 2022, mais il n’y aurait pas d’argent pour permettre ne serait-ce que des repas à 1 euros pour tous les étudiants ? Évidemment, personne n’y croit.

Par contre, il est évident que le gouvernement n’a aucunement l’ambition de lâcher quoi que ce soit pour améliorer nos conditions de vie et d’études. Il y a donc urgence à lui imposer des revendications contre la précarité étudiante dans la mobilisation contre la réforme des retraites qui continue à se structurer dans les facs et les lycées. Une jonction qui a déjà commencé à émerger dans plusieurs universités, comme à Marseille ou à Tolbiac, où les étudiants présents dans les Assemblées Générales ont adopté la revendication d’un revenu étudiant. Dans les facs de Strasbourg où à Albi, les jeunes mobilisés ont également organisé des actions comme des « RU gratuit » pour dénoncer la précarité étudiante.

Dans un moment où l’entrée massive de la jeunesse dans la bataille pourrait permettre de bouleverser la dynamique actuelle de la mobilisation, se doter d’un programme plus large est un moyen d’organiser toujours plus d’étudiants dans le mouvement. D’autant plus qu’en construisant un rapport de force plus conséquent contre le gouvernement, il est possible d’obtenir bien plus que le retrait de la réforme, ou même les repas à un euros. Construire une mobilisation d’ampleur pourrait permettre d’imposer des revendications ambitieuses pour en finir avec la précarité dans la jeunesse comme l’indexation des salaires sur l’inflation ou un revenu étudiant financé par les grandes fortunes.

Au moins, ce que clarifie ce vote à l’Assemblée Nationale jeudi, au-delà du mépris du gouvernement pour les jeunes, c’est l’impasse de la stratégie des tractations parlementaires pour résoudre en profondeur la précarité étudiante. La seule méthode viable pour réussir à imposer à Macron et aux patrons des conditions de vie dignes pour les jeunes, c’est celle de la construction d’un mouvement étudiant massif, au côté du monde du travail. Une perspective qui doit s’inscrire dans le mouvement actuel et dans les appels à ce qu’il se radicalise.


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Erell Bleuen

Twitter : @Erellux

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