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Profiteur de crise

La crise ? Pas pour Shell, qui double ses profits et atteint 42,3 milliards de dollars en 2022

À l’image de l’ensemble des multinationales pétrolières et gazières, Shell a réalisé des profits historiques en 2022. Ce sont plus de 40 milliards de dollars qui ont ainsi été réalisés sur le dos des travailleurs, des populations du monde entier et de la destruction de l’environnement.

James Draoust

3 février 2023

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Pas de crise pour les géants du pétrole !

En plus d’un rebond post-Covid 19 de la demande en hydrocarbures, les multinationales de l’énergie ont largement profité de la guerre en Ukraine, notamment du désengagement occidental des hydrocarbures russe, pour augmenter leurs exportations en faisant gonfler les prix et les parts pour leurs actionnaires par la même occasion.

Dans ce sens, la multinationale britannique Shell a annoncé dans son bilan financier annuel des profits de 42,3 milliards de dollars sur l’année à la fin du quatrième trimestre. Du jamais vu en 115 ans d’existence. Durant cette année, Shell a ainsi plus que doublé ses profits par rapport à 2021. L’entreprise a d’ailleurs déjà prévu de rémunérer abondamment ses actionnaires avec une augmentation de 15 % des dividendes mais aussi un plan de rachat d’actions à hauteur de 4 milliards de dollars.

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De la même manière, les multinationales américaines Chevron et Exxon Mobile ont annoncé des profits historiques, respectivement de 36,5 et de 55,7 milliards de dollars, eux aussi doublés par rapport à leurs exercices précédents. TotalEnergies et BP doivent annoncer prochainement des chiffres qui devraient suivre la même tendance.

Des records de profits sur le dos des populations du monde entier

Parallèlement à cette annonce, Shell se trouve directement confronté à une partie de la population sur laquelle s’est construit ces immenses profits avec près de 14 000 nigérians qui ont attaqué la multinationale pour destruction environnementale à la cour suprême de Londres. Les populations du delta du Niger accusent la firme d’avoir dégradé irréversiblement leurs conditions de vie après 80 années d’exploitation dans la région. Pendant toutes ces années, la firme aurait déversé d’importantes quantités d’hydrocarbures dans le delta, polluant gravement les eaux et les terres agricoles environnantes. En conséquence, la population fait aujourd’hui face à de graves problèmes de santé et des taux de mortalité infantile très supérieure à la normale.

Un exemple parmi une multitude des destructions engendrées par les géants de l’industrie fossile, la plupart du temps dans les pays sous domination, pour extraire du sol toujours plus de profits. Loin de se cantonner aux pillages et aux pollutions des territoires, les hydrocarbures nourrissent tout autant les actionnaires que la crise climatique : en 2020, Shell révélait ainsi avoir envoyé plus de 1,3 milliards de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère durant l’année. Si l’on reprend l’estimation de l’économiste Daniel Bessler, qui estimait dans la revue Nature que l’émission d’un million de tonnes d’équivalent CO2 en 2020 condamnait 226 personnes à mourir des conséquences du réchauffement climatique d’ici à 2100, Shell condamne ainsi au bas mot environ 300 000 personnes par ans à mourir pour ses seuls profits.

Par ailleurs, la hausse des prix de l’énergie entraîne aussi une crise inflationniste importante dans de nombreux pays. Au Royaume-Uni, la hausse des factures pourrait atteindre plus de 50 % en avril. Une situation intenable pour la plupart des travailleurs du pays, qui se sont lancés dans une grève historique, contre l’inflation et la volonté du patronat de nous faire payer les crises énergétiques et climatiques ainsi que toutes leurs conséquences. De façon similaire en France, la bataille contre la réforme des retraites met en avant le rôle des profiteurs de crise, et du patronat-pollueur, largement en faveur de cette réforme.

La convergence de leurs intérêts devrait nous faire réfléchir aux nôtres : face à un patronat et à une classe politique qui voudraient non seulement nous faire travailler plus et plus longtemps, mais également pour cela détruire toujours plus la planète, cette bataille est l’occasion d’imposer une défaite importante et de construire un combat conjoint contre la vie de misère qu’ils nous réservent et les destructions environnementales qu’ils engendrent. Pour cela, il nous faut porter une écologie qui refuse les demi-mesures et s’allie avec les travailleurs pour lutter contre ce patronat-pollueur et profiteur de crise, et le gouvernement qui les sert, et porter la perspective de l’expropriation de ces derniers.


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