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Ubérisation

La colère monte chez les livreurs de Deliveroo

Après l’annonce par l’entreprise de la suppression des anciens contrats et la généralisation du travail à la tâche les livreurs de Deliveroo ne décolèrent pas.

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L’entreprise pensait avoir bien calculé son timing, au milieu de l’été au moment où les commandes sont au plus bas, et que beaucoup de livreurs sont en vacances, elle a fait savoir par un simple mail à plus de 1000 livreurs que leur contrat prendrait fin début septembre. Deliveroo remet en cause les anciens contrats qui garantissent 7,50€ minimum de l’heure auxquels s’ajoutent 2 à 4 euros par commande effectuée. Obligation pour eux, s’ils veulent continuer à travailler, d’accepter le nouveau contrat auquel sont déjà soumis la majorité des livreurs, 5,75 €, à Paris, et 5 €, pour le reste de la France, par commande. Un retour aux conditions de travail du dix-neuvième siècle, où les employés sont entièrement payé à la tâche. Cela équivaut à une baisse de 15 à 30 % du revenu des livreurs.

Derrière ce changement se cache une généralisation du travail à la tâche et par là une massification d’une astreinte au travail non payé. Lorsqu’il n’y a pas de livraison le livreur doit rester connecté, équipé et prêt à travailler gratuitement. Cela fait suite a une dégradation progressive de la rémunération et des conditions de travail. Les primes week-end et pluies ont par exemple, de fait, disparu.

Ces changements viennent s’ajouter aux désavantages inhérents au statut d’auto-entrepreneur : pas de congés payés, ni de cotisation chômage, retraite ou sociale. Aucune garantie d’heure de travail, et donc de salaires minimum. Les réparations du matériel et différents frais sont également à la charge des livreurs. Autant de désavantages qui ont de plus en plus de mal à compenser la possibilité de choisir ses horaires, raison pour laquelle la grande majorité des livreurs acceptent ces conditions de travail.

Pour garantir ses marges, l’entreprise Deliveroo exploite encore davantage ses livreurs qu’elle considère comme jetables et corvéables à merci. Il y a fort à parier que ce ne soit pas la dernière offensive contre les rémunérations dans l’entreprise. Une fois ces anciens contrats passés aux oubliettes, plus rien ne l’empêchera de réduire le prix de la course pour tous les livreurs. Voilà ce que signifie concrètement l’ubérisation que Macron appelait de ses vœux durant sa campagne électorale.

Mais les livreurs ne comptent pas se laisser faire, à Bordeaux et Lyon ils se mobilisent actuellement. En Angleterre, en Italie, mais aussi en France comme à Nice ou même Marseille les livreurs ont déjà réussit à faire plier l’entreprise. C’est maintenant Paris qui entre dans la bataille avec un rassemblement de protestations contre cette offensive patronale et pour l’augmentation des rémunérations. Le CLAP (Collectif des Livreurs Autonomes de Paris) appelle les livreurs, toute plateforme confondues, vendredi 11 août à 19 heures pour un rassemblement suivi d’une action. Une première étape pour reconstruire une conscience collective du travail, une conscience de classe, dans un secteur atomisé dans lequel tout est mis en place pour réprimer le moindre élan de résistance et d’organisation.

Crédits photo : AFP


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