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Comprendre la politique de la SNCF : moins de personnel pour moins de sécurité

La SNCF veut supprimer massivement les contrôleurs à bord des trains

Tout usager aura une anecdote à raconter : un train en retard, une agression, un incident, un accident ou désagrément quelconque, voilà le quotidien de beaucoup d’entre vous. Que celles et ceux qui n’ont pas vécu ces situations me jettent le premier rail ... La direction SNCF, les Régions et bien évidemment l’Etat ne sont pas aveugles face à ces réalités. Pour autant, rien ne les détourne de leur objectif actuel : la suppression de la présence des contrôleurs à bord des trains. Cette décision étant motivée par le besoin évident de la réalisation « d’économie drastique », projet entériné aujourd’hui par la Direction de l’Entreprise. Correspondants cheminots

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EAS, ANS, ESV... Que peut bien signifier tout ce charabia ?  
 
Synthétisons vulgairement. Pour qu’un train puisse circuler dans de bonnes conditions il faut : 

  •  des agents dans les gares (aiguilleurs, guichetiers, agents d’escales, ...)
  •  des agents de maintenance
  •  un accompagnement à bord des trains (Contrôleurs) 
  •  des conducteurs

    Enfin ça, c’était il y a une quinzaine d’années et encore, car du personnel dans les gares (Exception faite des grandes Gares), on ne peut pas dire qu’il en reste encore beaucoup. Aujourd’hui, la SNCF passe à l’étape supérieure. Dans une volonté de rentabilité financière, elle va supprimer la présence des contrôleurs à bord de certains trains, et cela sans limite de distance ni de contexte géographique. C’est ici qu’intervient l’EAS, entendez « Équipement Agent SEUL » soit, un seul agent dans le train à savoir le conducteur. De plus en plus de régions optent pour ce mode de fonctionnement au détriment du personnel SNCF et surtout des usagers. 
    L’ANS, « Accompagnement Non Systématique », est une variable d’ajustement, ainsi qu’une manière "douce" de faire rentrer l’EAS dans les mœurs. Selon les nécessités de service, la présence d’un contrôleur pourra être requise un jour donné mais il sera absent le lendemain. En somme, je déshabille Paul pour habiller Pierre, quant à Jacques il fera ce qu’on lui demande. On aura donc compris que le seul mot d’ordre de la direction : faire des économies au détriment de la sécurité des circulations, et du service public. Et si cela veut dire casser l’emploi, les conditions de travail et détériorer le quotidien des usagers, cela n’a pas l’air de poser problème à la direction, tout au contraire !

    ESV ou comment satisfaire la mise en concurrence.

    Les Établissements Service Voyageur ( ESV ) ont de quoi faire réfléchir. Dans la droite ligne du président de SNCF-Réseau et de ce que Pepy a annoncé, la mise en concurrence de la SNCF n’attendra pas les opérateurs privés, mais se fera au sein même du groupe SNCF, et l’ESV est là pour ça. Un service clé en main à offrir aux opérateurs relevant du droit privé (soit les filiales de la SNCF dans un premier temps) regroupant les contrôleurs, agents d’escale, et parfois les conducteurs. Une polyvalence imposée telle qu’un agent d’escale se verra confier le contrôle d’accès aux trains, aux contrôleurs un peu tout et n’importe quoi, et aux conducteurs de faire ce qu’on leur dit. Le tout sans formation réelle, sans déroulé de carrière et surtout en alignant les qualifications par le bas. Dans toutes les régions où cela fut mis en place c’est une disparition des résidences contrôleur, donc de la mise en place de l’EAS et des conséquences sur la sécurité. Le tout étant à terme à vendre ligne par ligne à Keolyis, trankeo et autre filiale de la SNCF et aux opérateurs privés.

     Les cheminots ne restent pas indifférents, mais il faut unifier nos forces !

    De nombreux salariés, par le biais des CHSCT ou de leurs rapports avec la hiérarchie, tout comme les associations d’usagers, n’ont de cesse d’alerter les autorités compétentes sur la dangerosité de faire circuler des trains sans personnel d’accompagnement à bord, ainsi que sur la désertification des gares. Dans les régions où les dispositifs d’EAS et d’ANS ont été ou se mettent en place, les réactions furent nombreuses (Indre et Loire, PACA, Lille, Toulouse, Bordeaux pour ne citer qu’eux).
    Malheureusement, pour unique et seule réponse, la Direction de la SNCF soigne ses agents par un acharnement éco-managérial qui se traduit par des mises en demeure ou des sanctions de conducteurs estimant que les conditions liées à la circulation ne respectent plus le principe de Sécurité pourtant dû à l’usager. De plus nous voyons une pression sans cesse accentuée contre la fraude (augmentation du tarif des PV, mise en place d’objectif individuel ou d’équipe) qui ne coïncide pas avec les moyens humains mis en œuvre ou tout principe de précautions pour un agent se retrouvant seul. 

    Dès demain lorsque les trains circuleront avec un conducteur pour unique interlocuteur de l’usager, combien de représailles, d’agressions ou de vengeances gratuites sur un agent se retrouvant seul ? Combien de dégradations de matériel ou d’incivilités quotidiennes ? Combien d’usagers qui n’auront personne à qui s’adresser en cas de problème ?

    Nombreux sont les Cheminots qui tentent pourtant d’empêcher la mise en place d’un service des Transports public au rabais, mais force est de reconnaître que la seule force capable de faire reculer la direction et imposer de meilleures conditions de transport est celle des cheminots et usagers ensemble. Le soutien des usagers et de leurs associations, en définitif principaux acteurs concernés, serait une aide précieuse pour inverser la vapeur. Pour appeler à la prise de conscience générale d’une situation déjà fortement dégradée, nous devons tous ensemble nous poser la question suivante : Dans quelles conditions souhaitons nous voyager à l’avenir ?


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