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LREM et LR proposent aux travailleurs d’offrir des jours de congés aux soignants

Les élus de la République en Marche proposent aux personnes qui souhaitent « faire plus qu’applaudir les soignants », de leur offrir leurs jours de congés, transformables en chèques vacance. Une mesure indigne, quand une nouvelle fois les travailleurs doivent se partager les miettes.

Mica Torres

12 mai 2020

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Crédit photo : AFP

Depuis le début de la crise, les personnes confinées ont pris l’habitude d’applaudir les soignants en signe de reconnaissance de leur travail pendant la crise. Beaucoup de soignants très critiques de leur « héroïsation » avaient répondu en affirmant que bien plus que des applaudissements, ils avaient un besoin urgent de moyens. Ainsi, ces revendications ont commencé à être reprises sur les balcons, avec des affiches réclamant des moyens pour l’hôpital public, de meilleures conditions de travail pour les soignants et parfois plus largement pour tous les travailleurs en première ligne.
Les députés de la majorité plutôt que de prendre acte de ces revendications et de proposer en conséquence des réponses à la hauteur, ont l’air de vouloir se servir des envies de solidarité pour faire se détourner le regard et permettre de désamorcer la colère à moindre coût.

Ainsi, 100 députés LREM ont déposé une proposition pour permettre aux salariés qui le souhaitent de ne pas prendre leurs congés payés et de les liquider sous forme de chèques- vacances pour les soignants. Certains élus républicains avaient déjà soumis cette idée et avaient déposé une proposition en ce sens le 22 mars. Ce matin Muriel Pénicaud a jugé la proposition très intéressante.

"Les vacances des héros » financées par les miettes des travailleurs

Nous ne nous attendions pas à autre chose de sa part, en plus de détourner les regards sur les nécessités de financement de l’hôpital public et la colère des soignants, il s’agit d’orienter ces sommes pour des dépenses pour relancer le secteur du tourisme, qui aura du mal à retrouver de la vigueur dans les prochains mois ; on fait ainsi d’une pierre deux coups. Le tout avec un cynisme délirant puisque ce serait aux travailleurs de financer « ces vacances » à l’heure où un impôt sur les grandes fortunes est plus nécessaire que jamais.

C’est aussi le moyen de faire passer la pilule quant aux congés et RTT que les soignants n’ont pas pris pendant la période de la crise et qui seront très difficilement rattrapables au regard du manque de personnel dans les hôpitaux. Une opportunité pour atténuer la colère sans mettre la main à la poche. Une proposition pourtant tellement dérisoire quand les soignants ont dû faire face, seuls ou presque, sans équipement, masques ou test à une pandémie d’ampleur historique.

Cette proposition s’inscrit dans un contexte où aucune mesure sociale d’ampleur n’est envisagée pour les soignants et travailleurs en première ligne, quand la casse l’hôpital public se poursuit. A défaut d’une revalorisation des salaires, de la mise en place de moyens adaptés, ou encore de moyens de protections, il s’agit de verser des primes à droite et à gauche, en limitant bien sûr le nombre de personnes pouvant y avoir accès. Encore et toujours, aucun débat sur la possibilité d’un impôt exceptionnel sur les grandes entreprises ou les grandes fortunes n’est ouvert.

Cette initiative s’inscrit encore dans un esprit de nivellement généralisé par le bas des conditions de vies et de travail. Les congés payés ne représentent aucunes charges pour l’Etat, ni les entreprises puisqu’ils sont déjà provisionnés. Quoiqu’il arrive il ne faut pas modifier les paramètres du système permettant aux capitalistes de faire du profit, quand il revient aux travailleurs de se partager les miettes. Aucun chèque vacances ne pourra compenser risques et angoisses vécus lors de cette période exceptionnelle, quand l’hôpital public est à la dérive et que c’est aux travailleurs de payer pour faire avaler la couleuvre d’une politique dont ils ne sont pas responsables. Une mesure indigne dont les élus LREM et Les républicains revendiquent avec force l’exclusivité de la paternité.


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